(Québec) Plusieurs experts s’interrogent sur la pertinence d’avoir une tablette à l’école secondaire.
Dans la Silicon Valley, aux États-Unis, les parents choisissent de plus en plus des écoles privées qui n’ont aucune technologie.
Peut-être savent-ils quelque chose que nous ne savons pas, a illustré la professeure Caroline Fitzpatrick, de l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse.
Environ une centaine de chercheurs sont réunis à Québec, lundi, pour participer au tout premier forum gouvernemental sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes.
En moyenne, les adolescents passent sept à huit heures par jour devant des écrans. « C’est beaucoup plus significatif que prévu », a déclaré Patricia Conrod, du Département de psychiatrie à l’Université de Montréal.
La chercheuse Tania Tremblay, du Collège Montmorency, s’est dite abasourdie de voir les écoles privées du Québec imposer la tablette, alors qu’il n’y a aucune étude qui a mesuré son impact notamment sur la dynamique familiale.
Selon elle, de plus en plus de parents se plaignent que cette dynamique familiale est devenue « très complexe ».
Le parent, dit-elle, se retrouve complètement « déboussolé » et hérite d’une « charge de plus ». Même si les adolescents utilisent la tablette pour étudier, ils sont distraits par toutes sortes de sonneries, avance-t-on.
Mélanie Henderson, pédiatre endocrinologue au CHU de Sainte-Justine, y est allée d’une anecdote personnelle : sa fille au secondaire lui a rapporté avoir cassé son iPad pendant son cours de gym.
« Est-ce que vraiment on utilise le iPad à sa juste valeur ? J’ai de sérieux doutes », a-t-elle déclaré.
Doit-on retirer son enfant d’une école qui impose la tablette, s’est demandé la directrice générale du Centre Cyber-aide, Cathy Tétreault, qui dit s’inquiéter pour la santé, la sécurité et la sexualité des jeunes.
« Je suis vraiment soulagée de ce que j’entends […] j’en tremble, a-t-elle relaté devant le groupe, en disant avoir longtemps été traitée d’“alarmiste ».
Mme Conrod a dit avoir observé une croissance du nombre d’adolescents aux prises avec des troubles anxieux, de la dépression et des idées suicidaires.
« Est-ce que le temps d’écran est lié à cette tendance ? » a-t-elle lancé.
Le forum de lundi réunit des experts. Une deuxième journée de consultations est prévue le 20 mars, cette fois avec des groupes communautaires. Le tout devrait éventuellement déboucher sur un plan d’action gouvernemental.