Des documents obtenus par notre Bureau d’enquête montrent qu’en plus de jouer son rôle officiel de directrice du financement, Mme Trépanier était un véritable guichet d’accès au pouvoir.
Tenir les cordons de la bourse du PLQ semblait une tâche loin d’être ennuyante pour celle qui œuvrait au financement avec Marc Bibeau, qu’elle surnomme à la blague son «boss».
«Je croule sous les piassesssss» (piastres), écrit-elle dans un courriel dont nous avons pris connaissance. Dans d’autres communications, elle souligne qu’elle fréquente tellement les «clubs privés» qu’une troisième carrière pourrait s’offrir à elle, soit «analyste de petites bouchées».
Voici quelques exemples qui montrent à quel point elle était sollicitée de toutes parts:
Un numéro de projet
Dans un courriel envoyé en 2008, l’architecte et donateur libéral Christian Bisson a transmis à Mme Trépanier le numéro d’un projet pour la construction d’un nouveau CLSC à Montréal. Sa firme a ensuite réalisé l’architecture du bâtiment.
Le document ne permet pas de voir si la directrice du financement a joué un rôle dans l’octroi de ce contrat. M. Bisson n’a pas voulu commenter lorsque nous l’avons joint au téléphone.
Des CV envoyés à «Mme Post-it»
En 2008, Mme Trépanier a demandé à Diane Blais, du cabinet comptable Ernst & Young, plusieurs noms de candidats pour des conseils d’administration de sociétés publiques.
La directrice du financement transférait ensuite des candidatures à Chantal Landry, du bureau du premier ministre Jean Charest. Mme Landry a été surnommée «Mme Post-it» lors de l’enquête de la commission Bastarache, parce qu’elle inscrivait l’allégeance politique des candidats au poste de juge sur des petits papiers jaunes.
Diane Blais a travaillé chez Ernst & Young de 1988 à 2011. En 2015, elle a été nommée présidente du Centre de la Francophonie des Amériques par le gouvernement Couilllard. Elle n’a pas répondu à notre demande de commentaires.
Administrateurs en lien avec Bibeau ou Trépanier
Trois proches du PLQ ont expliqué à la police que leurs liens avec l’influent argentier du parti, Marc Bibeau, n’étaient pas étrangers à leurs nominations au conseil d’administration de la Société immobilière du Québec (SIQ)
- Marcel D. Legault a siégé au CA de la SIQ de 2004 à 2007 après avoir organisé des activités de financement pour le PLQ. Il a dit aux policiers que c’est après avoir parlé de ses disponibilités à Violette Trépanier et Marc Bibeau qu’il a reçu un appel pour ce poste d’administrateur.
- Serge St-Jean a quant à lui été au CA de la SIQ de 2003 à 2013. Il a dit aux enquêteurs que c’est son «ami Marc Bibeau» qui lui a parlé de cette nomination.
- Karl Mansour a siégé sur ce CA de 2004 à 2007. C’est son beau-frère à l’époque, un proche collaborateur de Marc Bibeau, qui lui avait parlé du poste, selon ce que M. Mansour a dit aux enquêteurs.
Un solliciteur envoie des CV
Serge Lebel, avocat pour la firme BCF, a été solliciteur de dons pour le PLQ. Mais à quelques reprises, il a communiqué avec Mme Trépanier pour des sujets autres que le financement politique, soit pour contacter un ministère ou pour l’envoi de CV.
La firme BCF nous a répondu que M. Lebel ne pouvait pas commenter publiquement toutes nos informations puisqu’elles relèvent de dossiers clients. Concernant les envois de deux CV, il croyait que «Mme Trépanier était en mesure de transmettre les CV qui lui étaient acheminés à qui de droit pour études par les autorités appropriées».
Les deux candidats avaient les compétences requises, selon lui. Ils n’ont pas été nommés.
Me Lebel siège aussi au conseil d’administration de Loto-Québec depuis 2003.
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