Jeunesse et courage

Tribune libre - 2007

L’évolution du monde vient normalement de la pression d’une génération sur
celle qui la précède. Normalement. Statistiquement. En moyenne, quand
les aînés commencent à se retirer de l’action, les plus jeunes en profitent
pour user d’initiative, élaborer des plans, déployer de l’énergie pour
mettre en branle des projets d’avenir. Grâce à leur courage, ils
envisagent avec optimisme l’époque qu’ils vont se donner en améliorant les
conditions dans lesquelles ils ont grandi. On dit que les jeunes sont
braves, qu’ils foncent dans la vie avec confiance.
Cependant, dans une formule mathématique, une donnée statistique, quand il
est question d’une moyenne, c’est qu’il se trouve des individus en haut,
d’autres en bas de la moyenne. Ceci expliquerait que le mot jeunesse ne
rime pas toujours avec courage. Ainsi ne faut-il pas se désespérer de la
vogue actuelle de lettres de jeunes dans les journaux, de témoignages en
audiences publiques, de commissions jeunesse de partis politiques où des
jeunes se désespèrent du monde que leur laissent leurs aînés. Le jeune de
Côte-des-Neiges dit à ses parents : merci pour l’égalité mais maintenant,
pour les nouveaux arrivants, vous les brimez, je vais les accommoder; la
jeune auteure de la lettre de la semaine dans La Presse du samedi résume :
vous avez bossé fort pour construire un monde à votre idéal mais nous, nous
sommes nés dans un monde où tout a été fait; elle ajoute : ce monde parfait
que vous nous léguez, il s’écroule… Il ne nous reste plus qu’à nous
regarder le nombril; tout ce que nous pourrions proposer ne serait qu’un
amalgame de déjà vu…Nous restons là, blasés et impuissants… Et si nous
tentons de nous enlever la vie parce que l’existence qui nous est offerte
n’a pas de sens…
La jeunesse n’aspire-t-elle pas justement à prendre la relève? En
observant ce qui a été fait et ce qui reste à faire, n’exerce-t-elle pas
son jugement pour se tracer des objectifs, personnels et collectifs? Bien
sûr, cela demande du courage. Le courage de la jeunesse. Et la statistique
nous le dit : Du courage, certains jeunes en auront en bas de la moyenne.
Ce n’est pas méprisant de le dire : c’est comme pour les aînés, la loi de
la moyenne. Ce qui est peut-être nouveau cependant, c’est que les médias
omniprésents peuvent laisser croire à tous les jeunes que pour être
normaux, il faut qu’ils soient braves! Ils doivent escalader le
Kilimanjaro. Ils doivent s’enrôler pour l’Afghanistan. Ils doivent sauver
la nation.
Mais par la loi de la moyenne, tous ne sont pas appelés à
l’héroïsme. Et leur route moins flamboyante les mène à conclure que la
tâche est insurmontable. Si les médias omniprésents ne les faisaient pas
se sentir « looser », ils accepteraient sagement leurs limites sans tenter
de contaminer ceux qui dépassent la moyenne du courage. Les individus
génétiquement braves ne se laisseront sans doute pas influencer dans
l’entreprise de leur avenir mais le tapage de défaitisme peut les faire
douter parfois.
Une solution pour les hésitants, ceux qui blâment leurs parents, qui
voient leur avenir bouché, c’est souvent le voyage! Le voyage équitable.
Apprendre une troisième langue, visiter les pays en développement, observer
la réelle misère humaine, la ténacité des jeunes. Ça pourrait les aider à
relativiser la misère des riches : infrastructures négligées, listes
d’attente pour greffe gratuite de la hanche, dette d’un pays riche en
ressources naturelles gaspillées.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles

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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.





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