La soumission consacrée de la C.A.Q.

Chronique de Marc Labelle


Exister

La Coalition avenir Québec se défend d’être un parti fédéraliste, malgré l’adoption à son récent congrès du nouvel article 1 de son programme, qui l’engage à « assurer le développement et la prospérité de la nation québécoise à l’intérieur du Canada ». Au surplus, le chef François Legault s’est dit « fier d’être Canadien ».
La C.A.Q. veut le Canada comme pays, mais sans son régime politique. Comment dénoncer cette contradiction, qui cherche à nous enfumer avec un faux idéal ? Et cet élan (enthousiasme ?) du traître à lui-même ?
Le classique Discours de la servitude volontaire (1549) d’Étienne de La Boétie est éclairant. Voici quelques extraits pertinents pour expliquer et déjouer l’attitude de la C.A.Q. :
« Peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez enlever, sous vos propres yeux, le plus beau et le plus clair de votre revenu… Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens. » Traduction canadienne : les multinationales vous dépossèdent de votre économie et le gouvernement fédéral continue de voler la moitié de vos impôts sur le revenu.
« La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés dans la servitude. »
« Il est vrai de dire, qu’au commencement, c’est bien malgré soi et par force que l’on sert ; mais ensuite on s’y fait et ceux qui viennent après, n’ayant jamais connu la liberté, ne sachant pas même ce que c’est, servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n’avaient fait que par contrainte. »
Comment arrêter la perpétuation de cette habitude ? Par une conscientisation radicale : « Qui a le sentiment de son existence, sent le malheur de la sujétion et recherche la liberté. »
Le droit d’exister ou de vivre, plutôt que celui de survivre, devient alors un devoir irrésistible assumé par « tous pour chacun et chacun pour tous ». Cela est l’essence même de la république.
S’affranchir

La stratégie de canadianisation déployée par le régime fédéraliste d’inspiration monarchiste se résume ainsi : autrefois, il entretenait la peur économique chez les Québécois ; depuis le référendum de 1995, il les accuse de xénophobie.
La solution pour casser ce « mange-peuples » (terme d’Étienne de La Boétie) qu’est le pouvoir fédéral : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »
Le plan A, qui consiste à inciter le peuple québécois à opter pour son indépendance immédiate et entière, a été remisé par le nouveau chef du Parti québécois. S’il accède au pouvoir provincial en 2018, les militants du P.Q. doivent l’encourager à appliquer le plan B : arracher l’indépendance par morceaux. Par exemple, en arrêtant le soutien financier du régime en rapatriant à Québec tous les impôts sur le revenu, en conformité avec la Constitution canadienne de 1867. Ou en recourant à la disposition de dérogation (article 33) — véritable talon d’Achille — de la Constitution canadienne de 1982 pour lutter contre le multiculturalisme et le multiconfessionnalisme doctrinaires, et restaurer la Charte de la langue française.
Tout affranchissement, lent ou rapide, s’accomplit par des gestes de rupture.

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  Se voulant agent de transformation, Marc Labelle présente sur les valeurs et les enjeux fondamentaux du Québec des réflexions stratégiques, car une démarche critique efficace incite à l’action salutaire. Ses études supérieures en sciences des religions soutiennent son optique de penseur libre.





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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    16 novembre 2016

    Voici le texte de l'article 33 de la loi constitutionnelle de 1982 de Trudeau-père:
    « Dérogation par déclaration expresse
    33. (1) Le Parlement ou la législature d’une province peut adopter une loi où il est expressément déclaré que celle-ci ou une de ses dispositions a effet indépendamment d’une disposition donnée de l’article 2 ou des articles 7 à 15 de la présente charte.
    »
    Prenons l'article 2 pour voir si on peut accomplir envers cet article des gestes de rupture. Article 2: « Libertés fondamentales
    2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
    a) liberté de conscience et de religion;
    b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication;
    c) liberté de réunion pacifique;
    d) liberté d’association.

    Quant à la liberté de religion, il faudrait prévoir un paragraphe à elle réservée pour en préciser les limites de manifestation sur la place publique. Il faudrait aussi préciser que les religions sont subalternes à certains droits comme celui de l'égalité des sexes.
    Contrairement au multiculturalisme kanédiune, tous les droits et libertés individuels au Québec ne devraient pas être sur un même pied. Une hiérarchie des droits et libertés s'impose.
    Sans animosité envers les religions, l'État neutre et laïque se dissocie de toutes croyances religieuses lesquelles adoptent un comportement discret sur la place publique. Ainsi, serait rayée de la Constitution du Québec la mention en préambule de la loi constitutionnelle de 1982 qui précise que la présente loi respecte le principe de "la suprématie de Dieu".
    Dieu pour exister dans le coeur des humains n'a pas besoin de l'appui des États.
    Un autre geste de rupture des Québécois est de dénoncer comme étrangère à nos valeurs la loi constitutionnelle de 1982 de Trudeau-père pour laquelle loi le peuple du Québec n'a jamais été consulté. Un registre pourrait être mis sur pied pour recueillir les noms des citoyens du Québec qui refusent cette loi. Comme dans le cas des sondages scientifiques, les noms des personnes inscrites seraient gardés secrets mais pas le nombre. À suivre.