Le Canada a finalement signé vendredi une version modernisée de l’ALENA avant d’avoir obtenu une levée des tarifs américains dans l’acier et l’aluminium.
Ottawa laissait courir la rumeur, jeudi soir, que Justin Trudeaupourrait se faire remplacer par sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, à la cérémonie de signature du lendemain matin en marge du sommet du G20 à Buenos Aires, en Argentine. Le premier ministre canadien s’est toutefois présenté à la tribune aux côtés des présidents américain, Donald Trump, et mexicain, Enrique Peña Nieto, au terme d’un an et demi de négociations houleuses marquées par « plusieurs attaques et quelques injures », a résumé le chef de la Maison-Blanche, très fier de son nouvel accord, « qui va changer le paysage commercial pour toujours ».
« C’est pour cela que je suis là », a expliqué un Justin Trudeau moins enjoué, pour qui « la nouvelle entente lève la menace d’une grave incertitude économique [qui] aurait été beaucoup plus dommageable ». Cette avancée, a-t-il ajouté à l’intention de son voisin américain, nous donne « encore plus de raisons de continuer à travailler afin de lever les taxes douanières sur l’acier et l’aluminium ».
Les trois pays ont fignolé jusqu’à la dernière minute les détails de l’entente de principe conclue à la fin septembre pour remplacer l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en vigueur depuis 1994 et considéré par Donald Trump comme « le pire traité commercial jamais signé » par les États-Unis.
Le Canada se réjouit aujourd’hui de l’ajout de nouvelles dispositions plus en phase avec la réalité économique ainsi que d’autres censées mieux protéger l’environnement et les droits des travailleurs. Il se félicite surtout d’avoir su désamorcer plusieurs exigences de Donald Trump jugées extravagantes, d’avoir conservé l’exception culturelle et le recours à un mécanisme d’arbitrage contre les États-Unis ainsi que d’avoir obtenu une forme d’exemption des éventuels tarifs douaniers américains dans l’automobile.
L’une des principales concessions du Canada a été faite dans son système de gestion de l’offre dans le lait, la volaille et les oeufs, sous forme de quotas d’importation supplémentaires et d’un plafonnement de ses propres exportations de produits laitiers. Il ne reste désormais plus, disent les producteurs, qu’à espérer qu’Ottawa respectera sa promesse de les dédommager « complètement et justement » pour les pertes de revenus infligés par les dernières ententes commerciales.
Le nouvel accord doit maintenant être ratifié par les Parlements des trois pays. Cela ne devrait pas poser de problème au Canada et au Mexique, estiment la plupart des experts, mais pourrait être plus compliqué au Congrès américain, où Donald Trump vient de perdre sa majorité républicaine à la Chambre des représentants.
Très content depuis deux mois de pouvoir dire qu’il avait remplacé le « désastreux » ALENA (NAFTA en anglais) par un nouvel Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC ou USMCA en anglais), le président américain a pu constater vendredi que ses partenaires avaient décidé de rebaptiser l’entente chacun à leur manière, le Mexique optant pour le traité Mexique–États-Unis–Canada (T-MEC en espagnol) et le Canada choisissant Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM ou CUSMA en anglais).
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