On l’apprenait récemment, Santé Canada a décidé de suspendre, pour cause de pandémie, l’obligation de l’affichage bilingue pour certains produits.
Cela n’a rien d’anodin.
Les faux pragmatiques nous diront que cette décision est nécessaire pour sauver des vies. La santé publique exige le sacrifice du français. On y reviendra quand la vie sera tranquille.
Foutaise ! Cette scandaleuse démagogie diabolise ceux qui réclament simplement de vivre dans leur langue. Mais elle n’est pas vraiment surprenante.
Démagogie
Car cela fait des années que de mille manières, le Canada anglais exprime son rejet de plus en plus assumé du bilinguisme officiel.
Le français est, au mieux, un charmant bibelot qu’on affiche publiquement pour se différencier des Américains, au pire, une exaspérante trace du passé qui pèse exagérément sur les anglophones.
C’est presque logique. Le Canada a refusé de reconnaître, au cours des dernières décennies, le principe des deux peuples fondateurs.
La loi sur les langues officielles était une concession circonstancielle au Québec à un moment où on craignait sa tentation indépendantiste. Ce temps est révolu.
Le Canada a plutôt fait le choix du multiculturalisme. Dans cet esprit, le Québec n’est pas une nation sur deux, mais une minorité parmi tant d’autres sous le signe de l’anglo-conformité.
Les droits collectifs du peuple québécois et du français sont traités comme des privilèges injustifiés.
Mépris
Dans un pays où Justin Trudeau baragouine le français et où plusieurs figures majeures du gouvernement fédéral le voient comme une langue étrangère, il ne fallait plus qu’une crise pour que cette aversion rejaillisse.
La crise permet à ce penchant anti-français de se désinhiber. Plus ou moins consciemment, il en profite pour piétiner notre langue. Le mépris du français passe pour une marque élémentaire de bon sens.
Tel est le pays dans lequel nous vivons. Officiellement, il voudra probablement réparer sa faute. Mais il s’est révélé.