Éric Duhaime, animateur au FM93 s'est entretenu, jeudi dernier, avec une représentante de l'Université Laval à propos d'une politique de gestion et de promotion des bourses privées d'étude qui serait manifestement à deux vitesses.
Une politique de bourses d'études à deux vitesses
Il appert que la haute direction de l'Université Laval encourage les donateurs privés à offrir des bourses d'études spéciales à l'attention des femmes et elle ne se gêne pas pour en faire la promotion sur ses divers canaux d'information. A contrario, lorsqu'un donateur privé tente de proposer un programme de bourses d'études destinées spécifiquement aux hommes, les autorités universitaires lui signifient que ce projet est discriminatoire.
En 2014, André Gélinas, un donateur qui fut le premier directeur des études pour l'École nationale d'administration publique (ENAP) avait conclu une entente avec la Fondation de l'Université Laval afin de créer un fonds de bourse d'études à son nom. Le hic : c'est que ce fonds privé s'adressait uniquement aux hommes inscrits aux programmes de maîtrise en affaires publiques ou en science politique.
Discrimination systémique contre les hommes
Prenant acte du fait qu'il existait, déjà, quantités de bourses conçues uniquement pour les femmes, M. Gélinas voulait contribuer à la réussite scolaire dans un contexte où les femmes jouissent d'un net avantage face à leur contrepartie masculine à tous les échelons de la réussite scolaire.
Statistique Canada confirmait déjà, dans une étude mise à jour en 2015, que « les filles sont plus nombreuses que les garçons à obtenir leur diplôme d'études secondaires dans les délais prévus et moins susceptibles de décrocher. Après avoir terminé leurs études secondaires, plus de femmes que d'hommes s'inscrivent à des programmes collégiaux et universitaires. Une plus grande proportion d'entre elles en ressortent avec un diplôme ou un grade ».
Une décision arbitraire
La journaliste Kathryne Lamontagne, dans un article du Journal de Québec, publié le 3 août 2016, écrivait que l'Université Laval rejetait le projet de M. Gélinas au motif qu'une bourse « dirigée exclusivement envers les hommes devient discriminatoire lorsque les programmes visés comportent déjà un pourcentage significatif et majoritaire d'étudiants masculins », selon ce que lui avait transmis Samuel Auger, porte-parole à cette époque de l'université. Il appert que les deux programmes, pour lesquels les bourses d'études d'André Gélinas avaient été conçues, comptaient un peu plus d'étudiants de sexe masculin.
Pratiquer la langue de bois
Rejoint au téléphone par Éric Duhaime, l'actuelle porte-parole de l'Université Laval, Andrée-Anne Stewart, a tenté de sauver la peau de ses employeurs face à l'animateur qui ne comprend toujours pas ce « deux poids, deux mesures ». M. Duhaime souligne, en effet, que la page Internet du Bureau des bourses et de l'aide financière (BBAF) de l'université fait la promotion de bourses d'études octroyées par l'Association des femmes diplômées des universités – section Québec (AFDU Québec), tout en mentionnant que « ces programmes de bourses sont réservés exclusivement aux femmes ».
Et, comble de l'iniquité, plus d'une vingtaine de programmes seraient concernés par ces bourses « sexistes », voire même dans les sciences infirmières ou la médecine, des secteurs où les femmes sont surreprésentées. Mme Stewart n'a rien trouvé de mieux que de répéter à satiété que « je comprends que vous vous questionnez, parce que c'est complexe le monde des bourses ».