Pour l’historien Michel Pastoureau, « une solution de moindre mal serait de transformer la cathédrale en musée »…
Regrettant la cohabitation préexistante et pas toujours heureuse : touristes venus « selfier » en ce lieu et fidèles assistant aux offices, il considère que « chasser les touristes serait une solution difficile à imposer. Ne serait-il pas préférable que les chrétiens quittent leur cathédrale ? Pour ce faire, il faudrait déconsacrer [lire « désacraliser »] Notre-Dame et la transformer en musée. Moi qui suis historien et chrétien, catholique qui plus est, j’avoue qu’une telle mesure ne me choquerait pas outre mesure. Il ne me vient jamais à l’idée d’entrer à Notre-Dame pour prier… »
Je m’interroge devant la pensée de M. Pastoureau. Pour lui, que les pèlerinages partent de Notre-Dame au petit matin en ayant rassemblé 10.000 fidèles ne vaut rien. Qu’un « Te Deum » ou un « Veni Creator » y résonne ne compte pas. Ceux-là n’y vont-ils pour prier ? Son propos est véritablement étonnant. Doit-on pousser le visiteur à ne voir en ce lieu, où les pierres, statues et vitraux manifestent la chrétienté, qu’un peu d’Histoire ? Histoire dont le touriste se fiche souvent éperdument, comme celle de Versailles. Imagine-t-il, demain, les cérémonies reconstituées comme on joue les fêtes du Roi-Soleil ailleurs ? Que l’on se permette de demander à ce grand historien si la messe est la réactualisation du sacrifice du Christ, que serait une reconstitution de la réactualisation ? Croit-il sérieusement que les gens auraient goût à de tels spectacles qui ne sont beaux de la beauté du Ciel que quand l’action liturgique y est authentique ?
Même au château de Versailles la chapelle royale demeure lieu sacré ; la messe y trouve place véritablement ! Vouloir ou ne serait-ce qu’envisager de désacraliser Notre-Dame, ce serait, en quelque sorte, découronner la Vierge Marie et assassiner le peuple chrétien. Retirer ce lieu aux fidèles qui subsistent, c’est nier leur existence et leur foi. Église des cavernes deviendrions-nous. Des catacombes et des bois de la Vendée…
Nous ne pouvons accepter que ces pierres enseignantes soient réduites à celles de Khéops. Dieu demeure !
On aurait envie d’inviter l’historien à lire les propos de Mgr Aupetit publiés le même jour dans La Croix : « Quelle cathédrale pour le XXIe siècle ? Celle qu’elle a toujours été, ce pour quoi elle a été bâtie. Qu’elle demeure fidèle à ce qu’elle est, ou elle perdra son âme. La cathédrale est maison de prière pour tous les peuples, et l’évêque y siège en serviteur de l’unité des hommes. Une unité qui nous constitue comme un peuple, non un tourisme de masse fait pour la culture du divertissement et l’empire de la consommation. La culture n’est en aucun cas un rempart contre la barbarie. Notre-Dame est le miroir du cosmos et le reflet du Ciel. »
Oui, vraiment surprenante tribune. Regrettable tribune !