L’intendant de Montréal

«Les Montréalais méritent un peu de quiétude», dit Laurent Blanchard, élu par ses pairs pour gérer la ville jusqu’au 3 novembre

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Changement de garde

Propulsé au poste de maire de Montréal par intérim, Laurent Blanchard promet un règne de « transition tranquille » à l’Hôtel de Ville jusqu’aux élections du 3 novembre. Le nouveau maire, qui souhaite nommer la conseillère Josée Duplessis à la présidence du comité exécutif, n’entend pas entreprendre de grandes réformes au cours des quatre prochains mois.
Une semaine après la démission abrupte de Michael Applebaum, Laurent Blanchard, qui présidait depuis l’automne dernier le comité exécutif de la Ville, a arraché une victoire serrée contre son concurrent à la mairie, Harout Chitilian.
Grâce au désistement de François Croteau, maire de Rosemont -La Petite-Patrie et candidat de Projet Montréal, M. Blanchard a obtenu l’appui de 30 élus contre 28 pour Harout Chitilian, ex-président du conseil municipal, lors d’un vote tenu au conseil municipal mardi matin. Pour sa part, la mairesse suppléante Jane Cowell-Poitras a recueilli 3 voix.
Cinq candidats se disputaient la succession de Michael Applebaum, mais quelques minutes avant le vote, deux d’entre eux se sont retirés de la course. Le désistement de François Croteau a permis à Laurent Blanchard - qui profitait déjà de l’appui des troupes de Louise Harel et de plusieurs indépendants - de bénéficier des votes des dix élus de Projet Montréal. En retirant sa candidature, le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, s’est pour sa part prononcé en faveur d’Harout Chitilian.
Ces mouvements de dernière minute ont permis à Laurent Blanchard de s’emparer de la mairie, mais celui-ci a aussitôt assuré que son court mandat se déroulerait sous le signe de la continuité. « Les Montréalais méritent un peu de quiétude », a-t-il dit. Les grandes réformes, ce sera pour le maire qui sera élu le 3 novembre, a-t-il ajouté en évoquant le rapport de Jacques Léonard, qui suggère de revoir la gouvernance et le partage des pouvoirs entre la ville-centre et les arrondissements : « Ce n’est pas le temps, à quatre mois de l’élection, de bouleverser la structure de la Ville. »
Le maire Blanchard compte maintenir l’administration de coalition, mais contrairement à ce qu’il avait dit la semaine dernière, il ne conservera pas son poste de président du comité exécutif. Son intention est d’ailleurs de nommer la conseillère de Projet Montréal Josée Duplessis à ce poste. Responsable du développement durable et des grands parcs au comité exécutif, Mme Duplessis devrait conserver ces dossiers auxquels s’ajoutera possiblement celui de la gestion de l’eau.
Laurent Blanchard prendra en charge le dossier des finances. Il devra d’ailleurs préparer le budget 2014 de la Ville, dont héritera le prochain maire élu le 3 novembre, et concocter le programme d’investissements.
Laurent Blanchard a communiqué avec Josée Duplessis au cours de la fin de semaine pour lui offrir la présidence du comité exécutif s’il l’emportait, mais il soutient que cette nomination n’a pas servi de monnaie d’échange pour le désistement de François Croteau et l’appui des dix élus de Projet Montréal.
Les squelettes
Il apparaît peu probable que le nouveau maire connaisse le même sort que Michael Applebaum, qui a dû démissionner il y a une semaine après avoir été arrêté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC). « Le passé est garant du futur. Je crois que j’ai eu une contravention pour excès de vitesse à la fin des années 90. Sinon, je ne me connais pas de squelettes dans le placard », avait tenu à préciser Laurent Blanchard la semaine dernière.
Le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a salué l’élection du maire Blanchard. Celui-ci a d’ailleurs expliqué que Québec avait « cordialement » offert d’accompagner l’administration au cours des prochains mois. Le nouveau maire estime toutefois que « les Montréalais sont capables de s’arranger entre eux » : « Je ne crois pas que l’idée d’un accompagnateur soit quelque chose de rassurant pour les Montréalais. Ce qui est rassurant, c’est qu’il y a une coalition qui fonctionne », a-t-il soutenu.
Âgé de 61 ans, M. Blanchard siège comme conseiller dans le district d’Hochelaga depuis 2005. Ex-membre de Vision Montréal, il était devenu indépendant en novembre dernier lorsqu’il avait accédé à la présidence du comité exécutif. Avant de se lancer en politique municipale, M. Blanchard avait notamment été éditeur et copropriétaire de l’hebdomadaire Les Nouvelles de l’Est, adjoint au président des Hebdos Télémédia et directeur général à la Corporation de développement de l’Est (CDEST).
Bien que la mairie lui ait échappé de peu, le candidat défait, Harout Chitilian, s’est rallié à Laurent Blanchard. Malgré le résultat serré, l’élection du nouveau maire par intérim démontre, selon lui, la non-nécessité d’une tutelle à Montréal.
Âgé de 32 ans, M. Chitilian est le conseiller de Bordeaux-Cartierville et préside depuis 2011 le conseil municipal. Ancien membre d’Union Montréal, le parti de l’ex-maire Gérald Tremblay, il siège comme indépendant depuis décembre dernier. La semaine dernière, il avait démissionné de son poste de président du conseil municipal, mais il pourrait réintégrer ses fonctions, a suggéré Laurent Blanchard.
Visiblement ravie du résultat du vote, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, a qualifié l’élection de Laurent Blanchard de « victoire de la coalition ». « C’est à la fois Vision Montréal et Projet Montréal qui constituent la coalition avec des indépendants. C’est une combinaison gagnante pour Montréal, croit-elle. Les Montréalais doivent être satisfaits aujourd’hui parce qu’ils ont une administration qui leur garantit la stabilité, l’intégrité et la prise de décisions en public jusqu’à l’élection du 3 novembre. »
Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, estime que les Montréalais n’ont pas à craindre de mauvaises surprises avec le maire nouvellement élu : « Laurent Blanchard est au-dessus - mais vraiment au-dessus - de tout soupçon. Non pas qu’on ait eu des doutes sur les autres candidats, mais je pense que les Montréalais en ont trop vu ces derniers temps. Il fallait avoir une garantie absolue cette fois-ci et nous l’avons. » Il s’est également dit heureux du maintien de la gouvernance de coalition à l’Hôtel de Ville.
L’élection d’un nouveau maire était devenue nécessaire à la suite de la démission de Michael Applebaum la semaine dernière. Rappelons que celui-ci a été arrêté le 17 juin dernier par des agents de l’UPAC à sa résidence de Notre-Dame-de-Grâce. Michael Applebaum fait face à 14 chefs d’accusation, dont complot, fraudes envers le gouvernement, abus de confiance et actes de corruption dans les affaires municipales.


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