L'empire américain agonise sous nos yeux. Chaque matin, le monde entier se demande s'il va enfin aller mieux, s'il va se remettre debout et surtout s'il va cesser d'entraîner tous ceux qui l'ont fréquenté avec lui. On voit bien que c'est le coeur même qui a été touché. On le maintient en vie artificiellement, on lui injecte tout ce qui pourrait normalement lui venir en aide, on le veille 24 heures sur 24, on s'agite beaucoup mais le malade continue de dépérir.
Dans 100 ans, on écrira encore des livres pour expliquer ce qui s'est produit pendant quelques semaines au début du XXIe siècle et qui a changé la face du monde. On expliquera ce qu'était le «rêve américain» et peut-être pourra-t-on alors expliquer pourquoi il a disparu de la surface de la terre. Que seront devenus les États-Unis d'Amérique? Personne ne le sait en ce moment. On a plutôt l'impression que quelqu'un a lancé un plein seau de confettis dans les airs et qu'on attend de savoir où ils vont retomber.
George W. Bush a beau répéter qu'il a confiance, que les États-Unis ont déjà fait face à de grandes difficultés et qu'ils ont survécu à tout, personne n'a l'air d'y croire. Quand le candidat John McCain parle de la force des Américains et de la place de leader qu'ils doivent reprendre dans le monde, ça fait surtout sourire. Son adversaire Obama parle plutôt de sacrifices, de remise en question du rôle que les Américains ont usurpé sur la planète et de l'entraide qui va être nécessaire pour s'en sortir. À un mois des élections américaines, la déroute est totale.
La chute vertigineuse
Le monde entier est touché. La descente vertigineuse des Bourses de tous les pays fait frémir. Il est probable que les citoyens ordinaires n'ont pas encore commencé à réaliser ce qui allait leur arriver. À moins d'un véritable miracle, c'est tout un mode de vie qui vient de disparaître. Rien ne sera plus jamais pareil.
On a l'impression que ceux qui savent ne veulent pas parler. Ils nous ménagent. Il suffit de voir comment le premier ministre du Canada aborde la question pour comprendre qu'il a décidé de ne pas nous alarmer. Son sourire béat alors que le monde entier prend déjà des mesures pour protéger ses citoyens laisse perplexe. Ou bien il n'a rien compris à ce qui se passe sous ses yeux, ou bien il a décidé de faire passer son élection avant tout le reste. Il ne faut pas sous-estimer la capacité des politiciens à balayer sous le tapis un problème, même énorme, qu'ils ne veulent pas voir dans leur soupe quand leur réélection est en jeu et a pris toute la place.
Après l'ouragan
Quand l'orage sera fini et que le calme sera revenu, il faudra faire l'inventaire de ce qu'il nous reste. Ce sera un exercice difficile car nous avons tendance à nier la réalité et à tenter de nous convaincre que tout va finir par s'arranger.
Nous aurons beaucoup de questions. Il nous faudra des réponses. Comment, par exemple, cette tempête a-t-elle pu lever en quelques semaines sans que personne ne sonne l'alarme et qu'on puisse se mettre à l'abri? Pourquoi a-t-on laissé des pays du monde entier rentrer dans le mur sans les prévenir que l'orage arrivait? Ou si l'avertissement a été donné, quand l'a-t-il été et à qui? De quoi nos dirigeants ont-ils parlé au dernier G8? Seulement de la pluie et du beau temps?
Quel a été le rôle de George W. Bush dans cette affaire? Pourquoi cette terrible crise est-elle arrivée en pleine campagne électorale américaine, au moment où il commençait à paraître évident que le candidat républicain était en difficulté? Si McCain avait été en avance, aurait-on déclenché le tsunami ou aurait-on attendu qu'il s'installe à la Maison-Blanche en faisant semblant que tout était sous contrôle?
Quand on sait jusqu'où le gouvernement Bush-Cheney est allé dans le mensonge pour justifier son attaque en Irak, n'avons-nous pas raison de regarder d'un peu plus près la chronologie de la crise financière qui secoue la planète en ce moment? Se peut-il que pour empêcher un démocrate, noir de surcroît, d'accéder à la Maison-Blanche, on aille jusque-là?
Vous pensez que je délire? J'espère seulement que VOUS avez raison.
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