Rapports conflictuels au sein de l’agora publique

« Je me souviens »

Réflexion éthique sur la mémoire collective et ses avatars

Chronique de Patrice-Hans Perrier

À l’heure où nos gouvernements agitent le spectre d’un contrôle accru sur la circulation de l’information, la question de la mémoire refait surface avec une acuité renouvelée. Plus que jamais, ceux qui contrôlent l’information détiennent le pouvoir. Oubliant les leçons de l’histoire, plusieurs semblent avoir la mémoire courte au moment de composer ce billet.

« Je me souviens » constitue la devise officielle d’un Québec qui semble de plus en plus coupé de sa mémoire collective. Mathieu Bock-Côté, jeune sociologue et chroniqueur au Journal de Montréal, s’est fendu de plusieurs billets à propos de l’impérieuse nécessité de ne pas perdre cette mémoire qui est le fondement de l’identité collective.

Bock-Côté est monté aux barricades alors que les autorités fédérales voulaient débaptiser le pont Champlain, une opération susceptible, selon lui, de contribuer « encore un peu plus à l’évacuation de ce qui reste de la mémoire de la Nouvelle-France dans le paysage public québécois ». Poursuivant sur sa lancée, il nous prévenait que « la Nouvelle-France demeure le moment fondateur de la nation québécoise. Continuer de nommer la réalité québécoise à partir des grands symboles qu’elle nous a laissé, consiste à rappeler la nature vivante de ce lien, aussi ténu soit-il dans une société toujours heureuse de s’immoler culturellement devant l’autel du présent perpétuel ».

À propos d’amnésie

Chez les anciens grecs la mémoire était considérée comme une déesse : elle s’appelait Mnémosyne. Clef de toutes les connaissances, la mémoire déliait ses fils comme une infinité de rivières irrigant le fleuve de l’histoire. Généalogie de ceux et celles qui se sont « illustrés » au gré d’événements fédérateurs, l’histoire représente le grand livre de la mémoire collective. Mais, il y a histoire et histoire … plusieurs observateurs perspicaces ayant eu le courage d’affirmer que, seuls, les vainqueurs écrivent l’histoire. C’est ce qui explique, peut-être, le fait que notre « Révolution tranquille » soit presque devenue une mythologie postmoderne gommant l’histoire ancienne, celle d’une Nouvelle France morcelée par une suite de conquêtes successives.

Dans l’ancien temps, avant une « révolution tranquille » qui ne représente qu’un aberrant oxymore dans les termes, la fabrique, où siège citoyen des paroisses, préservait les « fonds baptismaux », sortes d’archives qui ont permis à la généalogie des Canadiens français d’être transmise aux générations futures. Ainsi, lieu de rassemblement des fidèles, mais tout autant des citoyens, la paroisse agira comme l’élément constitutif des premiers villages, puis des villes. Bien plus qu’un instrument d’endoctrinement catholique, la paroisse demeure, envers et contre tous les manipulateurs de l’histoire, la première « agora » de la nation québécoise.

La fuite en avant

Depuis les années 1960, le centre d’achat aura remplacé le parvis de l’église comme agora populaire et nos urbanistes n’ont toujours pas réussi à retisser des liens susceptibles de rendre la ville aux piétons. L’automobile servant de véhicule aux consommateurs avides de « nouveauté », c’est le promeneur qui a été laissé pour compte dans toute cette histoire qui n’en est plus une. En effet, la police des esprits table sur l’éternel « circulez ! » pour évacuer toute réflexion sérieuse au sein d’une agora qui ressemble à s’y méprendre à un plateau de télévision.

Qu’est-ce qui distingue un plateau de TV d’une place publique ? C’est bien simple : ceux qui participent à « Tout le monde en parle » savent qu’ils sont filmés et qu’ils pourront, ultérieurement, être pris à parti pour certains dérapages verbaux. D’où cette écoeurante unanimité, tout sauf une manifestation de communication spontanée, qui suinte dans le sillage des « ébats télévisuels ». À contrario, les paroissiens parlaient de tout et de rien sur le parvis de l’église, et poussaient l’ironie jusqu’à critiquer ouvertement le sermon du curé de service.

C’est donc dire qu’il y eu une époque où les débats publics étaient découplés du discours officiel (que ce soit celui de l’Église catholique, des politiciens ou des élites universitaires, par exemple). De nos jours, à l’heure de la « religion cathodique », l’œil de la camera voit tout, enregistre tout et transmet tout. En prime time. D’où la propension de nos contemporain à se tortiller le cul, toujours à la recherche d’une posture convenable à adopter. La posture (média) remplace ce que nous aimerions dire (médium) en définitive.

Une histoire sur commande

Nous sommes à l’heure de la communication cosmétique, du gommage de la mémoire collective. C’est ce qui explique, sans l’ombre d’un doute, l’empressement de la classe politique à récupérer un événement afin de relayer les consignes d’usage aux prescripteurs de la classe médiatique qui feront en sorte que les quidams comprennent rapidement quelle posture adopter. Ainsi, la tristement célèbre « affaire Charlie Hebdo » aura cédé la place à une opération de communication menée à la vitesse de l’éclair. Du jour au lendemain, un énorme fait divers devenait une « affaire nationale » et, le surlendemain, appartenait, déjà, aux anales de l’histoire.

Entre l’événement et sa représentation par les circuits officiels, une manifestation « nationale » aura permis de récupérer la juste indignation d’une partie de la population afin de générer un vent de panique, détonateur qui a fait ses preuves lorsque vient le temps de fabriquer du consentement collectif. Une fois le bouton du détonateur pressé, il devenait périlleux de critiquer le « narratif » des événements du 7 janvier dernier. La presse aux ordres des prescripteurs officiels (conseillers en communication, en sécurité ou en éducation, voire en rééducation) s’est mise à lancer des anathèmes dans le cadre de ce qui s’apparente à une « chasse aux sorcières » nouveau genre.

Que s’est-il passé entre les années 1960 et aujourd’hui ? C’est bien simple. À l’époque de nos vaillants révolutionnaires pantouflards il était permis, et même recommandé, de critiquer l’histoire « officielle », celle qui célébrait l’épopée d’une nation en train de se coaguler, de naître. Les historiens, pour ne pas les nommer, qui avaient été formés par le « cours classique » étaient devenus suspects, montrés du doigt par les tenants d’une modernité qui entendait réécrire l’histoire, rien de moins. Curieusement, en 2015, les politiciens ont remplacé les historiens (toutes catégories confondues) et ils se mettent à écrire une histoire qui ressemble à un programme préélectoral. Un rappel à l’ORDRE qui ne s’ «enfarge pas dans les fleurs du tapis » pour marteler que ceux qui détiennent le pouvoir sont ceux qui ont le droit d’écrire l’histoire.

La dérive totalitaire

À l’époque où les Mark Twain de ce monde témoignaient des actualités, dans un contexte où les premiers journalistes étaient qualifiés d’ « historiens du quotidien », la circulation des idées ne se faisaient pas en boucle fermée. L’imprimerie, après avoir permis la libre circulation d’une Bible publiée en langage vernaculaire, se mettait de la partie pour que les témoins oculaires d’une époque puissent participer à une narration qui échappait encore au totalitarisme. Les patrons de presse n’avaient pas encore lancé la serviette au profit des « groupes de presse » et des « publicitaires », ancêtres de nos prescripteurs actuels. Les faits courants n’étaient pas simplement recensés, commentés ou analysés, ils pouvaient, même, donner lieu à de mémorables batailles d’interprétation.

De nos jours, à l’heure de l’ubiquité d’Internet, la « presse aux ordres » attend les directives du gouvernement avant de publier quoi que ce soit et les voix discordantes sont immédiatement qualifiées de « conspirationnistes ». Ce néologisme traduit bien la méthodologie du nouveau totalitarisme des pensées. Le pouvoir (et tous ses relais) prend appui sur certains événements pour mettre en place une grille de lecture (un narratif) qui déterminera ce qui peut être analysé et ce qui n’a pas droit de cité dans cette enceinte médiatique qui fait penser à un prétoire. Le prétoire de la nouvelle inquisition de la pensée.

L’histoire qui, naguère, se nourrissait des innombrables témoignages et qui pouvaient, dans certains cas, être réécrite en partie, redevient une science. Cette même science baptisée « matérialisme historique » qui aura permis à l’impitoyable dictature stalinienne d’emprisonner, de traiter et, in fine, de détruire la conscience de ceux qui auront osé défier le narratif officiel. Désormais, l’histoire est un instrument de façonnement de la conscience, pseudoscience d’une « dictature soft » qui est en train de nous asphyxier lentement, mais surement.

Comble de l’abrutissement, certains relais – de cette gouvernance mondiale qui se met en place – ont décrété, depuis peu, que l’histoire comporte des événements qui sont sacralisés, devenant intouchables et indiscutables. Cette focalisation sur certains narratifs de l’histoire fait en sorte que cette discipline passe de la pseudoscience à la religiosité. C’est alors que la foule des consommateurs replets (qui ont le ventre plein et la conscience vide) est avisée qu’il n’existe qu’une seule histoire. Celle que dicte un pouvoir qui est de moins en moins « soft ».

Ici et maintenant

Sommes-nous nostalgiques du passé ? Réactionnaire ou tout simplement incapables d’assimiler les impératifs d’un progrès qui nous échappe ? Que nenni ! On ne refait pas l’histoire et on ne peut pas marcher à reculons. L’histoire est un fleuve et les historiens véritables tentent, tant bien que mal, de ramer contre vents et marées. Quelques fois, nous n’avons pas le choix que de ramer à contrecourant, pas pour nier l’histoire, mais bien pour tenter de repêcher une partie de nos précieux vivres ayant sauté par-dessus bord. Et, il nous arrive, de temps en temps, d’accoster sur une île déserte. Le temps de reprendre nos forces et nos esprits. Parce qu’il faut du temps pour prendre conscience de « ce qui se passe » autour de nous. C’est ce qui explique le fait que le présent ne soit, presque toujours, qu’une répétition du passé. La suite logique des événements. Encore faudrait-il savoir pourquoi certains événements ont-ils préséance sur d’autres.

Squared

Patrice-Hans Perrier181 articles

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Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les Affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. De fil en aiguille, il a acquis une maîtrise fine de l’analyse critique et un style littéraire qui se bonifie avec le temps. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar des Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs. Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant de passer au genre littéraire. De nouvelles avenues s’ouvriront bientôt et, d’ici là, vous pouvez le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com





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5 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    4 février 2015

    Si vous permettez une précision M. Perrier.
    Ce qui a gêné et qui gênent encore les libéraux à propos de « 1962 », ce n’est pas la nationalisation de l’hydroélectricité elle-même, qui fut finalement peu de chose, même si l’opération financière a eu une portée économique considérable.
    Une nationalisation, on peut toujours revenir dessus, et c’est bien ce qu’ont tenté de faire les libéraux de Jean Charest, toujours tentés qu’ils sont encore avec Couillard, toujours tentés qu’ils sont d’y revenir sur cette nationalisation. Hydro-Québec n’est pas à vendre, mais pourrait l’être si…
    Ce ne sont pas ni Hydro-Québec ni la nationalisation qui sont au fond de l’affaire de « 1962 ».
    « 1962 », c’est la première prise de parole « Officielle » du peuple québécois à l’occasion d’une élection, qui fut une élection référendaire. C’est cela que les libéraux et tout le West Island n’ont jamais digéré et qu’ils se sont empressés de prévenir. Et c’est la raison pour laquelle, beaucoup plus tard sur Vigile, l’empressement de Claude Morin de se dissocier de toute pertinence d’une élection référendaire à propos de l’Indépendance est devenue suspecte : la vérité, c’est que son indépendantisme du début des années 70 procédait d’un référendisme qui avait lui-même beaucoup en commun avec la démarche élitiste des « fédéraux » des années 60.
    Ce que n’a jamais digéré le West Island- et ne digèrera jamais parce qu’il ne le peut pas- ce n’était pas la « nationalisation » elle-même, c’est que le peuple québécois se soit mêlé souverainement de ses affaires par le moyen d’une élection (référendaire).
    Et ce n’est pas par hasard non plus que les « fédéraux » sont apparus pas très longtemps après, dès 1964, avec une formule d’amendement de la constitution (Fulton-Favreau). C’était précisément pour reprendre l’initiative, cette fois loin au dessus de la tête du peuple, manière d’usurper pour eux seuls (les fédéraux) la parole que le peuple québécois avait eu l’outrecuidance de prendre en « 1962 »
    La Révolution Tranquille n’est pas ce qu’on s’est imaginée. Et penser encore en 2015 qu’elle aurait débuté en 1960, avec l’effondrement de la magnificence de l’Église, relève de la plus pure fantaisie, celle qui provient précisément de tous ceux-là qui se sont toujours méfiés du peuple québécois… pour leurs seuls profits.
    Comme il est arrivé souvent dans l’histoire, la Révolution Tranquille est une autre de ces révolutions trahies. Les indépendantistes qui mangent de ce pain-là se sont tous étouffés plus tard, comme Claude Morin, et notre Cause en a piétiné d’autant.

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    2 février 2015

    Merci Monsieur Haché de nous rappeler l'importance capitale de la nationalisation de l'hydroélectricité.
    Mon approche critique, vis-à-vis de la lecture de l'histoire par les médias et les politiques, ne nie pas le fait qu'il se soit passé des événements importants à partie de 1960. Non, mais cette approche remet en cause la césure, ou coupure épistémologique, qui a la prétention de nous faire accroire qu'une nouvelle ère a débuté à cette date.
    Certains milieux - Cité libre, mais tout autant Parti pris, par la suite - ont décidé de broder le mythe historique d'une « révolution tranquille » utilisée comme concept opératoire destinée à nous couper de nos racines.
    Donc, je ne remets pas en cause certains événements qui se sont passés à cette époque, c'est cette « lecture » historique que je dénonce.
    Il ne faudrait pas oublier que la CSN demeure la continuité d'un syndicat mis en place par l'Église catholique dans la première partie du XXe siècle et que Monseigneur Charbonneau a pris le parti des grévistes de la mine d'Asbestos vers la fin du règne de Duplessis.
    Mais, même Duplessis représente un nationaliste s'inscrivant dans la mouvance d'une autonomie en devenir, ancêtre de nos désirs de souveraineté.
    Duplessis laissait les multinationales américaines s'accaparer de nos richesses naturelles, en espérant que cette opération puisse générer un effet de levier susceptible d'aider nos entrepreneurs locaux.
    Il ne comprenait pas l'importance de la maîtrise de nos ressources naturelles et des sources d'énergie potentielles afin de façonner un cadre de libération économique.
    Duplessis s'inscrit donc en continuité avec le désir d'épanouissement de la nation, mais il s'agissait d'un autocrate qui ne maîtrisait pas le langage économique.
    Jean Lesage, puis Daniel Jonhson père, ont poursuivi cette quête d'émancipation économique, mais en y ajoutant cette dimension théorique et stratégique qui échappait totalement à Duplessis.
    Comprendre cela ne signifie pas nier le début des années 1960, mais bien remettre les choses à plat, au moyen d'une autre perspective, et avec l'intention manifeste de mettre à bas le concept galvaudé de « Révolution tranquille ». Un concept opératoire manifestement mis en orbite par les ennemis de la nation québécoise.
    Merci à vous tous pour vos commentaires éclairants.

  • Marcel Haché Répondre

    2 février 2015

    … « jusqu’à ce que les concessions de la révolution tranquille viennent créer le concept des deux nations fondatrices à des fins politiques. ». Gilles Verrier.
    Exactement, vous avez raison Gilles Verrier. Et c’est encore à des « fins politiques », de haute politique, que toute une intelligentsia de perroquets a repris cette fable inventée par les fédéralistes, et selon laquelle la Révolution Tranquille aurait pris son envol sur les décombres de la dictature des curés.
    En réalité, il ne s’est rien passé d’original ni d’exclusif au Québec à l’époque, au début de notre Révolution Tranquille, si ce n’est ceci, mais ceci et cela sont de taille : la formidable année « 1962 », alors que tout un peuple a décidé avec beaucoup de naturel de prendre ce qui lui appartenait, et qui avait été jusque là réquisitionné par le West Island. Je parle de la nationalisation et le lancement moderne d’Hydro-Québec.
    Ce sont les fédéralistes les premiers qui ont toujours mis en veilleuse 1962.Et d’autant plus par la suite qu’ils ont toujours cru que René Lévesque leur avait forcé la main à l’époque.
    C’était plus facile d’inventer cette fable, en effet, que la Révolution Tranquille avait débuté en 1960. C’était tellement plus facile d’accuser les curés, désormais sans défense, que de faire la nique au West Island.
    Rien n’a beaucoup changé depuis. Les indépendantistes sont aussi timorés que les fédéralistes aussitôt qu’il est question du West Island. Mais ça, c’est une autre histoire.

  • Gilles Verrier Répondre

    1 février 2015

    Je rebondis sur cet aspect :
    L'auteur écrit : Bock-Côté est monté aux barricades alors que les autorités fédérales voulaient débaptiser le pont Champlain, une opération susceptible, selon lui, de contribuer « encore un peu plus à l’évacuation de ce qui reste de la mémoire de la Nouvelle-France dans le paysage public québécois ». Poursuivant sur sa lancée, il nous prévenait que « la Nouvelle-France demeure le moment fondateur de la nation québécoise.
    Si la Nouvelle-France (1608 - date qu'on peut admettre comme étant la plus tardive) est le moment fondateur de la nation québécoise, comment peut-on rigoureusement parler de deux nations fondatrices (dans le sens européen du terme), alors que la fondation du Canada est le produit de la France et de son extension Néo-française et pas d'autre chose ? Une fondation qui s'étend sur deux siècles et demi, au minimum sur un siècle et demi si l'on veut faire abusivement de la Conquête une rupture sociologique-culturelle-religieuse, en plus d'une rupture politique, soit une rupture totale de cette fondation qui se poursuivit pourtant ensuite dans l'occupation continue et obstinée du sol. Le croire, serait croire que l'acte militaire de la Conquête, inspirée par la géo politique européenne plus que par le désir de fondation comme ce fut le cas pour la Nouvelle-France, aurait été l'acte de naissance d'une deuxième nation fondatrice; un acte de fondation avec les canons mais sans population, cent cinquante ans plus tard ?!
    Le concept des deux nations fondatrices, introduit au cours de la révolution tranquille et popularisé par Daniel Johnson pour se donner des arguments de négociation envers le Canada (ceci pourrait être précisé), rend compte, au mieux, d'une réalité ultérieure, celle qui apparut après l'Acte d'Union (1840).
    Sans aucune animosité vis à vis des Anglais, mais par souci de rigueur historique, le Canada est fondé par une nation, une seule, qui a toujours combattu pour son exclusivité fondatrice jusqu'à ce que les concessions de la révolution tranquille viennent créer le concept des deux nations fondatrices à des fins politiques. En toute logique et en toute rigueur historique, il y aurait deux nations fondatrices que si l'histoire du Canada commence en 1840 (début de la minorité des Canayens) ou en 1867, ce qui est antérieur serait inexistant et sans signification. Sans dire que dans le sens le plus profond le Canada ne serait fondé pour lui-même que par l'indépendance du Québec, il faut reconnaître que la nation fondatrice est la nation néo-française-québécoise; les deux nations apparaissent ensuite, superposées, inégales et rivales pour la domination politique sur une portion du territoire canadien réduite aujourd'hui à la province de Québec. Le concept des deux nations fondatrices est un exemple de la ré-écriture de l'histoire par ceux qui ont le pouvoir d'imposer leur version au mépris des faits.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 février 2015

    Sur le rôle de l'Église de Rome, comme institution politique majeur dans notre histoire. Où ces institutions qui ont constitué l'armature de notre État qui nous a permis de conserver notre cohésion nationale.
    Mon émission sur Radio infocité :
    http://radioinfocite.com/emission/17-12-2014JDS.mp3
    JCPomerleau