La classe politique française dynamitée

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La recomposition risque d'être laborieuse, pour tout le monde



L’ancien premier ministre socialiste Manuel Valls veut briguer l’investiture d’En marche !. Marion Maréchal-Le Pen annonce vouloir se retirer de la vie politique. À un mois des législatives, la droite et la gauche françaises sont profondément bousculées par le séisme constitué par l’élection d’Emmanuel Macron à la tête du pays.





Marion Maréchal-Le Pen ne sera peut-être plus, ce mercredi, la dirigeante la plus populaire du Front national. Deux jours après la défaite présidentielle de sa tante Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, la députée sortante du Vaucluse devrait annoncer son retrait de la vie politique. La présidente du FN en aurait été, selon Le Monde et Le Figaro, informée avant que la décision ne fuite dans la presse. Élue en juin 2012 à 23 ans, benjamine du Parlement, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen devrait également abandonner son mandat de conseillère régionale FN en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Un tremblement de terre pour le parti d’extrême droite qui a engrangé dimanche un record de 11 millions de voix, dont elle représente la relève générationnelle, mais aussi un courant moins anti-européen et plus favorable à un certain libéralisme économique. Donc plus susceptible de briser le « plafond de verre » électoral contre lequel il continue de buter.


 

Le retrait de Marion Maréchal-Le Pen confirme le dynamitage de la classe politique française par l’élection du nouveau président et son mouvement En marche ! à un mois des élections législatives des 11 et 18 juin. L’annonce de la dirigeante du FN survient quelques heures après celle de l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui a annoncé ce mardi son intention de briguer l’investiture du mouvement créé en avril 2016 (bientôt rebaptisé « La République en marche ! »), a ravi au QG de la rue de l’Abbé Groult, où le nouveau chef de l’État français prépare son investiture du dimanche 14 mai. Le fait que le PS lance ce mardi après-midi sa campagne pour les législatives à la Mutualité, à Paris, n’inquiète guère. « Nous avons l’initiative. Notre marque est très forte. Tout le monde parle d’En marche ! se réjouit un de ses conseillers. Qui peut croire qu’après l’élimination de François Fillon et de Benoît Hamon au premier tour de la présidentielle, les étiquettes Les Républicains et Parti socialiste nous feront de l’ombre ? »


 

Manuel Valls ou la gauche « réaliste »


 

La décision de Manuel Valls est plus que symbolique. L’ancien chef de gouvernement, qui a démissionné de son poste le 5 décembre 2016 pour se porter candidat à la primaire « citoyenne » du PS (il fut battu le 29 janvier par Benoît Hamon, fort de 58,8 % des voix), incarnait la gauche « réaliste », désireuse de remettre l’entreprise au coeur de son projet économique.


 

Il est aussi, comme député sortant de l’Essonne et ancien maire d’Évry, un poids lourd du maillage socialiste de la banlieue parisienne. Plus important enfin : Valls est de longue date un chef de clan au sein du PS. Ce qui pourrait conduire plusieurs de ses proches à le suivre dans cette aventure pas garantie, car il n’a pas encore été investi par En marche ! qui annoncera jeudi la liste de ses candidats dans les 577 circonscriptions en France et à l’étranger (y compris pour celle des Français de Suisse et du Liechtenstein actuellement occupée par l’élue Les Républicains Claudine Schmid).


 

Bétonner le flanc gauche


 

L’effet Macron, à gauche, ne porte pas toutefois que sur le flanc « réformiste » tenu jusque-là par Manuel Valls, mais aussi par le maire de Lyon Gérard Collomb, appui de la première heure d’Emmanuel Macron, ou par l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë. Détail piquant : le secrétaire général du mouvement macronien, le député socialiste sortant du Finistère Richard Ferrand, a été lui… l’un des frondeurs du PS opposé au tournant économique du quinquennat Hollande, avant de lier connaissance avec l’ancien ministre de l’Économie lorsqu’il fut le rapporteur de la loi qui porte son nom à l’Assemblée nationale, fin 2014-début 2015.


 

Idem pour Arnaud Leroy, député PS sortant des Français de l’étranger qui se battit longtemps aux côtés du très peu libéral Arnaud Montebourg. « Plus Emmanuel Macron séduit au centre droit, plus il a besoin de bétonner son flanc gauche. Il y a de la place pour toute la palette d’ex-élus socialistes s’ils s’engagent à soutenir pleinement le contrat du président élu avec la nation durant le quinquennat », expliquaient lundi les responsables d’En marche ! en marge de la première conférence de presse post-élection présidentielle de Richard Ferrand.


 

La droite moins touchée


 

La droite française, elle, est pour le moment moins touchée par des défections de haut niveau. « L’édifice du parti Les Républicains tient, mais pour combien de temps ? » interroge le politologue Dominique Reynié. De ce côté-ci de l’échiquier politique français, tout va dépendre de la nomination du futur premier ministre, dont le nom devrait être connu d’ici à la fin de la semaine. Si Emmanuel Macron frappe un grand coup en nommant une figure de la droite et ouvre dès lors une brèche dans le camp conservateur… une avalanche peut suivre.


 

Depuis lundi, le maire de Bordeaux Alain Juppé, battu à la primaire de la droite, multiplie les messages conciliants à l’égard du président élu. Beaucoup d’observateurs ont aussi noté la longue poignée de main, lors de la cérémonie de commémoration du 8 mai, entre l’ancien président Nicolas Sarkozy et le chef de l’État élu la veille. La démission surprise du président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Christian Estrosi, sarkozyste brouillé avec le parti Les Républicains a attisé les braises. L’ancien candidat à la primaire de la droite Bruno Le Maire a fait des offres claires de service au camp Macron. Bref, tout se fissure…


 
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