Le parti québécois propose une Charte de la laïcité qu'il compte élaborer et faire adopter s'il forme le prochain gouvernement. Comme plusieurs l'ont noté, c'est un geste courageux, courage que n'a pas démontré le gouvernement libéral sortant, laissant sur la tablette le rapport Bouchard-Taylor et surtout, tous les débats citoyens qui l'ont alimenté. Bien sûr, il faut une solution aux multiples problèmes soulevés par la question des accommodements raisonnables, mais est-ce possible dans le cadre fédéral qui, bien qu'imposé au Québec unilatéralement, nous régit toujours.
Pour la majorité des Québécois, la religion est du domaine privé et la séparation des Églises et de l'État doit être clairement établie, de même que les principes de non-discrimination et d'égalité homme-femme. La laïcité s'impose. Elle a priorité sur les exigences de telle ou telle confession religieuse.
Malheureusement, le diable est dans les détails, ce qui a fait surgir ce concept de laïcité ouverte qu'on oppose à la laïcité en la décrivant comme fermée et, au Canada anglais comme xénophobe, raciste et j'en passe. Le crucifix ou pas ? Le voile ou pas ? Le kirpan ou pas ? Dans quels services publics et pour quels acteurs ? En situation d'autorité ou exécutants à l'abri des regards dans leurs bureaux ? Ce sont ces questions, secondaires, mais importantes pour certains citoyens, qui feront l'objet du débat à venir si le Parti québécois forme le gouvernement. Et là-dessus, on l'a bien vu, les indépendantistes vont se diviser joyeusement.
Peut-on y régler cette question actuellement? Je crois que non, car sur la laïcité comme sur bien d'autres questions, la démarche du Québec est totalement faussée par notre contexte provincial dans lequel, même les partis indépendantistes, semblent vouloir régler tous les problèmes sans en avoir nécessairement les moyens. Car même si le législateur québécois faisait des choix qui correspondent aux valeurs de la majorité de ses citoyens, les tribunaux et en particulier la Cour suprême du Canada trancheront, à travers des poursuites enclenchées par des citoyens dont les valeurs diffèrent de celles de la majorité. L'issue est en partie imprévisible, mais une chose est claire: elle sera dictée par le principe du multiculturalisme inscrit dans la constitution canadienne.
Pour vraiment régler cette question, il faut sortir du cadre légal canadien, adopter la constitution d'un Québec indépendant, y intégrer une Charte des droits amendée en fonction des valeurs majoritaires au Québec.
C'est de cela dont personne ne parle au cours de cette campagne et dont il faudrait parler. Ou peut-être veut-on faire la pédagogie de la souveraineté en se faisant dire encore une fois NON par le Canada anglais et sa Cour suprême? On connaît les limites de cette approche maintes fois expérimentée avec la Charte du français, la loi 101. Il me semble qu'on est rendu plus loin que cela. Une véritable pédagogie de l'indépendance consiste à situer nos solutions dans un contexte national plutôt que provincial. Sur ce plan, cette élection est une occasion perdue de nous faire vraiment avancer vers notre indépendance.
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