Les montants d'argent sont plus gros, la couche d'asphalte est plus épaisse, mais le fond du problème est le même que sous Maurice Duplessis à une autre époque. Il y a ceux qui s'en mettent plein les poches et ceux qui les regardent faire sans rien dire. Nous en sommes là, encore une fois.
Le public découvre, incrédule, que les règles d'éthique les plus élémentaires auxquelles il tient dans l'exercice du pouvoir sont bafouées sans retenue, et qu'on se moque de lui sous son nez. Le pire constat que nous ayons fait, c'est de découvrir que nos trois ordres de gouvernement, le municipal, le provincial et le fédéral, sont lamentablement atteints et que la guérison n'est pas évidente. Il faudra, le plus rapidement possible, une personne ou un groupe au-dessus de tout soupçon pour redonner confiance à une population qui n'en peut plus d'écarquiller les yeux devant ce qu'elle apprend. Autrement, le cynisme emportera le peu qu'il nous reste de foi.
Au Québec, le comportement de Jean Charest concernant les problèmes d'éthique que connaît son gouvernement ne laisse rien présager de bon pour l'avenir. Dans son cas, en plus, l'exemple vient de haut puisqu'il s'est lui-même placé dans une situation inconfortable en acceptant de toucher, on s'en souviendra, un supplément de revenu de 75 000 dollars de la part du Parti libéral pour le poste de chef qu'il occupe, salaire qui s'ajoute à celui de premier ministre du Québec. On ose espérer que tout son revenu a été déclaré au fisc en bonne et due forme chaque année.
Les accommodements déraisonnables permis par Jean Charest à certains de ses ministres -- leur permettant de ne pas se départir complètement de certains de leurs actifs -- ne cessent de créer des entorses à la totale liberté d'esprit et d'action que doit avoir un ministre pour bien s'acquitter de ses fonctions. Le cas David Whissell montre bien qu'il n'est jamais possible que la main gauche fasse semblant d'ignorer ce que fait la main droite et que les conflits d'intérêts finissent toujours par avoir des effets secondaires.
Quand on en arrive à jeter un sous-ministre dans la fosse aux lions pour expliquer pourquoi un contrat d'asphaltage a été attribué sans appel d'offres à une entreprise dont un ministre est toujours partiellement propriétaire, comme ç'a été le cas récemment, c'est qu'on pêche en eau trouble. Un ménage s'impose. Le seul à penser le contraire, c'est Jean Charest lui-même.
Les exemples de manquements à l'éthique sont si nombreux qu'on ne sait plus par où commencer. Le cas du dirigeant d'Hydro-Québec Thierry Vandal est un bon exemple. D'où ce monsieur tient-il le droit de décider quelles écoles vont être soutenues par l'État? Et pourquoi en favoriser quelques-unes qui, par hasard, émergent du privé, plutôt que les autres du public?
L'Ontario, qui vient de congédier toute la direction de son organisation des loteries, nous donne envie d'aller faire un tour chez Loto-Québec pour voir QUI ils soutiennent avec notre argent. Et la SAQ? Est-ce que ces entreprises si rentables savent encore ce que le mot «éthique» signifie?
Le premier ministre Stephen Harper, lui, selon des chiffres récents, aurait nommé 3000 conservateurs, à qui il devait reconnaissance, à des postes importants et bien payés. Pourquoi se gêner? Même formant un gouvernement minoritaire, ce qui devrait nous protéger de ces abus de pouvoir, il a foncé comme il l'a fait pour nommer des amis sénateurs récemment.
Le scandale des commandites, l'oeuvre des libéraux du Canada, n'a pas suffi à donner à Ottawa un sens de l'éthique qui placerait les partis canadiens à l'abri de ces abus. La leçon n'a pas servi. Il est probable qu'on continue à payer des factures de restaurant, des voyages en avion, mille et une petites choses complètement farfelues que la vérificatrice générale se fera un devoir de nous souligner dans son prochain rapport. Est-ce que ça changera quelque chose? Probablement pas. Il faudrait une vraie volonté pour que ça change.
Quant au municipal, nous sommes en pleine campagne électorale partout au Québec. C'est le temps de poser des questions et de faire le ménage quand il s'impose. Si vous choisissez de vous fermer les yeux, de vous dire que vous n'irez pas voter, vous allez leur donner carte blanche pour les années qui viennent. Quand vous entendrez parler d'une histoire de compteurs d'eau vous ne pourrez rien dire, car en ne votant pas, vous aurez perdu, d'une certaine façon, votre droit de citoyen de vous en mêler.
Au fond, moins le citoyen joue son rôle de citoyen, plus il choisit de se taire, plus les mauvais politiciens font ce qu'ils veulent. Je dis «mauvais», car il y en a aussi des bons. Il faut les trouver. C'est pour ça qu'il y a des campagnes électorales. Pour faire le tri.
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