La rhétorique de Dominic Desroches

Tribune libre 2008


Il nous a bien manqué, le prof de philo d’Ahuntsic. Mais il est revenu,
tout aussi inspiré qu’au temps de son allégorie de la cage ou de
l’enfermement politique : L’animal sauvage mis en cage s’énerve, fonce,
pousse de façon erratique puis, s’il ne se calme pour évaluer le saut à
faire, le recul nécessaire pour s’évader, il s’affaisse, renonce, accepte
la pâtée du maître qu’il prend pour son ami et s’habitue à la cage… De
même le Québécois, qui s’est construit volontairement une réserve à
l’intérieur du Canada, s’habitue…
[M. Desroches nous parle maintenant de rhétorique comme qualité du
politicien->16104]. Comme tout se tient, la rhétorique ne nous éloigne pas tant
que ça de la Cage. Prenant pour modèle M. Obama et son discours du 18 mars
à Philadelphie, il rappelle que le Président élu excelle dans l’art de la
rhétorique, la capacité à convaincre par la parole articulée et
l’expression corporelle. En cela, il ne fait pas exception aux Etats-Unis
puisqu’en ce pays, il serait exclu qu’un ambitieux cherche à se faire élire
s’il ne maîtrise pas la capacité de s’exprimer facilement et clairement en
public. La formation de plaideur de l’avocat professionnel l’y prépare la
plupart du temps : convaincre en un bref laps de temps un jury.
L’éloquence, la rhétorique, on ne la retrouve pas également dans
l’expression écrite et orale. Nos politiciens érudits parfois s’avèrent de
piètres plaideurs. Il est un artiste écrivain qui ferait peut-être un
convaincant avocat de l’avenir du Québec, s’il se débrouille aussi bien
dans l’art oratoire que dans la littérature. Je parle de Hervé Fischer qui
vient de publier « Québec imaginaire et Canada réel, l’avenir en suspens
», chez vlb éditeur. À 25 ans d’intervalle, l’auteur a fait enquête auprès
des lecteurs de deux journaux du Québec pour recueillir les réflexions de
la population sur la question nationale. Il site abondamment les
participants. Exemple :
"Pour que vous sachiez qu’en dehors du Québec, tout un autre Québec
continue d’être vécu, rêvé et pleuré. Que plusieurs choix personnels
alimentent la réflexion nationale vers d’autres horizons. Que je suis là,
que d’autres dans ma situation sont là. Loin, cependant présents. Mais
présents pour encore combien de temps? Aidez-moi à revenir construire avec
vous. Convainquez-moi, assurez-moi que poursuivre la lutte en vaille encore
la peine. Prouvez-moi vos intentions. Je vous en conjure. Ne laissez pas
grandir mes désillusions au point de ne pouvoir en revenir.

Donnez-moi la main. Je prendrai la vôtre.

Geneviève Dorais Madison, Wisconsin, Etats-Unis

Réponse d’un lecteur : Quittez vite votre exil, on prend allègrement
votre place ici, Madame Geneviève Dorais"
Et l’auteur ne nous abandonne pas à son échantillonnage trop abondant. Il
complète son travail journalistique par de généreux éléments de
conclusion.
S’il ne doute pas que l’indépendance se fasse un jour, il nous laisse
pourtant devant diverses possibilités de relations que nous entretiendrons
par la suite avec le Canada et les Etats-Unis, à moyen et long terme.
Ainsi, élabore-t-il abondamment sur sa certitude de l’atomisation du Canada
après le départ du Québec. Les autres provinces devenant rapidement des
États américains, nous pourrions alors avoir du mal à résister tout seuls,
autrement qu’en une belle attraction touristique du type Louisiane.
C’est pourquoi il émet l’hypothèse que les 2 parties (Québec-ROC) sauront
trouver le moyen de s’unir(les pays européens d’après-guerre l’ont bien
réussi), non pas en une Confédération, terme trop émotivement chargé, mais
en une Union Nord-Américaine d’États Indépendants !
Bref, le philosophe Fischer démontre dans ce traité suffisemment
d’éloquence, maîtrise assez l’art de la rhétorique, pour nous vendre de
façon plus crédible, la Souveraineté-Association.
Par ailleurs, il est un autre philosophe qui a eu sa chance d’user de
rhétorique récemment au Québec mais … pourquoi a-t-il éprouvé tant de mal à
nous convaincre ?
Le professeur Charles Taylor, de l’Université McGill, co-président de la
Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, a vu son
savant rapport virtuellement tabletté par le gouvernement qui l’avait
mandaté. Or, nous apprenons dans le journalmtl du 11 nov. 08, qu’il vient
d’être décoré à Kyoto, au Japon.
On dit équivalent d’un prix Nobel, ce Prix Kyoto, qui honore le prof
Taylor pour avoir développé un modèle social permettant à des personnes
d’origines diverses de co-exister pacifiquement...
Qu’en penser ?… Rhétorique verbale faible ?… A beau… qui vient de… ?
L’autre dirait : « On jase là… »
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Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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