C’est avec émotion que j’ai annoncé que le Bloc Québécois reconnaissait la légitimité de la déclaration d’indépendance votée par le Parlement de la Catalogne, le 27 octobre dernier. J’ai aussi invité les gouvernements québécois et canadien à faire de même.
C’est un moment historique que nous vivons en ce moment ! Le peuple catalan a dit oui à son avenir, fièrement et clairement. Les menaces et les agissements répressifs de Madrid n’ont servi qu’à conforter les Catalans dans leur désir d’émancipation.
La Catalogne a quand même tenu un référendum et le Si ! l’a emporté avec 90 % des votes. J’ai été à même de constater la rigueur avec laquelle le tout avait été préparé. Les listes électorales avaient été déposées sur un « Cloud » et les électeurs pouvaient se présenter à un bureau de vote alternatif en cas de fermeture du leur. La déclaration du gouvernement espagnol, le lendemain, selon laquelle il n’y avait pas eu de référendum en Catalogne, n’est qu’un des nombreux dénis de démocratie.
La naissance d’un État
Avec la Déclaration d’indépendance votée par un parlement légitime, la République de Catalogne deviendra un jour une réalité malgré la répression inacceptable de l’Espagne.
Le processus suivi par le peuple catalan est légitime parce qu’il a été totalement démocratique et pacifique. Les Catalans ont parlé dans un référendum légal en vertu du droit catalan et légal en vertu du droit international. Le gouvernement espagnol, qui répète comme un mantra que le référendum catalan est illégal, et ceux qui le singent vont à l’encontre de la légitimité. La Constitution espagnole est illégitime en Catalogne.
Le parlement a entendu la voix du peuple et je souhaite de tout cœur que les pays membres de l’ONU, pour qui la démocratie doit primer, reconnaissent rapidement la nouvelle République de la Catalogne comme pays.
Nous étions plusieurs Québécois sur place le 1er octobre dernier et nous avons pu constater à quel point les Catalans étaient résolus à exercer leur droit de vote dans le calme et la sérénité. J’ai été émue et impressionnée par leur courage et leur détermination. Je me sens privilégiée d’avoir été à leurs côtés. Je suis revenue au Québec inspirée et encore plus déterminée à parler d’indépendance, partout, jusqu’à ce que l’on se donne aussi un pays à la hauteur de ce que nous sommes comme peuple. Viva Catalunya Libre!
L’Espagne dérape complètement
Après avoir frappé et brutalisé des citoyens dont le seul crime était d’aller voter, après avoir volé des urnes et des bulletins de vote, après avoir fait plusieurs prisonniers politiques dont des élus, des fonctionnaires et de simples citoyens militants pour la cause indépendantiste, le gouvernement espagnol en rajoute, le vendredi 27 octobre, en votant l’article 155 de la constitution visant à mettre sous tutelle la Catalogne.
En fait, le vote espagnol est arrivé une heure trop tard, l’indépendance de la Catalogne avait déjà été proclamée et, à partir de cet instant, seulement les lois catalanes doivent s’appliquer en Catalogne.
Qu’à cela ne tienne, le gouvernement espagnol pousse l’odieux encore plus loin en mettant à prix la tête des députés indépendantistes catalans, les accusant faussement de sédition, de rébellion et de malversation. L’Espagne fixe la caution à 100 000 $ par tête pour un total de 6,9 millions de dollars.
La légalité espagnole illégitime s’oppose à la légalité catalane légitime.
Des pays complices de la violence espagnole
Depuis le 1er octobre, je m’interroge franchement sur la valeur de tous les traités internationaux et de la signification d’être membre de l’ONU. Plein de beaux traités ont été signés par plein de pays qui se disaient démocratiques, pour la paix dans le monde, pour le respect des droits fondamentaux — dont celui de voter —, pour le respect du droit à l’autodétermination et contre la violence. Cependant, quand vient le temps de mettre en application les beaux principes, c’est l’intérêt du « boys club » qui prime et non celui de la démocratie et du pacifisme.
Non seulement aucun pays n’a dénoncé les violences du 1er octobre, mais, pire, des pays comme la France avec le président Macron, l’Allemagne avec Merkel ont appuyé l’Espagne unie et son président Rajoy qui utilise des tactiques aux odeurs franquistes. Même le Canada de Justin Trudeau qui se prétendait grand défenseur des libertés joue dans ce mauvais film. Pourtant le Canada a reconnu pas moins de 34 nouveaux pays depuis 1990 dont la République tchèque, le Soudan du Sud et le Kosovo, ce dernier n’ayant même pas tenu de référendum. Le Canada semble avoir la démocratie à géométrie variable…
Reconnaissance internationale
Déjà, en date du 30 octobre, soit seulement trois jours après la Déclaration d’indépendance de la Catalogne, l’Écosse et la Corse ont salué l’apparition du nouveau pays. Des États indépendants comme la Finlande démontrent une volonté de reconnaître la nouvelle République de Catalogne.
Il est de notre responsabilité internationale, de notre responsabilité pour la paix dans le monde de mettre de la pression pour la reconnaissance de ce nouveau pays et pour la condamnation des violences espagnoles.
Nous ne pouvons rester indifférents lorsque la démocratie est bafouée. C’est criminel. Et hautement dangereux.
Mais, ce que les Catalans ont démontré à la face d’un monde qui détournait le regard, c’est que le désir de liberté et de justice, et bien… c’est plus fort que la police et la violence ! La République catalane vivra!