Nous pourrions discuter longuement sur la pertinence du retour de Gilles Duceppe à la tête du Bloc québécois. Mais à quoi bon ? S'il en a décidé ainsi, c'est sans doute parce qu'il a la conviction de pouvoir être de nouveau utile à la cause qui nous tient à cœur. Mais quelles que soient ses motivations, il me semble que la moindre des choses serait de l'appuyer sans réserves au lieu de débattre à n'en plus finir de l'utilité de la présence du Bloc à Ottawa.
Car quel autre choix avons-nous, sincèrement ?
Voter conservateur ? libéral ? NPD ? Annuler notre vote ou refuser d'aller voter ?
C'est connu, la nature a horreur du vide ! C'est aussi ce que nous enseigne la géopolitique. Si NOUS refusons d'« occuper tout notre espace politique », comme le souligne Vigile, nos adversaires vont s'en charger sans la moindre hésitation et sans le moindre scrupule ! D'ailleurs, ils ont déjà commencé depuis longtemps et c'est loin d'être fini. Voulons-nous leur laisser le champ libre et les laisser piétiner nos droits jusqu'au jour où, peut-être, les Québécois choisiront de se donner un pays ?
Au fond, que nous importe de savoir qui formera le prochain gouvernement à Ottawa (qu'il soit minoritaire ou majoritaire) ?
Les conservateurs ont déjà fait amplement la preuve que le Québec ne figure pas parmi leurs priorités. On en viendrait presque à souhaiter que Harper et ses troupes soient réélus ! Au moins, avec eux, on sait à quoi s'en tenir : le Canada suit son petit bonhomme de chemin pendant que le Québec s'éloigne de plus en plus de ce pays dans lequel il ne se reconnaît plus, tellement les Québécois et les Canadians ont des visions du monde de plus en plus irréconciliables. Harper a au moins le mérite de déchirer le voile des illusions qui empêche encore bon nombre de nos compatriotes de voir que l'aventure canadienne est sur le point de se terminer...
Il en va autrement des libéraux et du NPD, deux partis centralisateurs à souhait. Justin Trudeau et Thomas Mulcair, qui s'efforcent tant bien que mal de marcher dans les pas de son arrogant paternel pour le premier et du sympathique Jack Layton pour le second, promettent aux Québécois qu'ils auront de nouveau droit au chapitre au sein d'un Canada placé sous leur gouverne respective. La belle affaire ! Avec eux, l'illusion est à son comble. Comme s'il y avait encore de l'espoir, pour les Québécois, d'influer sur la marche des affaires d'un pays qui a désormais appris à se passer d'eux ! La réalité toute simple est que libéraux et néo-démocrates ont désespérément besoin des votes des Québécois pour espérer déloger les conservateurs et s'installer au pouvoir à leur place. Et une fois qu'ils y seront – si jamais ils y arrivent ! –, ils continueront de faire comme ils l'ont toujours fait en considérant que le Québec est « une province comme les autres » qui n'a aucune faveur à espérer d'un pays qui a bien d'autres chats à fouetter que de prêter attention aux « jérémiades » d'un peuple qui, aux yeux des fédéralistes, n'est jamais satisfait de son sort de toutes façons.
Par ailleurs, annuler notre vote ou refuser d'aller voter, en pareilles circonstances, n'empêchera pas le bulldozer fédéral de tout niveler sur son passage. Ce serait le meilleur moyen, bien dérisoire, de nous priver de voix susceptibles de protester énergiquement chaque fois que le fédéral voudra empiéter sur les prérogatives des provinces. (Ne comptons ni sur Trudeau, ni sur Mulcair – et encore moins sur Couillard ! – pour le faire, au contraire: ils seront les premiers à applaudir !)
Bref, voilà le choix qui s'offre à nous et à tous les Québécois.
Jacques Parizeau nous a menés aux portes du pays – poursuivons son œuvre !
L'ombre de Jacques Parizeau plane désormais au-dessus du Québec. L'ancien premier ministre nous a menés aux portes du pays. Tout un peuple vient soudain de prendre conscience de l'immense héritage qu'il nous a laissé. Comme d'autres l'ont affirmé avant moi, la meilleure façon de le remercier et de lui rendre hommage, c'est encore de poursuivre son œuvre sans relâche, jour après jour, ici et maintenant, et pas seulement lors d'un hypothétique « Grand Soir » qui pourrait ne jamais venir si nous restons les bras croisés à attendre les fameuses « conditions gagnantes ».
De toute évidence, le départ de « Monsieur » fut l'occasion de susciter des réflexions profondes dans l'esprit de bon nombre de personnes. Jean-Martin Aussant et Gilles Duceppe, pour ne nommer qu'eux, sont assurément de ce nombre. Et ce n'est qu'un début, soyons-en convaincus. Ayons au moins la décence de nous en réjouir !
Avec l'arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ, la marche pour l'indépendance a repris de plus belle. Avec le retour de Gilles Duceppe à la tête du BQ, elle ne peut que s'accélérer. Un constat s'impose donc : les planètes ont commencé à se réaligner, les plaques tectoniques ont recommencé à bouger.
Je ne m'attends pas à ce que Gilles Duceppe fasse des miracles. Mais s'il peut brasser la cage du NPD et nous débarrasser de quelques « poteaux » inutiles tout en allant jouer les trouble-fête à Ottawa, ce sera déjà ça de pris. Et si, en prime, il peut contribuer activement à nous donner un pays en y préparant le terrain pour nous, ce sera encore mieux ! Car le moment venu, n'en doutons pas, le Bloc sera appelé à jouer un rôle historique important lorsque débuteront les inévitables négociations qui feront suite à l'accession du Québec au statut d'État souverain.
Les ennemis du Québec ont donc tout intérêt à vouloir la disparition du Bloc. Ne serait-ce que pour cette raison, notre devoir est de les empêcher à tout prix de voir leur vœu se réaliser. Leurs premières réactions à l'annonce du retour de Gilles Duceppe ne devraient pas nous tromper : ils craignent déjà de le voir bousiller leur plan de campagne ! Dans la mesure où M. Duceppe jouit d'une notoriété que n'avait pas Mario Beaulieu, je me réjouis à l'idée de voir le Bloc renaître de ses cendres et de savoir qu'il y aura d'intéressantes luttes à trois dans de nombreux comtés cet automne ! En attendant l'échéance électorale de 2018, nationalistes, souverainistes et indépendantistes devraient dès à présent se donner la main et appuyer Gilles Duceppe dans ses efforts pour briser le silence qui règne à Ottawa depuis que la vague orange de 2011 a fait taire les meilleurs de nos « défenseurs des intérêts du Québec ».
Par conséquent, de grâce, cessons de gaspiller notre temps et nos énergies à nous interroger ou à spéculer sur la pertinence du Bloc à Ottawa et passons dès maintenant à l'action ! Ne perdons jamais de vue que l'union fait la force. Seuls, Duceppe et PKP n'arriveront à rien. Il faut dépasser une fois pour toutes le stade de la pensée magique et des vœux pieux et avoir le courage de « se cracher dans les mains et de recommencer », comme le disait fort justement « Monsieur ».
Alors tout le monde sur le pont et, tous ensemble, mettons résolument le cap sur l'indépendance !
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