Jean Messiha : « Je vais porter plainte contre le président de SOS Racisme »

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Traiter de « chameau » un responsable arabe du RN est considéré comme de l'humour par les assos antiracistes


La semaine dernière, s’en est pris, une fois encore, à Jean Messiha, le comparant à un chameau. « Comparaison infamante pour les chameaux », a tweeté le président de SOS Racisme, . Jean Messiha réagit au micro de Boulevard Voltaire.



Vous avez été insulté par Yassine Bellatar. Les propos de l’humoriste ont été repris avec « humour » par le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Lorsqu’on est membre du RN , peut-on être victime d’attaque raciste sans que cela soit considéré comme du racisme ?


Le président de SOS Racisme ne fait pas d’humour. Jusqu’à nouvel ordre, et à ma connaissance, il n’est pas inscrit dans la catégorie des saltimbanques ou des intermittents du spectacle, même si son rôle se réduit à cela, politiquement, ces dernières années. Dominique Sopo est quand même le président d’une association financée par des deniers publics et dont la mission est de lutter contre le racisme. Avec ce comportement, il n’est pas dans le cahier des charges que l’État finance. Il n’y a pas de discrimination dans l’aide aux victimes du racisme. Il n’est pas écrit qu’en fonction de la couleur politique des victimes du racisme, l’association interviendra ou pas.

Dominique Sopo cautionne moralement et juridiquement les propos de Bellatar. Ceux-ci peuvent, en effet, bénéficier du doute puisqu’il est inscrit dans la catégorie des humoristes. Il peut donc faire valoir ce titre pour se livrer aux provocations les plus outrancières. Tel n’est pas le cas de Dominique Sopo. Si Bellatar s’était appelé Marcel Dupont, qu’il était un mâle blanc de plus de 50 ans et qu’il s’était permis le même genre d’humour à l’égard de minorités victimisées d’origine africaine ou maghrébine, je doute qu’il eût pu faire valoir son statut d’humoriste pour se livrer à un humour que tout le monde aurait condamné. On aurait eu 50 éditoriaux, le matin même, de gauchistes appelant au sursaut républicain. Il y a toujours un deux poids deux mesures dans ce genre d’humour et dans les personnes qu’il touche.


Lorsque vous vous rendiez chez CNews, un automobiliste vous a traité de « sale Arabe et sale Égyptien ». Selon-vous, qu’est-ce que révèle cette polémique du débat public ?


Les associations antiracistes et les humoristes diversitaires auront réussi à libérer la parole raciste en France. C’est assez cocasse ! Elles ont réussi là où aucune extrême droite, si fanatique et si extrémiste soit-elle, a réussi, et fort heureusement, ces dernières décennies en France.

Au-delà du cas de Yassine Bellatar et de Dominique Sopo, ces gens-là ne représentent pas qu’eux-mêmes. Yassine Bellatar avait été nommé par Emmanuel Macron. Il se sentait suffisamment proche d’Emmanuel Macron pour s’autoriser à l’appeler « mon frère ». Ces gens-là sont pris en exemple par des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes à travers toute la France. Lorsque des personnes jouant un rôle public s’autorisent à utiliser des expressions comme « bougnoule », « chameau » ou « tête de loukoum », qui sont par définition des expressions racistes, ils donnent une caution morale à tous leurs admirateurs qui utilisent les mêmes termes. Ils banalisent donc les mots racistes et les descriptions racistes d’un certain nombre de personnes.

Ils ont contribué à libérer la parole raciste en France. C’est particulièrement cocasse quand on sait que leur étendard est, précisément, le combat contre le racisme et l’intolérance…


Avez-vous porté plainte ?


Je vais porter plainte contre le président de SOS Racisme. Pour le reste, j’ai rendez-vous avec mon avocat conseil. Je sais bien que Yassine Bellatar va exhiber son rôle d’humoriste pour dire que c’était de l’humour. C’est vrai qu’en la matière, la jurisprudence est assez défavorable au plaignant, mais je vais quand même parler de tous ces incidents qui émaillent ma vie quotidienne depuis qu’il s’est autorisé ces termes à mon encontre. Je me fais régulièrement arrêter dans la rue et balancer un torrent d’insultes qui reprennent, comme par hasard, mot pour mot les insultes que Yassine Bellatar a prononcées sous couvert d’humour. Ce ne sont pas tellement les propos de Yassine Bellatar qui me posent problème, mais leurs conséquences dans ma vie quotidienne.