Chacun a été bouleversé par le sort tragique réservé à la petite martyre de Granby. Je ne reviendrai pas ici sur le détail de son histoire ou sur les défaillances du système de protection de l’enfance. Ce qui me hante plutôt, depuis quelques jours, c’est la question du mal.
Comment un homme et une femme peuvent-ils ainsi détruire une vie en lui infligeant les pires souffrances ?
Innocence
Comment peuvent-ils ainsi piétiner la figure de l’innocence qu’est un enfant en détresse, qui ne sera passé sur cette terre, finalement, que pour souffrir et mourir de la plus atroce manière, sans avoir eu un seul regard tendre, sans avoir connu le bonheur d’être aimé. On peut chercher un sens à cela. On ne le trouvera pas.
Le bien et le mal cohabitent dans le cœur de l’homme. Le travail de la civilisation consiste à mettre en valeur le premier et à étouffer le second. Mais chez certains êtres humains, le mal exerce une puissance quasi hypnotique. On aimait dire autrefois qu’ils étaient possédés. Le terme n’était pas si mal. Le sort de la petite martyre de Granby nous rappelle l’existence de la part maléfique et démoniaque de l’âme humaine.
La psychiatrie a fait d’immenses progrès au fil des ans. Elle nous permet de comprendre toujours un peu plus le cerveau et ses dérèglements. Mais elle ne saurait dissoudre complètement la question du mal dans celle de la maladie. On ne saurait faire de la responsabilité humaine une question strictement médicale.
Conscience
J’ose croire qu’au fond de la conscience humaine, il y a certains pôles moraux fondamentaux, que même l’esprit le plus dévasté peut repérer.
On ne maltraite pas un enfant. On ne le torture pas. On ne l’abandonne pas.
Ceux qui croient au ciel prieront pour la petite. Aujourd’hui, on aurait envie de s’agenouiller avec eux.