Au lendemain de la déroute des Républicains aux européennes (8,48%), plusieurs cadres du parti ont appelé à une refondation de la ligne politique du parti. Un Bureau politique est prévu ce lundi soir à Vaugirard.
Chez Les Républicains, la déroute des européennes est difficile à avaler. D’autant que les 8,48% - un score historiquement bas pour la droite, qu’il s’agisse du RPR ou de l’UMP - synonymes de déconfiture viennent contredire les récents sondages, qui plaçaient la liste quelques points plus haut, entre 11% et 13%. Ainsi, après s’être serré les coudes jusqu’à dimanche, l’heure de la remise en question semble avoir sonné pour les ténors de LR. Dès dimanche soir, le président du Sénat Gérard Larcher jugeait du résultat qu’il «impose une remise en question profonde» et que le parti «devra repenser sa ligne politique». Ce lundi matin, plusieurs de ses collègues l’ont imité. Certes, tous ne vont pas aussi loin que Valérie Pécresse, qui a déclaré qu’elle «démissionnerait» si elle était «à la place de Laurent Wauquiez». Mais de nombreuses voix s’accordent pour regretter la stratégie privilégiée lors de cette campagne européenne.
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À commencer par le directeur de campagne lui-même. Invité de France Inter ce lundi matin, Geoffroy Didier a laissé apparaître ses critiques au grand jour. Pour lui, «la droite doit faire sa révolution mentale et idéologique». «Si nous ne le faisons pas, nous mourrons», a-t-il martelé. À ses yeux, l’avenir de LR «ne peut pas être d’être contre l’IVG» - une référence à l’opposition «personnelle» de François-Xavier Bellamy sur le sujet. Geoffroy Didier a également regretté les conséquences du positionnement de la tête de liste LR au sujet du cas Vincent Lambert. «Nous avons perdu un point lorsque François-Xavier Bellamy a commencé à faire revenir son conservatisme sociétal en disant devenir un acteur de l’histoire sur Vincent Lambert», a-t-il déploré.
«Il faut tout changer»
Si Geoffroy Didier est le seul à s’en prendre - indirectement - à la tête de liste de 33 ans, ses positions concernant les mauvais points de la campagne semblent partagées chez les cadres de LR. «Le conservatisme sociétal et les thématiques identitaires peuvent-ils suffire pour gagner une présidentielle?», s’est interrogé le vice-président du parti, Damien Abad, dans Paris Match . Le député de l’Ain se positionne d’ailleurs en faveur d’un retour vers «un électorat modéré, attaché aux questions économiques, sociales et environnementales». Autant de sujets qui ont été relégués au second plan de la campagne de LR ces derniers mois, au profit des questions d’immigration, des frontières, et des «racines judéo-chrétiennes» de «l’Europe civilisation».
Désormais, au vu du résultat final, il faut «tout refonder et tout rebâtir», a plaidé sur Twitter le député Guillaume Peltier, réclamant «des idées vraiment nouvelles» au sein de LR. Tout comme son collègue Éric Woerth, qui a estimé qu’il fallait «tout changer» car le parti n’est «pas loin de disparaître». «Il faut changer notre méthode de gouvernance et rompre avec une stratégie qui nous exclut», a ajouté le président de la commission des finances de l’Assemblée au micro de LCI. «Balayons devant notre porte, sans faux-semblants, lucidement. Droite en danger!», a pour sa part tweeté le député Philippe Gosselin. Ce lundi, LR a enfin vu le secrétaire départemental parisien Geoffroy Boulard quitter l’organigramme du parti. Le maire du XVIIe arrondissement de Paris - qui a vu la liste LREM terminer en tête avec 39,89%, loin devant la liste LR arrivée troisième à 14,95% - a annoncé la nouvelle par communiqué. Puis, dans l’après-midi, c’était au tour du sénateur Pascal Allizard de démissionner de son poste de président de la fédération du Calvados. Dans un communiqué, il a notamment pointé du doigt la mise en avant de «débats sociétaux» qui «ont fini par brouiller [le] message» de LR.
Les premières réponses aux interrogations internes devraient arriver dès ce lundi soir: LR se réunit en bureau politique à 18 heures, en présence, notamment, de Laurent Wauquiez. Selon nos informations, Bruno Retailleau et Gérard Larcher ne souhaitaient pas s’y rendre, mais ils hésitaient encore à l’heure du déjeuner. Au contraire de Valérie Pécresse, qui prendra bel et bien place autour de la table à Vaugirard en fin d’après-midi.
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