J’ai toujours été indépendantiste et je ne peux pas comprendre qu’un indépendantiste sincère cesse de l’être. François Legault est peut-être nationaliste mais il a surtout compris, voyant les déboires des libéraux, que pour voler le pouvoir au Parti Québécois il devait faire rêver la majorité francophone québécoise.
Sa stratégie a fonctionné parce qu’il y a encore trop de Québécois qui pensent que l’indépendance n’est pas nécessaire ou qu’elle est n’est possible. L’élection de Legault n’était pas une catastrophe dans les circonstances. Sa réforme de la loi 101 n’arrêtera pas le déclin du français et on ne peut pas s’attendre à le voir imposer des contraintes suffisantes à l’immigration. Par ailleurs, les réactions du Canada anglophones aux propositions de Legault démontrent à ceux qui en doutaient encore que la seule option à l’intérieur du Canada c’est l’assimilation. De plus, le retour de ces questions dans l’actualité pourrait raviver la flamme indépendantiste alors que les Québécois se rendent compte qu’ils sont une forte majorité à vouloir préserver leur identité. La CAQ pourrait être en train de paver la voie à un retour en force du PQ.
Si François Legault a toujours cherché le pouvoir c’est pour représenter son milieu, celui des gens d’affaires québécois. Le PQ a toujours eu le soutien d’une partie des gens d’affaires, qui espèrent tirer profit d’un gouvernement québécois nationaliste. Leur conception de la politique c’est que ce sont les entrepreneurs qui créent la richesse et que l’État doit les soutenir. C’est en contradiction avec la théorie économique de l’efficience des marchés qui implique que si une entreprise ne peut pas être rentable sans l’aide de l’État elle devrait disparaître. C’est pourquoi l’aide de l’État à l’entreprise privée devrait être exceptionnelle, justifiée par le contexte, le démarrage par exemple, et répondre à des critères bien définis. Les programmes québécois de développement économique élaborés dans les années quatre-vingt étaient bien structurés et ont permis de diversifier l’économique québécoise dans le même temps qu’on augmentait les budgets pour le développement des services publics.
On a dit que le ministre Fitzgibbon partait sans pouvoir réaliser son plan pour la reprise post pandémie. La réalité c’est qu’il n’y a pas de plan, seulement une enveloppe de plusieurs centaines de millions de dollars à distribuer à tous les entrepreneurs qui disent en avoir besoin et des dépenses de centaines de millions en infrastructures publiques alors que l’industrie de la construction est déjà en surchauffe. Même l’argent qui reste pour investir dans les services publics est largement dépensé dans le béton. Dans le contexte d’une forte concurrence internationale, la seule façon d’enrichir les Québécois c’est de déplacer des emplois vers des entreprises rentables en laissant fermer les entreprises qui ne le sont plus. Étant donné le plein emploi de la main-d’œuvre disponible, la volonté de la CAQ d’aider toutes les entreprises à grossir ne peut se concrétiser qu’avec l’apport massif de travailleurs étrangers. C’est pourquoi François Legault est maintenant embarrassé par sa promesse de réduire sensiblement les seuils d’immigration.
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