La Guerre est déjà là !

Géopolitique — nucléaire iranien

par Pascal Sacré - A en croire beaucoup d’auteurs de la blogosphère, la Coupe du Monde de Football 2010, le Mundial, détournerait l’attention des populations de toutes les horreurs projetées ou déjà commises par nos tyrans « élus ». Les oppresseurs « qui nous représentent » en profiteraient pour finaliser leurs plans diaboliques.

Au rang de ces horreurs, nous avons l’embarras du choix, mais ces auteurs veulent certainement parler des attaques sauvages menées contre les missions humanitaires qui tentent de briser le blocus inhumain imposé à Gaza (témoins oculaires de l'assaut israélien), ou plus généralement de l’épuration ethnique infligée sans pitié aux Palestiniens (Israël et Gaza) depuis toutes ces années, ou les roulements de tambour militaire qui se précisent en vue d’attaquer l’Iran1]-[2], voire d’augmenter la pression sur le Pakistan [3], ou le BPgate ([Derrière BP), la plus grande catastrophe écologique de tous les temps humains, ou encore l’effondrement économique en cours [4].

C’est vrai. En termes d’horreurs commises par l’homme, ou en projet, le choix est gigantesque. Tout cela ne date pas d’hier et parmi les dizaines de milliers d’exemples du pire dont l’humain est capable, qui se souvient seulement des Herero, ethnie africaine, cruellement massacrés dans l’indifférence générale, Mundial ou pas, dans une « guerre » asymétrique ignoble entre 1904 et 1908 [5] ?

Croyez-vous vraiment que le Mundial soit nécessaire pour détourner l’attention des populations ? Ou Roland Garros, Wimbledon, les jeux olympiques d’été, d’hiver, les courses automobiles, cyclistes, les combats de boxe avec ou sans ballon interposé, les remises de prix à des chanteurs, des acteurs ou des fraudeurs, les séries et jeux télévisés, le journal parlé de plus en plus vide d’informations et de vérité, les films de propagande à grand budget, les cartes à gratter, les billets de loterie et les mascarades électorales ?

Les nantis, les psychopathes, schizoïdes et schizophrènes que nous laissons nous gouverner, occupés à finaliser leurs projets, à mettre la dernière touche à leurs plans diaboliques et démesurés, ou tout simplement occupés à faire ce qu’ils savent faire de mieux : diviser, terroriser, opprimer, écraser, mentir, gagner de l’argent, coloniser, voler, piller, bombarder, assassiner, torturer, emprisonner, n’ont absolument pas besoin de la Coupe du Monde de Football 2010 pour y arriver.
La dérive sécuritaire, la discrimination tous azimuts, la dictature des idées, l’esprit guerrier et sectaire, l’intolérance, l’écrasement des plus faibles, le pillage des ressources, la manque de morale, d’éthique, d’honneur, la langue fourchue, la fraude érigée en routine par ceux-là même censés la pourchasser, la corruption et le parjure se déploient sous nos yeux indifférents, devant nos visages légèrement outragés pour la forme. Le Mundial et tous les dérivés ou distractions analogues, qui n’en sont pas la cause, exploitent sans l’excuser, la lobotomisation de nos sociétés nanties.

Contrairement à l’un de tous ces nombreux mythes qui nous aident à dormir tranquille, la nuit, nos sociétés ne doivent pas leur richesse à un mérite spécial lié à leur courage ou leur travail, à leur intelligence ou leur humanisme. Les soi-disant self-made men, qui auraient bâti leur empire à la seule force de leur poignet, sont en réalité des hell-made men.


« […] sans remonter au pillage de l’or et de l’argent latino-américain ni à l’esclavage, que seraient nos sociétés sans le pétrole bon marché, l’existence d’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci, à la fois ici (les immigrés) et là-bas, ainsi que sans cette forme d’aide du Sud au Nord qu’on appelle le service de la dette ?
Que seraient les rapports de classe sans l’immense armée de réserve constituée par les populations paysannes du tiers-monde constamment en voie de prolétarisation ?
[…] tout mouvement aspirant à un changement social véritable doit promouvoir une vue lucide du rapport Nord-Sud « réellement existant ».
Loin d’être un rapport de coopération, il s’agit d’un rapport d’exploitation impitoyable qui se perpétue grâce à toute une série de moyens de pression économiques et politiques mais qui est, in fine, basé sur un rapport de force militaire [6]. »


La guerre est déjà là, tout autour de nous. Le vent est invisible mais il existe, néanmoins.
Comme le vent, la guerre est partout, ouragans impossibles à ignorer dans certains endroits du monde, brise à peine perceptible dans nos contrées encore préservées. Avachis, entre ipod, ipad, écrans plats et autres consoles, préférant ou non regarder le football ou les journaux dans lesquels se côtoient silence et mensonges, ce qui est sûr c’est qu’une nouvelle guerre a commencé depuis 9 ans, déjà. Une guerre contre nous.

Cette guerre mondiale a commencé le 11 septembre 2001, après des préparatifs que la désinformation, déjà très perfectionnée il y a neuf ans, avait réussi à rendre invisibles aux populations, sans pour autant recourir au Mundial pour nous distraire.

« Des mois avant que le 11/09 se produise, les États-Unis avaient déplacé toute une armada militaire dans le golfe Persique prête à attaquer. Le lendemain du 11 septembre, les Talibans sont accusés de protéger et cacher Bin Laden en Afghanistan et comme par magie, l’invasion put être lancée dans les semaines qui suivirent. [7] ».

Cela a continué en 2003 (toujours pas de Mundial) avec le massacre des Irakiens déjà très opprimés, sur base de mensonges, avérés aujourd’hui. Cette guerre déclarée par les puissances est totale, dirigée potentiellement contre n’importe qui. L’ennemi n’est pas un territoire, un pays, un groupe identifié. Cette guerre est sans fin, sans but et sans principes. Cette guerre n’est pas pour la liberté, car elle empêche même des enfants de se déplacer dans leur propre pays : Alyssa, 6 ans, sur la liste des terroristes potentiels ! Cette guerre n’est pas pour faire triompher la vérité car tout débat critique, depuis, est étouffé, combattu et supprimé.

Ce n’est pas une guerre contre Oussama bin Laden (Sans nouvelles d'Oussama), ni contre les talibans, ni contre les musulmans extrémistes, ni contre les dictateurs religieux, mais une guerre déclenchée par les riches et les forts qui ont fait de toute contestation un crime, de toute révolte contre leur domination injuste une preuve de terrorisme. C’est une guerre de ceux qui ont tout, une minorité, contre tous ceux qui veulent que leur exploitation cesse. C’est une guerre de ceux pour qui l’environnement n’est qu’une source de profits contre ceux pour qui l’environnement est un lieu de vie, voire de survie.

Tout ne commencera pas avec le premier pied US ou israélien posé sur le sol iranien, avec le premier missile nucléaire dans le ciel européen [8], avec la première pluie de drones, légion de sauterelles mortelles, sur le dernier pays « terroriste » au menu du vautour anglo-saxon, avec les premiers flocons secs de l’hiver nucléaire tant redouté. Cela aura commencé bien avant. Un vent, peut-être invisible pour certains, mais qui existe néanmoins. Une guerre contre nous tous.

A tous les Herero du monde,
du passé, du présent, et de l’avenir tout proche.


Notes/Sources :

1] [Des navires états-uniens et des sous-marins nucléaires israéliens dans le Golfe Persique :
2] [Américains, Israéliens et Iraniens se font face à la frontière de l'Azerbaïdjan:

3] [Une attaque imminente contre le Pakistan et l'Afghanistan :
4] Pour RBS, [“le bord de la falaise est proche pour le système bancaire mondial” :
[5] Le commandant de la troupe coloniale, le général de division Lothar von Trotha […] « appliqua dès lors les méthodes d’une guerre d’extermination : non seulement il s’efforça de vaincre les Herero militairement, mais il les repoussa, au terme d’une bataille rangée, jusque dans le désert de Omaheke, où il occupa les points d’eau, condamnant ses adversaires à mourir de soif.
Cette stratégie fut aussi efficace que cruelle.
On rapporte que les malheureux tranchèrent la gorge de leurs bêtes pour en boire le sang et finirent par récupérer dans leurs entrailles les derniers restes de liquide. Ils moururent néanmoins. »
Les Guerres du Climat, Harald Welzer, Editions Gallimard nrf essais, 2009, pp.9-10
[6] Tous Pouvoirs Confondus, Geoffrey Geuens, Editions EPO, 2003, Préface, pp.10-11
7] [Le règne des désaxés, des dérangés et des déviants
8] [Israël pointe des têtes nucléaires vers l’Europe :
Articles de Pascal Sacré publiés par Mondialisation.ca


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