Le Canada complice

Afghanistan - torture, mensonges, censure et cafouillage


Selon une enquête menée par le quotidien torontois The Globe and Mail, plusieurs combattants transférés aux autorités afghanes par l'armée canadienne ont été maltraités. Le dossier du journal, fondé sur des entrevues avec une trentaine d'ex-détenus, est accablant. Certains des hommes interrogés affirment avoir reçu des chocs électriques. D'autres auraient été fouettés et battus. L'un d'eux affirme avoir été frappé pendant qu'il était suspendu par les chevilles. Plusieurs auraient passé des nuits dehors, à moitié nus, alors que le mercure chutait au-dessous de zéro.
Le comportement des soldats canadiens n'a jamais été mis en cause. Au contraire, rapporte le Globe, les ex-détenus rencontrés ont loué les méthodes respectueuses employées par les Canadiens. Cependant, ces Afghans se demandent si nos militaires savaient à quoi ils les exposaient en les remettant aux mains du Directorat national de sécurité, dont la réputation de cruauté n'est plus à faire.
Les faits rapportés par le quotidien restent à prouver. Toutefois, le dossier est suffisamment troublant pour que le gouvernement du Canada s'empresse de revoir sa politique en la matière.
La torture est aux antipodes des valeurs que prétend défendre le Canada par sa mission en Afghanistan. Dans son rapport sur l'affaire Arar, déposé l'an dernier, le juge Dennis O'Connor signalait : " Peu importe la raison pour laquelle on l'inflige, la torture constitue une atteinte si fondamentale à la dignité humaine qu'elle ne saurait jamais être justifiable juridiquement. "
Si des prisonniers remis aux autorités afghanes par les Forces armées canadiennes ont été torturés, le Canada en porte la responsabilité non seulement morale mais légale. Selon la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre, ceux-ci " ne peuvent être transférés par la Puissance détentrice qu'à une Puissance partie à la Convention et lorsque la Puissance détentrice s'est assurée que la Puissance en question est désireuse et à même d'appliquer la Convention. "
Hier, les partis d'opposition ont réclamé l'arrêt des transferts de détenus au gouvernement afghan jusqu'à ce que le Canada soit convaincu que ces prisonniers seront bien traités. L'idée vaut la peine d'être étudiée mais elle soulève d'autres inquiétudes. Le Canada construira-t-il un centre de détention permanent à Kandahar? Les militaires canadiens prendront-ils en charge l'interrogatoire des talibans? Quels moyens emploieront-ils pour les faire parler?
Le premier ministre Harper a répondu, comme à son habitude, en attaquant ses adversaires. Ce faisant, il n'a rassuré personne quant à l'importance qu'il attache aux révélations faites par le Globe.
Le gouvernement conservateur souligne qu'en vertu d'une entente conclue il y a deux mois, la Commission indépendante des droits de la personne d'Afghanistan s'est engagée à avertir l'armée canadienne si elle apprend qu'un détenu remis aux autorités afghanes a été maltraité. La Commission a mené l'an dernier des centaines d'inspections dans des prisons afghanes. Néanmoins certains, notamment Amnistie Internationale, doutent de sa capacité de s'acquitter à elle seule de la mission que vient de lui confier le Canada. D'autant que, comme la Commission elle-même le note, la protection des droits fondamentaux est rendue difficile par " l'absence de la règle de droit " et par " la culture d'impunité et d'abus de pouvoir " qui règnent en Afghanistan.
Le Canada ne peut prétendre défendre la démocratie en Afghanistan tout en fermant les yeux sur les actes de torture dont il se rend complice. Si le gouvernement Harper laisse cette situation perdurer, il nuira à la crédibilité d'une mission déjà impopulaire au Canada. Plus grave encore, il ternira la valeur du sacrifice des centaines de jeunes Canadiens qui combattent aujourd'hui pour ce qu'ils croient être une cause juste.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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