La pertinence du Bloc Québécois

Ou l'impertinence du Bloc Québécois pour les autres

Tribune libre

Plus que jamais ce Bloc québécois

Quel que dix ans après l’échec du lac Meech de 1982, Jean Lapierre, ex-ministre déçu du choix de Chrétien comme chef libéral, Lucien Bouchard, ex-ambassadeur du Canada en France déçu de Charest sous le règne conservateur de Mulroney, quelques fédéralistes déçus et quelques incontournables indépendantistes ont formé l’arc-en-ciel politique qu’était le Bloc québécois. J’y étais.

Il devait durer quelques printemps, mais il s’est étendu à plus soif. Certains le noient déjà. La clause crépusculaire de ce parti attendra son terme.

Vingt ans plus tard, on n’a jamais fait autant de Québec bashing. Et les non-francophones du Québec n’ont jamais changé de perception sur la pertinence de favoriser la construction d’un pays francophone en Amérique. La séduction de la majorité de nos nouveaux arrivants est encore à venir. Le poids politique des francophones décroît. On tente de cacher que le français comme langue véhiculaire est en perte de vitesse. La masse critique nécessaire à bâtir un pays s’effrite. Malgré cela, le gant de velours par nos élus était de mise avec la gent d’Ottawa.

Pendant ce temps, on apprend que le plan B des fédéralistes est enclenché depuis 1995 pour couler toute affirmation indépendantiste. Les chefs fédéralistes d’une nation à déconstruire, ont bien martelé leur langage de caractères gras et exploités les brèches du zigonnage, analyses et sondages à l’appui, le cap est gardé. Pire, on apprend il y a un an que des éléments de preuve, plus que crédible, affirment et confirment ce que René Lévesque avait dit, à savoir qu’un coup d’État a eu lieu au moment du rapatriement de la constitution de 1982.

L’approche constructive et diplomatique de nos chefs nationalistes avec les chefs fédéralistes depuis 20 ans devient un échec cuisant, une tromperie.

C’est clair comme jamais, le Bloc québécois a le devoir de l’histoire d’une nation à porter au loin. Les motifs d’hier, ceux de la constitution pas réglée, pas signée, ne se sont pas éteints. Sauf dans la mémoire collective que d’aucuns, chefs du plan B, n’ont permis de perpétuer. Le mutisme de ceux qui savent est d’or! Se réveiller de ces engourdissements est de toute urgence.

Il y a déjà une motion unanime de l’Assemblée nationale de faire la lumière en toute transparence. Un coup d’État c’est grave. De la plus haute gravité pour une nation qui se noie dans 2 % de l’Amérique.! De quoi mettre en berne notre fleurdelisé. Il est devenu incontournable de faire la lumière sur ce coup d’État. Il y a péril en la demeure et nous avons le devoir de vaincre l’indifférence feinte des parlementaires à Ottawa et ses haut-parleurs.

Le Bloc québécois a sa pertinence. Il doit être impertinent comme toute opposition avec dignité, toutes les questions de responsabilité en exclusivité du gouvernement canadien doivent être suivies de près pour la préservation de nos intérêts en tout temps et aussi en période de transition comme aucun parti ne sait le faire autant.

Quant à ceux qui parlotent à dire que le Bloc n’a pas de lieu, c’est un bon argument pour annoncer son enterrement avant l’heure. Des fois que la fausse primeur aurait un effet de contagion!

Je leur réponds que l’indépendance est un acte politique que ne se fait pas en vase clos. Le Bloc doit accompagner ce geste le temps nécessaire et suffisant. Respecter notre histoire c’est respecter les autres en se tenant debout.

Les élus au parlement canadien de l’un, dont ceux du BLOC québécois, sont nécessaires pour négocier, discuter, promouvoir et faciliter la transition en douceur aux premières loges. L’autre l’Assemblé Nationale, majoritaire dans sa volonté de bâtir ce pays du Québec est évidemment essentiel. C’est donc que ça prend les deux pour réussir la transition en douceur.

La politique de la chaise vide est désastreuse en démocratie. Le poids politique de deux majorités est indiscutable comme l’a démontré P. Trudeau. Imaginé le scénario du parlement canadien de gouvernance minoritaire avec le Bloc québécois comme opposition officielle à Ottawa pour discuter de l’avenir du Québec.
La stratégie de négocier doit toujours exister, mais jamais avant d’avoir établi un rapport de force. Inverser conduit à l’échec.

Quand les chefs de file du statu quo fédéraliste discréditent sans merci le chef du Bloc Québécois, monsieur Mario Beaulieu, ce n’est certainement pas pour reconnaître qu’à travers ses chefs, plusieurs inlassablement, par milliers, veulent bâtir un pays.

Alors, la pertinence du Bloc québécois, justement impertinente pour les autres.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juin 2014

    Bons points. J'ajouterais que la façon dont les journalistes font leur travail contribuent pour beaucoup au ridicule derrière le "sound bite" de l'impertinence du Bloc. Ils reprennent les mots mêmes utilisés par ses opposants, quand ils devraient plutôt les reformuler scrupuleusement dans un langage journalistique neutre.
    Sur la chaîne américaine PBS, il y a une émission hebdomadaire qui ne fait que regarder comment le journalisme a traité un sujet durant la semaine. C'est comme une police qui surveille la police. Super important. Le journalisme est ce qu'ils appellent le 4ième pouvoir, avec le judiciaire, l'exécutif et le législatif. Il doit rendre des comptes.
    L'éthique journalistique d'ici est très lâche. Les journalistes ne font que répéter les communiqués de presse qu'ils reçoivent. Très passivement. Pire encore, ils relayent les "sound bites" des stratèges en communication des partis. Si ça sonne bien, les médias le répètent volontiers aux auditeurs, sans bémol, sans filtre journalistique qui essait de garder une neutralité. Ils sont tristes à voir et devraient être critiqué beaucoup plus.
    Le Bloc a toujours été super important. Il le serait même s'il ne traitait aucun dossier, même si ses députés boycottaient le parlement une fois élus comme l'Irlande l'a fait à Westminster. Le texte "Un échiquier de 200 cases" sur Vigile résume super bien l'importance du Bloc.

  • Michel Blondin Répondre

    19 juin 2014

    Erratum.
    Le texte devrait commencer à Jean Lapierre. Le lac Meech est en 1987 et le rapatriement de la constitution en 1982.