Personne n'y échappe

La banque du Vatican dans l'embarras

Là où il y a pouvoir et argent, la cupidité et l'ambition sont présents

Tribune libre


La Banque américaine J.P. MORGAN, selon diverses sources, donnerait 30 jours à la banque du Vatican pour qu’elle retire ses fonds du fait que cette dernière n’a pu répondre aux exigences d’information sur le blanchiment d’argent.
« Business Insider rapporte que la banque américaine donne 30 jours à la banque officielle du pape pour retirer ses fonds, car cette dernière a été incapable de produire les informations nécessaires pour plusieurs transferts bancaires. »
Selon le site français Atlantico d’autres détails sont donnés :
« D'après le journal économique italien Il sole 24 ore, la holding financière JP Morgan Chase à Milan avait envoyé une lettre le 15 février au Vatican pour avertir le Saint-Siège de la fermeture du compte, qui devrait être effective le 30 mars.
Le journal précise que les responsables de la banque ont décidé de clore le compte en raison du manque d'informations entourant les transferts d'argent. Près de 1,5 milliard d'euros auraient transité sur le compte en l'espace de 18 mois. Il s'agirait, selon lui, d'un compte vidé tous les soirs ("sweeping facility") en anglais, ne servant qu'à faire transiter des fonds vers un autre compte de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), nom officiel de la banque du Vatican, en Allemagne. L'IOR gère les fonds du Vatican et de ses institutions religieuses à travers le monde, comme les ordres monastiques et les organisations caritatives. »

Il faut rappeler qu’en 2010, Benoît XVI avait pris des dispositions pour que la banque du Vatican respecte les normes européennes.
En décembre 2010, le pape Benoît XVI a institué un nouvel organisme chargé de surveiller toutes les opérations financières du Vatican et de s'assurer qu'ils reflètent les dernières réglementations de l'Union européenne et d'autres normes internationales de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans le même temps, le Vatican a promulgué une nouvelle loi qui définit les crimes financiers et des sanctions établies, y compris le temps possible de prison - pour leur violation »
Il faut croire que le grand ménage n’a pu être fait à temps et que cette décision qui arrive, à n’en pas douter, après de nombreuses consultations auprès des autorités vaticanes, soit l’aboutissement d’un grand malaise au sein de l’administration vaticane. Si les luttes de pouvoir, pour occuper les postes les plus prestigieux, font partie du système, celles générées par l’argent sont, en général, beaucoup plus discrètes, mais souvent beaucoup plus radicales. Il semblerait que ce soit actuellement le cas. Voici quelques extraits d’un article récent, paru dans [jeuneafrique.com-http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2668p047-048.xml0/] :
« Rien ne va plus. » Cette phrase laconique lâchée par un haut responsable de l'administration en dit long sur l'atmosphère qui règne derrière les murs du Vatican. Une atmosphère digne des romans de Dan Brown, où les coups bas, les fuites et les règlements de comptes succèdent aux révélations plus ou moins orchestrées dans le but de déstabiliser certaines personnalités jugées gênantes par ceux qui se verraient bien détenir les clés du Saint-Siège »
« La gestion des finances vaticanes est depuis longtemps sujette à caution. Dans le passé, de nombreux scandales ont défrayé la chronique. En 1982, par exemple, la faillite de la Banco Ambrosiano, dont la banque du Vatican était le premier actionnaire, avait mis en évidence les relations troubles entretenues avec la mafia. Quatre ans auparavant, la mort de Jean-Paul Ier un mois après son élection avait suscité des rumeurs d'assassinat commandité par des gens sans doute peu désireux de voir le nouvel élu faire le ménage dans les finances vaticanes. Ces affirmations n'ont jamais été étayées par des preuves tangibles. Elles refont surface après l'évocation par Il Fatto Quotidiano d'un possible complot contre Benoît XVI. »

L’objectif du présent article n’est pas de dénigrer l’Église des croyants, dont je suis, mais de rappeler à ceux qui s’en disent les dirigeants, qu’ils n'en sont que ses serviteurs. Il est plus que temps que cette église institutionnelle retourne à ses origines évangéliques et qu’elle se rapproche des hommes et des femmes qui luttent, aujourd’hui, pour la justice, la vérité, la solidarité et la compassion. L'État du Vatican, pas plus que les autres, n'échappe au printemps des grands questionnements. Il y a comme un moment de vérité qui sonne la fin de la récréation des puissants de ce monde.
Il faut reconnaître que personne n’échappe aux tentations de la corruption et de la cupidité, mais que ceux et celles qui s'y laissent entraîner auront, un jour ou l'autre, à répondre de leurs actes.
Oscar Fortin
Québec, le 4 mai 2012
http://humanisme.blogspot.com

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    6 mai 2012

    Il est amusant que l'on reproche au Vatican ses tractations souterraines et son goût du secret. Blagues à part, il est vrai que les vierges vaticanes sont en réalité des passeurs qui font en sorte que certains investissements soient recyclés.
    Il en va de même avec les paradis fiscaux, les zones franches et les hautes arcanes du monde de la finance.
    On assiste de plus en plus à un effort de «traçabilité» entrepris par les hautes sphères de la bureaucratie mondialiste afin de contrôler les flux monétaires et d'aiguillonner les investissements en fonction d'agendas politiques déterminés.
    De la fausse monnaie de singe est imprimée aux quatre coins du monde, de l'argent sale est blanchi et les industries de la drogue et du commerce du sexe prospèrent comme jamais.
    Le rêve des bureaucrates de légaliser les rouages de la prostitution et du commerce de la drogue procède de cette volonté de centralisation des activités économiques, toutes natures confondues.
    Au Vatican il y a deux types d'économie: les rouages de l'administration courante et une multitude de sociétés à numéro qui sont comme des eaux qui circulent sous un épais couvert de glace.
    C'est tout le décalage entre l'économie officielle et celle qui est dite «souterraine».
    Si l'économie souterraine permet de contourner la fiscalité, les lois et les gouvernements, elle sert aussi d'exutoire au totalitarisme d'état.
    La question est à double tranchant: nous voulons «régulariser» l'économie ... mais au profit d'un état unique et centralisateur ou bien plutôt avec l'idée de partager l'usufruit du travail ?
    Question lourde de sens qui dépasse les clivages gauche - droite.

  • Joseph Berbery Répondre

    6 mai 2012

    Absolument d'accord avec votre conclusion. Plus que jamais nous avons besoin d'un pape prophète et non d'un politique.
    Il n'en reste pas moins que je trouve scandaleux que J.P. Morgan joue au moralisateur.
    Je me pose bien des questions sur ses motivations réelles. J.P. Morgan s'associerait-il à une campagne de destruction dont le Da Vinci code de Dan Brown (mentionné dans l'article) n'a été qu'un des nombreux avatars, n'aurait rien d'étonnant. (1)
    (1) Dans la même veine, surveiller la sortie prochaine d'un film proprement sacrilège, Corpus Christi.

  • Francis Déry Répondre

    6 mai 2012

    Ce ne sont pas des prêtres qui dirigent les opérations financières. Sont-ils seulement catholiques ?
    J'en doute.
    L'Église est infiltrée depuis longtemps et contrôlée par des réseaux souterrains pas chrétiens du tout.
    Calvi était membre de la loge Propaganda Due, bizarrement reconnue comme régulière par la Grande Loge Unie d'Angleterre, alors qu'elle fut membre du Grand Orient d'Italie. Le Grand Orient d'Italie fut reconnu par la GLUA de 1972 jusqu'en 1978. Les autres Grandes Loges avaient alors menacé de retirer leur reconnaissance, mais ils l'ont maintenu. Il existe maintenant une Grande Loge d'Italie reconnue par la GLUA, mais elle n'est qu'une coquille vide.
    Calvi fut suicidé d'une manière qui rappelle une exécution maçonnique dans les pires contes, sur le pont des Frères Noirs qui relie les Auberges de la Cour à l'Église Templière. Sa secrétaire Graziella Corrocher fut défenestrée comme un oiseau ne sachant pas voler, ne peut chanter longtemps.
    La mort de Calvi peut rappeler celle de Mussolini, en particulier son exposition. Mussolini fut un agent du MI6 pendant et après la Première Guerre Mondiale, et un franc-maçon selon René Guénon. Sa chemise noire fut un cadeau maçonnique et beaucoup d'insignes fascistes (têtes de morts, triangles noirs) sont des emprunts de la FM. Même le fameux "salut romain" ou "salut de Bellamy" est un emprunt de salut rituel dans le Grand Orient.
    Vous dîtes que c'est une menace de fermeture du compte par la banque JP Morgan qui a déclenché la tempête. L'affaire Calvi était connexe à l'affaire Gérard Soisson, un directeur des transactions de Clearstream mort en Corse. Clearstream compétionnait avec EuroClear, propriété de JPMorgan.
    Le banquet n'est pas terminé. De la viande fraîche est réclamée et le vin doit continuer à couler. L'ambroise est la boisson des dieux.

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    5 mai 2012

    les vierges vaticanes sont plus émoustillantes que les énarques de l'Union européenne.
    pourquoi s'en prendre à une institution pérenne et éternelle ?
    je préfère de très loin la corruption romaine à la perfectibilité du Nouvel Ordre Mondial dirigé par la Ligue Hanséatique ... :-)
    les arcanes sont obscures et c'est ce qui rend le jeu encore et toujours titillant.

  • Oscar Fortin Répondre

    5 mai 2012

    Pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur la banque du Vatican et ses liens avec le monde de la finance, je vous réfère un article publié ce jour même à l"adresse suivante:
    http://www.alterinfo.net/La-Banque-du-VaticanUn-Paradis-Fiscal-sur-terre_a75765.html