L'Histoire du Passé et l' Acte de Québec du 22 juin 1774,

peuvent-ils être expliqués par la Géopolitique ?

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir


La proclamation royale de 1763 prévoyait la création d'une chambre d'Assemblée, mais James Murray ne la mit jamais à exécution à cause des lois anglaises, qui en excluaient les catholiques,
d'autant qu'à cette période il n'était arrivé à grand peine que deux à trois cents colons anglais, et James Murray imaginait mal ces quelques propriétaires anglais statuant pour les quatre vingt mille Français*catholiques... Bien évidemment Murray fut critiqué à Londres pour son attitude favorisant les Français, une attitude qui visait pourtant, davantage à ne pas soulever trop de mécontentement chez eux, qu'à leur faire réellement plaisir .. .. Son successeur Guy Carleton baron de Dorchester, poursuivit cette politique de conciliation, non pas lui aussi par pure bonté d'âme, mais pour arriver à manier dans le bon sens ces "papistes", afin qu'il ne leur prenne pas l'envie, d'aller soutenir les insurgés anglo saxons, des colonies anglaises, situées le long des bords de l'Atlantique,qui étaient en train de se révolter contre Londres.. ..
C'est donc dans cet esprit-là que l'Acte de Québec du 22 juin 1774 a été fait . Il donnait des avantages importants aux deux groupes qui pouvaient avoir un ascendant et une grande influence sur la population française, c'est à dire les propriétaires de domaine ( appelés seigneurs selon le terme de l'Ancien Régime français) et le clergé ! Cet Acte restaurait le droit de la noblesse seigneuriale, abolissant le serment du test, car il excluait les catholiques de la fonction publique anglaise, ramenant le droit civil français, et agrandissant le territoire de la Province jusqu'aux grands lacs....Nous pouvons comprendre que le Parlement de cette époque avait tout intérêt à dissimuler aux colons anglais les faits exacts de cet Acte de Québec, dont les grandes lignes ont été connues par le rapport et les notes d'un lord, Henry Cavendish qui explique longuement cet " Unreported Parlement" !
Pourtant de dissimuler les articles exacts de cet Acte, n'empêcha pas les colons anglais d'être mécontents, furieux même! Voyant que le roi George III avait accordé la sanction royale à cet Acte de Québec, les Anglais de Montréal vont recouvrir de peinture noire la statue du roi d'Angleterre, ils suspendent même une croix autour du cou de la statue et le surnomment le " pape du Canada" !
Ils sont si furieux qu'ils demandent au Parlement de Londres de rappeler cette loi, alors que pendant ce temps la population française l'avait accueillie avec soulagement puisque cela la rétablissait dans ses droits, sans se douter qu'au fond, loin de lui être totalement favorable cela allait lui amener bien des désagréments par la suite ..
Cependant lorsque les loyalistes, ces colons anglais restés fidèles à Londres, vont arriver depuis les colonies anglaises au Canada devenu anglais, n'ayant pas accepté cette cessation avec Londres, et encore moins la déclaration d'indépendance, des Insurgés anglo saxon, ils seront plus que furieux en découvrant les avantages donnés aux Français, ils réclameront que seules les lois anglaises soient utilisées, et que seuls, eux les "anciens sujets" puissent être élus, ce qui entraînera dans les années suivantes le remplacement de l'Acte de Québec par l'Acte constitutionnel en 1791, cette fois ce sera les colons anglais qui en seront largement avantagés et en plus de tout le reste permettra l'implantation de terres aux églises anglicanes..
Effectivement au vu de ce qui s'est passé et comment cela s'est passé, nous pouvons nous dire qu'il y a eu là durant dix sept ans une période où les lois étaient réellement favorables aux Français et où malheureusement ils n'ont sans doute pas pu voir, dans le contexte dans lequel ils vivaient alors, qu'ils pouvaient en profiter pour agir, et encore moins que le sort des Anglais en Amérique était pourtant et durant un moment, entre leurs mains ..
Assez rapidement, même si les loyalistes sont arrivés, et cela en nombre important, environ 50.000, même s'ils sont arrivés avec un état d'esprit défavorable à cent pour cent contre les Français, ces derniers étaient toujours majoritaires .. le rapport de force était en effet plus que favorable... Alors, n'aurait-il pas pu être encore possible d'agir ? Bien des questions demeurent .. Bien des raisons ont sans doute joué et sont certainement entrées en ligne de compte, comme le fait, que cette population avait très certainement beaucoup de mal à se remettre, d'avoir été ainsi abandonnée, et remise à l'adversaire .
Il y eut plusieurs tentatives :

Cet épisode en 1774, pendant lequel, les insurgés anglo saxons qui s'appelleront bientôt américains, sont venus jusque sous les murs de Québec, inciter les Français à se révolter, à se libérer avec leur aide, et à se joindre à eux. Aussitôt de nombreux Canadiens Français se sont rangés sans hésitation du côté des insurgés. Mais lorsque les américains furent repoussés nous nous souvenons de la mort de Montgommery, d'Arnold blessé, de Daniel Morgan et ses hommes.. de cette nuit du 31 décembre 1775 dans une tempête de neige impressionnante malgré le froid et la neige, ils resteront sous les murs de Québec et bloqueront la ville... Cette forte prise de position des Français et la conduite même des habitants et des habitantes ( cf les reines de Hongrie sur l'ile d'Orléans !) entraîna de fortes représailles !
Plus tard encore en 1778, eut lieu une autre tentative, les américains voulurent attirer à nouveau les Canadiens Français à se libérer et à les rejoindre et cela avec encore plus d'enthousiasme, puisqu'ils avaient dans leurs rangs le jeune français Gilbert du Motier, marquis de la Fayette, qui était loin d'être indifférent au sort de ces Français de la Nouvelle France, abandonnés par le roi de France, aux mains des Anglais, comme certains écrits peuvent le laisser penser..
Puis il y eut l'Amiral Henri comte d'Estaing , tout juste arrivé des Antilles le 16 septembre 1779 avec trois mille hommes, pour venir aider à son tour les insurgés anglo saxons, il se rend aussitôt descendu de ses navires, devant Savannah en Géorgie, soutenir les troupes continentales commandées par Lincoln. Malgré ce renfort Lincoln n'arrive pas à faire plier les Anglais qui restent sur leurs positions, la ville restera anglaise. Henri d'Estaing est blessé il retournera sur ses vaisseaux, mais avant de quitter le continent il avait eu le temps de lancer un appel vibrant aux Canadiens Français :

" Vous êtes nés Français, vous n'avez pas cessé de l'être, je déclarerai solennellement au nom de sa Majesté le roi Louis XVI, que tous ses anciens sujets d'Amérique septentrionale, qui ne voudraient pas reconnaître la suprématie de l'Angleterre, peuvent compter sur sa protection et sur son appui"..

Cette phrase apporta un immense espoir aux Canadiens Français mais le nouveau gouverneur de leur Province Frédéric Haldimand, allemand d'origine, ne toléra aucune manifestation et s'il n'avait pas accepté les tentatives de rapprochement des américains, bien évidemment il supporta encore moins la main tendue des Français venus de France, ce qui entraîna des arrestations terribles, telle celle de Pierre du Calvet..
Enfin lors de la signature du Traité de Paris, du 3 septembre1783 à Versailles, reconnaissant l'indépendance des treize colonies anglaises, devenues les jeunes étas-unis d'Amérique, le roi Louis XVI fera une dernière tentative, c'était tout à fait son droit de le faire, après toute l'aide apportée par la France, de demander et même d'imposer qu'on rende le Canada à la France !. Malheureusement ce n'était pas dans l'idée des plénipotentiaires américains, délégués à Versailles, le roi n'insista pas suffisamment non plus .. et les choses en restèrent-là, les Canadiens Français furent une nouvelle fois abandonnés à leur sort ...
* L'expression " Français" employée ici, au lieu de "Canadiens", n'est pas exacte puisque les Français nés sur le sol du Canada avaient pris le nom de Canadiens et étaient de plus en plus différents des Français de France... l'expression "Canadiens Français" ne l'est pas davantage, puisque ce sera plus tard que les Canadiens se sont appelés Canadiens Français pour se différencier des colons anglais, au moment où ces derniers, vivant à présent eux-aussi sur le sol du Canada, ont voulu s'appeler Canadiens !

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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12 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2010

    Petite précision Mme Morot-Sir, bien qu’elle ne devienne usuelle que dans les années 1820 (et jusqu’aux années 1970), l’appellation « Canadiens-François » remonte néanmoins au temps de la Nouvelle-France («Nouvelle découverte d’un très grand pays […]», Hennepin, 1697). Et l’une des premières occurrences de « French Canadians » que je connaisse se trouve en fait dans une traduction parue en 1761 de l’« Histoire et description de la Nouvelle-France […]» de Charlevoix. Loin d’être une invention anglaise, ce « French Canadians » y apparaît comme la traduction littérale de « François-Canadiens », variante aussi utilisée au 18e siècle pour nous mieux nommer. Plus encore, dans l’édition originale de Charlevoix de 1744, Québec est même décrite comme la « Capitale du Canada françois ». En conséquence, face aux très multiculturels «Québécois» et «Canadien», le vénérable «Canadien-Français» demeure le seul et unique vocable affirmant à travers les âges et sans équivoque aucune, notre distinction nationale.
    Salutations,
    RCdB

  • Gaston Boivin Répondre

    19 novembre 2010

    À mon opinion, l'une des meilleures analyses, effectuées sur cet Acte de Québec de 1774, a été celle de monsieur Jean-Nicolas Tétreault, datée du 10 mars 2000 et parue sur le site ''Les Patriotes de 1837@1738'', que l'on peut retrouver à l'adresse suivante:
    http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?.out=article&pno=combat24
    Cet acte de Québec souleva, chez nos voisins américains et ailleurs, des propos peu flatteurs pour les autorités coloniales britanniques: Gilles Boulet, Jacques Lacoursière et Denis Vaugeois, dans''Le Boréal Express, journal d'histoire du Canada, période 1760-1810,page 285, en citent certains:
    -''L'acte infâme de Québec, qui établit le papisme et le pouvoir arbitraire dans un pays capable de contenir une population plus grande que celle de l'Angleterre, de la France et de l'Espagne, a pour but de maintenir les anciennes colonies dans la terreur; et ceux qui détiennent ici le pouvoir ne se cachent pas pour dire qu'en ayant pris soin d'entraîner la milice canadienne, ils pourront, avec elle et la flotte, garder pour toujours les colonies dans la sujétion''.( passage contenu dans une lettre anonyme écrite à Londres en juillet 1774).
    -''Eh quoi! nous les Américains, avons-nous dépensé autant de sang et de richesse au service de la Grande-Bretagne dans la conquête du Canada, pour que les Britanniques et les Canadiens puissent maintenant nous subjuguer.'' ( Josiah Quincy Jr, avocat bostonnais)
    -''Le roi a approuvé l'Acte de Québec qui prolonge cette province jusqu'à l'Ohio et jusqu'au Missisipi, y annexe près des deux tiers du territoire de l'Amérique anglaise et établit l'Église et l'idôlatrie romaine sur toute cette contrée...Il est étonnant que le roi, les Lords et les Communes , établissent aussi expressement le papisme sur les trois quarts de l'Empire.''( Le président du Yale College)
    Par ailleurs, une autre source prête à Bejamin Franklin, les propos suivants:''Trop, c'est trop! Après avoir été données aux Amérindiens(*allusion, me semble-t-il à la Proclamation royale!), voilà que les terres de l'Ohio sont cédés à ces foutus Canadiens. Nous n'avons plus rien à attendre de l'Angleterre. La colère et l'indignation me gagnent de jour en jour: Il faut faire l'indépendance! Vive les États-Unis d'Amérique libres!'' (N.B.: *= propos du soussigné ne faisant pas partie du texte cité).Cette même source prête à un certain Joseph Panet, qu'elle nous présente comme étant un colon canadien, ces autres propos:''Les 13 colonies voudraient que l'on se joigne à leur révolte, tandis que l'Angleterre nous fait des concessions pour qu'on lui reste fidèle. En fait, nous ne voulons ni des premiers ni du second: nous voulons vivre en paix tout simplement: La conquête nous a tant fait souffrir...''
    Certains des propos rapportés démontrent clairement que dans les anciennes colonies américaines d'alors, on se souvient encore des raids ravageurs que la milice canadienne et ses alliés indiens y ont jadis fait. Pourquoi les délégués du Congrès ont tant essayé d'inciter les Canadiens à les soutenir ou, à tout le moins, à demeurer neutres. Mais les Canadiens se méfiaent autant des Américains que des Anglais. Et, en ce sens, la réaction citée de Joseph Panet n'est pas surprenante. Mentionnons à ce propos que, quelque temps avant que les membres du Congrès américain ne fassent publier cette ''Lettre adressée aux habitants de la Province de Québec, ci devant le Canada, lettre datée du 26 octobre 1774 et signée de la main de leur président, monsieur Henry Middleton, leur promettant le respect de leur religion, des mêmes membres du dit Congrès de Philadelphie, dans une adresse au peuple de Grande-Bretagne, datée du 21 ocobre 1774, savoir 5 jours avant l'autre, déclaraient:''Nous ne pouvons nous empêcher d'être étonnés qu'un parlement britannique ait consenti à établir une religion qui a inondé de sang votre île et qui a répandu l'impiété, la bigoterie, la persécution, le meurtre et la rébellion dans toutes les parties du monde.''(information apparaissant à la page 290 du Boréal Express 1760-1810)
    Reste que cet Acte de Québec a agrandi cette province issue de la Conquête, même si les actes de 1791 et de 1840-1841 ont un peu rapetissé cet agrandissement. N'en demeure pas moins qu'au surplus, cet acte, une fois l'indépendance acquise, pourra servir à nous aider à récupérer le Labrador et à combattre un certain fractionnement de notre territoire, que chercheront, n'en doutons pas, à obtenir certains irréductibles Canadians. À ce propos, je suggère les lectures suivantes:
    1) ''L'entièreté du Québec: Le cas du Nord'', de Louis edmond Hamelin, Cahiers de Géographie du Québec, vol 42,no 115, 1998, p 95-110 que l'on peut truver sur le site suivant;
    http://id.erudit.org/iderudit/022712ar
    2) ''Les confins nordiques de la Provonce de Québec, selon l'Acte de 1774'', de jean-Paul Lacasse, septembre 1996, cahiers de Géographie du Québec, vol 40, no 110, p 205-220, que l'on peut retrouver à:
    http://id.erudit.org/iderudit/022568ar
    Ironie de toute cette saga: Le premier monument à être installée à Montréal, savoir un buste en marbre de Georges 111, inauguré le 7 octobre 1773 à la Place d'armes, ne survivra pas à l'invasion américaine(Novembre 1775-juin 1776): En effet le premier mai 1775, ce buste fut décapité et sa tête jeté dans un puits durant l'invasion américaine de Montréal. Ce qui en subsiste repose au musée Mcord. Quant à elle, ''la statue du même Georges-III à New York fut reversée par des patriotes enthousiastes le 9 juillet 1776 et on y fit le même jour pour la première fois lecture en cette ville de la Déclaration d'indépendance. Les 400 livres de plomb de la statue furent fondues pour faire des balles au service de l'indépendance.''( Le Boréal express 1760-1810, page 307)

  • Nicole Hébert Répondre

    19 novembre 2010

    Passionnant, Marie-Hélène,
    continuez, Messieurs/dame!
    Finalement je me félicite d'avoir, bien involontairement, provoqué cet enrichissant échange et de nouvelles interventions sur Vigile en interpellant M. Lacoursière! Et me voilà en train de me rattraper ici et en faisant, grâce à vous, de nouvelles lectures
    Comme de quoi...
    au plaisir, M.H,
    Nicole Hébert

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    19 novembre 2010

    Au sujet de la langue française, l'Acte de Québec n'a pas eu besoin d'exprimer quoique ce soit, nul besoin de consacrer une disposition particulière parce qu'à cette époque le Français était la langue officielle des communications internationales, la cour de Londres l'utilisait comme toutes les cours européennes, et les fonctionnaires anglais de la province l'employaient bien évidemment. Tous les Anglais appartenant aux classes supérieures de la societé revendiquaient leur culture française.. De même durant de nombreuses décennies les gouverneurs généraux anglais parleront français ..
    A remarquer, le traité de Paris de 1783 comme tous les traités d'ailleurs, n'était rédigé qu'en Français.
    Merci, cher Monsieur Sauvé, d'avoir pris le temps de venir nous apporter ces précieuses explications qui nous démontrent quel rôle la géopolitique a pu jouer et joue encore dans les évènements quels qu'ils soient.
    Merci pour toutes les références apportées par Monsieur Jean, permettant d'approfondir le débat autour de cet Acte de Québec. ..
    Monsieur Rhéal Mathieu, les Anglais effectivement avaient toujours voulu se rendre maître de la Nouvelle France depuis des décennies.. mais cela a réellement pris de l'ampleur avec leur premier ministre William Pitts . Ce dernier mit alors tout en oeuvre pour atteindre ce but, il misa sur une grande flotte anglaise puisqu'il avait bien constaté que sur terre, les soldats Français avec les milices canadiennes soutenues par leurs alliés Amérindiens, arrivaient presque toujours à faire reculer les troupes anglaises.. Mais monter un tel projet demanda un énorme budget à l'Angleterre... Lorsqu'effectivement après la chute de Louisbourg en 1758 puis la chute de Québec l'année suivante,l'Angleterre put investir Québec, les caisses de l'Etat étaient plus que vides !.. Certes ils avaient gagné leur pari de prendre la Nouvelle France, mais cela se retourna aussitôt contre eux.. Voulant alors faire rentrer de l'argent dont ils avaient le plus cruel besoin, ils ne trouvèrent rien de moins, que d'instaurer des taxes sur les colonies de Nouvelle Angleterre.. Cela mit effectivement le feu aux poudres, ces colons allaient devoir payer de nouveaux impôts, alors qu'ils n'étaient même pas représentés à la chambre de Londres. Ils demandèrent simplement ce qui ressemblait à du simple bon sens, alors jaillit la phrase célèbre "No taxation without representation" ... dont la suite nous est bien connue.. la révolte des colons anglais, la déclaration unilatérale d'indépendance en juillet 1776 au congrès de Philadelphie.. jusqu'au dénouement, avec la capitulation de Cornwallis à Yorktown, grâce à l'aide de la flotte française de l'amiral de Grasse, dans la baie de la Cheasapeake, qui non seulement défit la flotte anglaise arrivée à la rescousse, mais lui brûla plusieurs de ses vaisseaux.. .. Lorsque W. Pitts apprit que l'Angleterre venait de perdre ses colonies anglaises des bords de l'Atlantique, et qui plus est, grâce à l'aide de la France..il eut un malaise en plein parlement de Londres.. ce qui lui fut fatal, car il décéda quelques heures plus tard ..
    C'est vrai, nous pouvons effectivement nous demander pourquoi passe-t-on, généralement sous silence cet "unreported Parlement" ? Beaucoup l'ignore complètement n'en connaissant sans doute même pas l'existence.. N'est-ce pas curieux cette incroyable interdiction pure et simple de rendre les débats publics, suivie d'une plus grave interdiction encore, si expresse et si dure, afin que la moindre chose de ces débats ne transpire pas,et surtout que la population reste dans l'ignorance la plus totale. Les autorités anglaises craignaient-elles de réelles insurections et émeutes? Le risque semblait-il si grave qu'on pouvait aller jusqu'à des peines de prison pour les contrevenants? Nous n'en aurions sans doute jamais rien su si un lord anglais, Henry Cavendish, ne nous l'avait rapporté, et surtout n'avait pris des notes de tous ces débats, qui sont consultables encore aujourd'hui, au milieu d'autres débats de la même époque :
    Debates of the House of Commons, During the Thirteenth Parliament ... -

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010

    Il y a dans le contexte,de l'aide de la France au Etats Unis durant la révolution,un facteur important qui est très peu pris en considération.
    La France a durant cette guerre réactivé ses anciennes alliances avec les indiens de l'Ohio.Ces mêmes alliances que Washington a combattu au sein de l'armée britannique a peine une décennie avant.
    Georges Washington savait très bien que s'il utilisait trop l'aide d'un empire européen pour en expulser un autre il se retrouverait encore en position de faiblesse.
    Pour Washington l'Amérique devait appartenir aux américains et non pas être des colonies impériales.
    La France lors du traité de Paris n'a pas trop insister car les Etats unis pouvaient devenir un allié important pour faire contrepoids a la montée en puissance de l'empire britannique.
    Il faut dans cette guerre tenir compte aussi du rôle qu'ont jouer les intérêts des peuples autochtones.
    Comme tout conflits la guerre de sept ans et toutes les ramifications qui s'y rattachent sont très complexes.Elles doivent être étudier avec soin et patience.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010

    Cette loi constitutionnelle britannique, formulée par le gouverneur sir Guy Carleton, visait avant tout à solidifier le gouvernement de la Province de Québec dans l'Amérique septentrionale [Brown Foulds, 1987 : 12]. Annulant la Proclamation royale, l'Acte de Québec devait en outre corriger les difficultés et les lenteurs caractérisant depuis 1763 l'administration britannique en Amérique du Nord [Wynn, 1990 : 229]. Entré en vigueur le 1er mai 1775, il reçut la sanction royale le 22 juin 1774, au moment même où furent décidées les mesures marquant la répression du Boston Tea Party. Nous reviendrons d'ailleurs, en fin d'article, sur une étude de la perspective américaine de l'Acte de Québec. Le contexte canadien, qui nous intéresse au premier chef, laisse quant à lui voir une série de dispositions souvent favorables aux Canadiens français. La nouvelle constitution de la colonie accorde maintenant aux habitants non seulement un statut officiel pour leur langue et leur religion, mais les gratifie également d'une participation au gouvernement civil en plus de repousser considérablement les frontières de leur territoire. L'acte de 1774 dispense de plus les catholiques de la Province de prêter le très honnis serment du Test et, s'il remet à plus tard la création d'une chambre d'Assemblée et qu'il conserve la juridiction pénale anglaise, il n'en autorise pas moins la survie du droit civil français.
    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:
    http://cgi2.cvm.qc.ca/glaporte/1837.pl?out=article&pno=combat24&cherche=acte de quebec

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010

    Claude Bariteau
    16-04-2000
    Anthropologue, Université Laval. Communication présentée à l’occasion de la Commémoration du 225e anniversaire de l’Acte de Québec (1774) sous l’égide de l’Association d’études canadiennes. Cette commémoration s’est tenue le 15 novembre 1999 à la Bibliothèque nationale du Québec (1700, rue Saint-Denis, à Montréal).
    L’Acte de Québec voté au Parlement britannique en 1774 instaure une structure constitutionnelle différente de celle habituellement utilisée pour gouverner les colonies britanniques de peuplement. Elle préfigure le modèle de gouvernement des colonies britanniques peuplées d’étrangers ou d’indigènes, modèle qualifié ultérieurement d’Indirect rule[1].
    Voilà pourquoi j’ai avancé[2], comme d’autres d’ailleurs, que les pratiques particulières à l’Indirect rule furent expérimentées auprès des francophones de la Vallée du Saint-Laurent. Par la suite, elles ont connu des ajustements au Québec en 1791 et 1840, puis en 1867 lors de la création du Canada. Aujourd’hui, elles demeurent toujours présentes en dépit du rapatriement de la Constitution en 1982.
    Mon exposé débute par une mise en contexte de l’Acte de Québec. L’objectif est de remémorer, plutôt que commémorer, les motifs qui, à l’époque, justifièrent sa proclamation. Par la suite, j’aborde comment les pratiques instaurées par cet acte ont été réactivées pour contrôler la population de la colonie conquise. Cela m’amènera à mettre en relief certaines pratiques canadiennes et québécoises actuelles et à m’interroger, en conclusion, sur leur pérennité.

    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:
    http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=353&Itemid=99999999

  • Rhéal Mathieu Répondre

    18 novembre 2010

    Chère madame, vous devrier nous parler de ce « Unreported Parlement ».
    La plupart des historiens québécois, soit n'en parlent pas, où l'ignorent.
    Ce qui s'est passé ici et à Londres étaient alors tellement grave pour la survie de l'Angleterre que le roi dû émettre un "standing order" de huis-clos et de silence sur ce qui se pasait alors au parlement britannique, de peur que le peuple se soulève en Angleterre même.
    Les Anglais étaient venus ici pour éradiquer un État français et papiste : la Nouvelle-France.
    Et une fois l'armée française battue, ils se sont rendus compte que c'était une victoire à la Pyrrhus.
    À cause du facteur démographique, un facteur primordial en géopolitique, les Anglais ont dû reconnaître, pour se maintenir en Amérique du Nord, l'existence de la nation canadienne (québécoise) française, catholique et papiste, et ils ont dû reconnaître ses droits.
    Ce qui mit le feu au cul des Américains qui en plus, devaient payer de lourdes taxes pour payer la guerre de 7 ans.
    Cela eût pour effet d'alimenter le sentiment républicain des Américains et joua un rôle important dans le déclenchement de la Révolution. En conséquence, les Anglais perdirent toutes leurs colonies.
    Alors, est-ce que nos ancêtres ont vraiment raté une chance de se libérer des colonialistes anglais, au risque de disparaître sous le rouleau compresseur des Américains, ou bien s'ils ont tout simplement appliqué un des principes permanents de l'action : l’économie de l’effort.
    Malgré l'annexion de leur État, ils ont sauvé les meubles, c'est-à-dire l'essentiel pour perdurer : la langue, le droit français (les seigneuries, entre autres) et la religion qui leurs assuraient la cohésion nationale.
    Ils ont remis le combat final à plus tard. Et l'heure est peut-être maintenant venue.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010

    Acte de Québec
    (Quebec Act)
    Date de promulgation: 1774
    Sous George III, c. 83, Royaume-Uni
    La nouvelle Constitution de 1774 qui régissait la «province de Québec» agrandissait considérablement le territoire de la colonie en lui ajoutant la zone amérindienne créée en 1763, c'est-à-dire le nord de la province à partir du Labrador jusque dans la région des Grands Lacs. L'Acte de Québec rétablissait au Canada le droit civil (art. 8) et la liberté de religion (art. 5 et 7), mais en matière criminelle le droit anglais continuait de s'appliquer. L'Acte de Québec ne contenait aucune disposition linguistique, mais de façon implicite, les Canadiens de langue française se voyaient accorder par l'article 8 le droit d’utiliser le français dans la pratique de leur religion et dans les cours de justice pour les affaires civiles. La version française qui suit est une traduction de François-Joseph Cugnet S.F. (1720-1789), qui fut seigneur, juge, procureur général, grand voyer, traducteur officiel et secrétaire français du gouverneur et du Conseil de Québec.
    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:
    http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/cndconst_ActedeQuebec_1774.htm

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2010


    Chère Marie-Hélène Morot-Sir,
    L'explication géopolitique est simple et complètement dans la géographie et les communications.

    Au nord-est des Amérique, le Saint Laurent est une voie grandiose de pénétration vers l'intérieur mais presqu'inaccessible huit mois l'an par le Golfe. En saison, le fleuve n'est devenu navigable qu'au prix de canalisations coûteuses et répétitives. De nos jours, après 400 ans de développements, les 2000 kilomètres de rives du Golfe et du Fleuve comptent encore moins que huit millions d'habitants, la majorité étant concentrée dans les régions des villes de Québec,Trois Rivières et Montréal.
    Seuls les Normands, Bretons, Picards et quelques autres sont venus pour construire sur ces rives un espace de liberté qu'ils ne trouvaient pas en France, leurs côtes étant continuellement exposées aux raids en provenance d'Angleterre. Le pays du Québec aux hivers rudes qui protègent et isolent est sécurisant.
    Bien qu'ayant pris possession de toute l'Amérique du nord, Mexique excepté, l'Angleterre n'était intéressée que par le territoire des Treize Colonies, autrement plus habitable et riche que le Saint Laurent.
    En même temps, la guerre de Sept Ans introduisit en Europe une préoccupation nouvelle pour les pays de l'Est, notamment la Russie, dont le port nouvellement ouvert de Saint Petersbourg ouvrait la voie vers d'immenses richesses forestières et minières peu explorées. Ce conflit européen s'est traduit par une quatrième invasion de la Russie, cette fois par les Français en 1812. La première avait été celle des Tatares Mongols en 1223, la seconde celle des Suédois en 1709, la troisième celle des Japonais en 1905 et la cinquième celle des Allemands en 1941. C'est dire l'importance des matières premières de ce vaste pays qu'est la Russie.
    L'Angleterre, qui avait investi toutes ses forces en Europe et dans les Treize Colonies n'était pas en position de déporter les colons du Saint Laurent comme elle l'avait faite avec les Acadiens entre 1755 et 1760, époque au cours de laquelle Frédéric de Prusse avait initié l'unification des Allemands par le rassemblement des États prussiens sous une seule autorité et l'organisation d'une armée ultra-moderne pour l'époque. Le regroupement des Allemands en un seul grand État fut complété sous Bismarck en 1871, ce qui ne manqua pas de préoccuper la France et l'Angleterre et détourner l'attention de l'Amérique.
    Les efforts de la France et de l'Angleterre pour établir leur hégémonie en Europe exigèrent des investissements de plus en plus considérables en hommes, matériels et argent.
    Ajoutez les guerres coloniales sur quatre continents et vous comprendrez que les colons de Nouvelle France et de Nouvelle Angleterre ont été presque abandonnés, exception faite de l'Amérique Britannique du nord qui représentait peu d'intérêt, mais pouvait servir l'Angleterre en cas de débandade des États Unis.
    L'Acte de Québec s'inscrit dans ce temps faible pour l'Angleterre de l'époque, qui devint un temps fort pour nous qui étions sans défense. Ce contexte favorable s'est prolongé longtemps par la suite et de fait, il se maintient toujours.
    JRMS

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    18 novembre 2010

    Tout à fait d'accord avec vous Monsieur Rhéal Mathieu, même s'il est cependant intéressant d'examiner les différentes tentatives, pas seulement américaines mais également françaises ..
    Bien sûr, et c'est sans l'ombre d'un doute, les Américains avaient une autre idée derrière la tête, ils en auraient très volontiers fait la quatorzième province de leurs tout nouveaux états-unis d'Amérique .. Certains Canadiens se seraient bien laissé entraîner dans cette aventure, semble-t-il, ne voyant pas les suites sans doute, pensant seulement récupérer leur liberté, mais les Anglais veillaient, les représailles ne manquaient pas !..
    Ainsi que vous le décrivez, ils se sont alors soutenu les uns les autres dans cette grande adversité qui était la leur, avec le seul réconfort de leur langue, de leurs coutumes et de leur religion ..

  • Rhéal Mathieu Répondre

    18 novembre 2010

    Madame Morot-Sir,
    Bien sûr que l’Histoire du Passé et l’ Acte de Québec du 22 juin 1774, peuvent être expliqués par la Géopolitique.
    Votre lecture est la bonne, mais il vous manque une pièce du casse-tête.
    Que serait-il arrivé si les Canadiens (français) s'étaient raliés aux rebelles américains?
    Nous ne serions plus là pour en parler.
    Jamais les Américains n'auraient toléré un État papiste et français, la "Province of Quebec", contrôlant alors un territoire plus grand que les 13 colonies et les empêchant de progresser vers l'Ouest.
    http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Province_of_Quebec_1774.gif?uselang=fr
    Les Habitants n'ont pas bougés et ont utilisé les Britanniques comme bouclier, comme on peut faire dans la pratique des arts martiaux, quand on est attaqué par plusieurs adversaires.
    On en maîtrise un, et on le place entre nous et les autres. C'est alors lui qui mange les coups à notre place.
    C'est ce que les Habitants ont fait et ils se sont réfugiés dans l'Église pour préserver leur cohésion nationale.
    Pensez-y bien. N'eût été de cela, nous serions moins que des Louisianais.