Les politiciens français ne sont pas des patriotes, mais des idéologues. Ce qui explique qu’ils n’aiment pas la France, mais la République. Qu’à une réalité charnelle ils préfèrent un concept abstrait. Qu’à notre histoire ils substituent un mythe, qu’à notre géographie ils aiment mieux celle du village mondial. Utopie, construction intellectuelle, nos cervelles d’énarques semblent n’utiliser leur intelligence que pour manier des idées, sans jamais les relier au réel, au monde sensible, à la vraie vie.
C’est ainsi que François Hollande, après tant d’autres phrases du même tonneau, disait l’autre jour à Sarre-Union : « la République aime tous ses enfants. » Révérence gardée, Monsieur le Président, ce blabla ne signifie rien.
La république n’est pas notre mère, ne vous en déplaise. Marianne n’a pas cinq enfants, comme le chantait joliment Michel Delpech. Elle n’est même pas jolie. La République, c’est un régime institutionnel, rien de plus, rien de moins. Libre à chacun de penser qu’il s’agit du meilleur pour notre pays, l’opinion est discutable, mais libre. Sauf pour les républicains.
Votre République, c’est un meurtre rituel et fondateur : celui d’un père de famille de 38 ans qui devait mourir pour que vive le régime. Un crime jamais renié, à la charge symbolique lourde de sens ; une religion nouvelle fondée sur le sang versé.
Votre République, c’est l’utopie sanglante d’une liberté imposée « pour leur bien » aux peuples qui n’en demandaient pas tant : Vendéens victimes d’un génocide, Belges, Lombards et Hollandais, Piémontais et Espagnols, Rhénans et Florentins, peuples de la Baltique, du Pô ou de la Méditerranée, annexés de gré ou de force à notre patrie au nom d’un principe dont ils n’avaient que faire.
Votre République, c’est le sang des milliers de malheureux que vos utopies ont jetés sur le pavé à chacune des révoltes parisiennes qui ensanglantèrent le XIXe siècle. C’est le son du canon, l’insurrection, les barricades et ces ouvriers dont votre Révolution fit des miséreux, qui crurent gagner la liberté contre le pouvoir et ne trouvèrent que la mort sous la mitraille.
Votre République, c’est le coup d’État permanent, l’apprentissage public, laïc et obligatoire de sa grandeur, de sa beauté et de sa perfection démocratique. C’est le viol des consciences et la persécution de religieux qui, sans rancune, revinrent par cohortes entières se faire tuer dans les plis d’un drapeau sous lequel on massacrait jadis leurs grands-parents.
Votre République est une idée. Notre France est une réalité. Qu’elle soit gouvernée par Louis, par Napoléon ou par François n’y change rien. C’est l’amour de notre pays qui nous unit, pas celui d’institutions trop souvent renversées en deux siècles pour prétendre incarner la France.
Non, la République n’aime pas ses enfants.
Les enfants aiment leur mère, la France.
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