La Chine accusée de fichage génétique, son fournisseur américain prend ses distances

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Demain ce seront les États occidentaux qui ficheront génétiquement les citoyens


Le fabricant américain d’équipements scientifiques Thermo Fisher a annoncé jeudi renoncer à vendre à l’État chinois du matériel qui aurait servi à créer un immense fichier génétique de la minorité ouïghoure.


Depuis 2016, des informations font régulièrement état de prélèvements sanguins réalisés par les autorités chinoises dans la région du Xinjiang, où vivent la plupart des Ouïghours, turcophones et musulmans.


L’État chinois chercherait ainsi à alimenter un fichier génétique de plusieurs millions de noms, utilisé pour la surveillance des Ouïghours dans le Xinjiang, où la présence policière a été renforcée après de violentes tensions interethniques.


Au printemps 2017, l’ONG Human Rights Watch avait affirmé que la Chine avait passé commande de matériel permettant d’augmenter ses capacités de séquençage de l’ADN à partir des prélèvements.


La revue scientifique américaine Nature avait alors confirmé l’existence de commandes, notamment auprès de Thermo Fisher.


Jeudi après la publication d’un article sur le sujet par le New York Times, qui relevait, dès le titre, «l’aide de l’expertise américaine» dans la démarche des autorités chinoises, le groupe a annoncé qu’il renonçait à vendre des équipements d’identification dans la région du Xinjiang et à assurer la maintenance de ceux déjà en place.


«Nous avons conscience qu’il est important de prendre en compte la manière dont nos produits et nos services sont utilisés ou pourraient être utilisés par nos clients», a indiqué un porte-parole de Thermo Fisher, dans une déclaration transmise à l’AFP.


La décision prise par le groupe est «cohérente avec les valeurs de Thermo Fisher, son code éthique et ses règles», a ajouté le porte-parole.


Inconnu du grand public, Thermo Fisher est un géant des équipements scientifiques, qui a réalisé 24,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2018.


Selon le New York Times, les officiels chinois auraient présenté ces tests comme faisant partie d’un bilan de santé gratuit.


Quelque 36 millions de personnes se sont pliées à ce programme, selon l’agence officielle chinoise Xinhua, soit plus que la seule population ouïghoure.