La perquisition menée en juillet dernier par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) au siège social du Parti libéral du Québec devait avoir lieu en juin 2012, pendant que les libéraux étaient au pouvoir. Elle a toutefois été annulée pour des raisons « opérationnelles et organisationnelles », dont on ne connaît pas la nature.
C'est ce qu'indiquent des documents de la police obtenus par un groupe de médias, dont fait partie Radio-Canada.
Les documents, lourdement caviardés, révèlent également que la perquisition avait pour but de trouver des preuves dans un dossier de fraude, de production de faux documents et de financement illégal. L'UPAC s'intéressait plus précisément à une activité de financement de l'ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau, qui a eu lieu le 9 octobre 2008 au restaurant Louis-Hébert de Québec.
Dans la demande de mandat, la police indique vouloir obtenir:
les factures liées à l'organisation de l'événement,
la preuve de paiement,
la liste des invitées et des personnes qui se sont présentées au souper,
le rapport d'activités et les fiches de contributions remplies par les participants
et toute autre documentation pouvant servir à cette enquête policière.
C'est le même événement pour lequel le Directeur général des élections (DGE) a récemment déposé huit constats d'infraction contre cinq personnes, relativement à l'utilisation illégale de prête-noms pour faire des dons. Le DGE avait indiqué que l'activité de financement était au profit de Mme Normandeau. Cette dernière, mécontente que son nom soit associé à du financement illégal, avait réclamé des rectifications.
La perquisition au siège social du Parti libéral du Québec, réalisée dans la plus grande discrétion, n'a mené à aucune arrestation ou accusation pour le moment.
Pas d'ingérence, dit le PLQ
La directrice des communications du PLQ, Gabrielle Collu, a nié toute ingérence politique dans cette affaire, réitérant que le PLQ collabore pleinement avec l'UPAC et toutes les autres enquêtes policières en cours.
Interrogé sur les motifs pouvant expliquer ce report, le député libéral Gilles Ouimet a plaidé que les personnes ou organisations visées par des perquisitions ne savent pas qu'elles le sont tant qu'elles ne voient pas les enquêteurs débarquer.
« Il faudrait leur demander [à l'UPAC]. Mais moi, j'ai confiance en l'intégrité des enquêtes policières », a résumé l'ancien bâtonnier.
Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique, Robert Poëti, affirme pour sa part qu'il ne sait pas pourquoi les policiers ont décidé d'annuler la perquisition en 2012. « Les gens qui doivent répondre [sur l'annulation] sont les policiers, ce sont eux qui ont décidé de ne pas utiliser ce mandat-là, de ne pas s'en servir, je ne sais pas pourquoi. De faire des hypothèses sur cela est risqué, soyons prudents », prévient le député libéral de Marguerite-Bourgeoys, en ajoutant que si des gens du parti sont touchés dans cette affaire, « que les policiers aillent devant les tribuneaux, les gens concernés vont répondre de leurs actions ».
St-Arnaud ne commente pas, Khadir et Le Bouyonnec accablent Couillard
De son côté, le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, a refusé de se prononcer sur le dossier. « Je ne veux pas faire de commentaires là-dessus. L'UPAC travaille en toute indépendance », s'est-il contenté de déclarer dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
Pour sa part, le député de Québec solidaire, Amir Khadir a dénoncé le « manque de transparence maladif » du chef libéral Philippe Couillard dans le dossier des perquisitions au siège social de son parti et l'invite à s'expliquer sur « les manœuvres de son parti pour étouffer la vérité ».
Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d'économie, Stéphane Le Bouyonnec, a réagi en pressant le chef libéral Philippe Couilard de faire le ménage par rapport au « nuage noir » qui plane au-dessus du parti.
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