Si le premier ministre Harper ne reprend pas le dessus dans sa gestion de la crise au Proche-Orient, celle-ci pourrait devenir, toutes proportions gardées, ce que fut l'ouragan Katrina pour le président Bush: l'origine d'un affaiblissement important de la confiance populaire envers le chef du gouvernement.
Jeudi dernier, le premier ministre a diffusé un communiqué ému à la suite de la mort de trois membres des Forces canadiennes dans un accident d'hélicoptère en Nouvelle-Écosse: " Le Canada tout entier partage le deuil de leurs proches. " Samedi, M. Harper publiait un texte tout aussi solennel pour souligner le décès de deux agents de la GRC en Saskatchewan " C'est un bien triste jour pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. " Curieusement, plus de 24 heures après la confirmation de la mort de sept membres d'une famille montréalaise au Liban, le bureau du premier ministre n'avait toujours pas diffusé de communiqué de presse. Lorsque nous nous sommes enquis à ce sujet, on nous a référé à la courte et froide déclaration de M. Harper à l'issue du G8: " J'ai appris hier les morts tragiques de Canadiens qui se trouvaient au Liban. J'offre mes condoléances aux membres de leurs familles. " C'est tout.
Est-ce l'éloignement qui a fait perdre à M. Harper le contact avec la vive émotion suscitée au Canada par ce drame? Chose certaine, le peu d'importance qu'il lui a accordée s'ajoute à la mauvaise impression qu'ont eue beaucoup de Canadiens en fin de semaine, en particulier les milliers de personnes coincées au Liban. Le gouvernement conservateur semblait avoir sacrifié à la fois les principes de la politique étrangère canadienne et le bien-être des Canadiens dans la région à un appui inconditionnel au droit de riposte d'Israël.
Les accusations d'incompétence lancées contre Ottawa en ce qui a trait à l'évacuation de ses ressortissants doivent être nuancées; la plupart des pays font face aux mêmes problèmes logistiques. S'il est vrai que certaines évacuations ont eu lieu, elles impliquent généralement de petits nombres et ont été menées à l'aide d'équipements militaires dont le Canada ne dispose pas dans la région. Quant aux difficultés qu'ont les Canadiens à joindre les représentants du ministère des Affaires étrangères, les citoyens américains vivent les mêmes frustrations: les besoins sont tout simplement trop grands et la situation trop chaotique.
Cela dit, il a fallu deux jours pour que le premier ministre et son ministre des Affaires étrangères se montrent préoccupés par la question. Cette apparente insensibilité a consterné beaucoup de Canadiens.
Bien des Canadiens ont aussi été étonnés d'entendre leur premier ministre qualifier de " mesurée " la réplique israélienne au raid mené par le Hezbollah. Hier, le têtu Stephen Harper a une nouvelle fois refusé de déplorer l'envergure des frappes israéliennes.
Chaque fois qu'un premier ministre canadien a dérogé de la politique équilibrée du Canada sur le Proche-Orient, les Canadiens l'ont ramené à l'ordre. C'est arrivé lorsque Joe Clark a voulu déménager notre ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Cela s'est produit aussi lors de la première Intifada, alors que Brian Mulroney avait qualifiée de " mesurée " (encore ce mot...) la répression de la première Intifada.
Il y a 40 ans cette année, Lester B. Pearson jouait un rôle de premier plan dans le règlement de la crise de Suez. Ce n'est pas pour rien que depuis, les Canadiens veulent voir leur premier ministre suivre les traces de Pearson; ce rôle de médiateur, d'apôtre de la paix correspond à nos valeurs profondes. Plus M. Harper s'en éloignera, moins ses concitoyens se reconnaîtront en lui.
L'ouragan de M. Harper
Géopolitique — Proche-Orient
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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