« You are the wind beneath my wings », chantait Bette Midler à son amie dans le drame lacrymal Beaches.
Traduction : tu es le vent sous mes ailes.
Grâce à toi, j’ai pu prendre mon envol. Je n’aurais jamais atteint de tels sommets si tu n’avais pas été là.
MERCI AU CANADA !
Le chef du Bloc Yves-François Blanchet, qui a une voix de stentor faite sur mesure pour les karaokés du vendredi soir, pourrait dédier cette chanson aux commentateurs et analystes canadiens-anglais.
Car soyons sérieux : si ce n’était de leurs attaques incessantes et mesquines contre la loi 21 et les millions de Québécois qui l’appuient, pas sûr que le Bloc (que l’on disait mort et enterré il y a quelques mois à peine) connaîtrait un tel succès aujourd’hui.
Certes, monsieur Blanchet, un communicateur redoutable, a livré une performance plus qu’honorable lors des débats des chefs.
Mais redonnons au Globe and Mail, à la CBC et au National Post ce qui leur appartient : si l’élite politico-médiatique canadienne-anglaise n’avait pas soufflé aussi puissamment sur les braises du nationalisme québécois, le feu n’aurait peut-être pas pris.
Ajoutez à cela deux chefs particulièrement anémiques, l’un (Trudeau) toujours pris dans les cordes et l’autre (Scheer), incapable de porter un coup fatal à son adversaire, et vous avez un Bloc qui paraît plus fort qu’il ne l’est réellement.
Comme on dit : il est puissant parce que les autres sont faibles.
Combien de gens s’apprêtent à voter pour le Bloc juste pour remettre le Canada anglais à sa place et lui dire de se mêler de ses affaires ?
CHANGEZ DE SUJET, SVP !
C’est d’ailleurs le gros défi d’Yves-François Blanchet dans le dernier droit de cette campagne : démontrer que voter pour le Bloc n’est pas juste un geste symbolique.
Que son parti, s’il a suffisamment d’élus, peut aller chercher des gains réels pour le Québec.
On dirait d’ailleurs que le chef du Bloc a hâte de parler d’autres choses que de la loi sur la laïcité (un sujet qui, pourtant, l’aide). Il trépigne, tape du pied...
Quelqu’un veut m’interroger sur l’environnement ? L’économie ? Les pensions de vieillesse ? N’importe quoi sauf les maudits signes religieux ! L’avenir du secteur de la cordonnerie ? Les bienfaits de la diète cétogène ? Le dernier match du Canadien ?
Savourons l’ironie de la situation.
En effet, comme m’a dit mon confrère Steve E. Fortin sur les ondes de QUB radio hier : « Habituellement, on dit que ce sont les souverainistes qui ne cessent d’instrumentaliser les questions identitaires à des fins électoralistes. Or, cette fois-ci, ce sont les Canadiens anglais qui ne cessaient de taper sur ce clou ! »
Observation juste.
C’est pourtant une loi aussi vieille que Sun Tzu et Machiavel : « Fesse sur ton ennemi, mais pas trop fort, car tu risques de le faire passer pour un martyr... »
RAVIVER LE FEU
Regardez ce qui se passe actuellement en Catalogne. À force de vouloir étouffer le mouvement séparatiste catalan, les autorités espagnoles sont en train de le rendre plus fort !
Certes, la situation n’est pas la même ici, loin de moi l’idée de faire un rapprochement...
Mais la leçon est la même : à force de souffler sur le feu pour l’éteindre, tu finis par le raviver !