Le président américain Donald Trump a couvert d'éloges mardi son homologue français Emmanuel Macron tout en soulignant, de manière abrupte, leur désaccord sur le dossier nucléaire iranien sur lequel les Européens espèrent le faire évoluer.
«Cet un accord fut un désastre», c'est un texte «dément» et «ridicule», a martelé le président américain avant même le début de son tête-à-tête avec M. Macron dans le Bureau ovale.
«Il n'aurait jamais dû être conclu», a-t-il martelé sous le regard du président français.
En campagne, M. Trump avait promis de «déchirer» ce texte - fruit d'années de négociations - visant à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. Menaçant de passer à l'acte 15 mois après son arrivée au pourvoir, il a donné à ses signataires européens (France, Royaume-Uni et Allemagne) jusqu'au 12 mai pour le durcir.
L'objectif de la communauté internationale est «d'éviter une escalade et une prolifération nucléaire dans la région», a de son côté souligné M. Macron. «La question est de savoir quel est le meilleur chemin», a-t-il ajouté, tout en prudence.
Ces derniers jours, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni ont plaidé pour le maintien de l'accord, des appuis de poids pour Emmanuel Macron, qui a répété dimanche qu'il n'y avait pas «de plan B» pour empêcher l'Iran de fabriquer la bombe.
«Un grand président pour la France»
Cette note discordante marque l'entrée dans des discussions difficiles entre les deux dirigeants, qui ont multiplié les signes d'amitié depuis l'arrivée de M. Macron lundi à Washington.
Premier dirigeant étranger à effectuer une visite d'État aux États-Unis sous la présidence Trump, Emmanuel Macron a tout fait pour nouer une relation étroite avec un homologue dont la vision du monde est pourtant, à de nombreux égards, diamétralement opposée à la sienne.
«Ce sera un grand président pour la France, c'est ce que je prédis», a lancé M. Trump avant de pénétrer dans le Bureau ovale, jugeant qu'il faisait «un excellent travail».
Lundi, au cours de leur dîner privé, les deux hommes avaient parlé de la situation économique américaine, «des sondages du président Trump et de la préparation des élections des mid terms» au mois de novembre, a indiqué l'Élysée. Autres points abordés, la régulation de l'internet et la lutte contre la radicalisation ainsi que la lutte contre le terrorisme.
Mais ils ont aussi évoqué des points de friction comme les taxes douanières que Donald Trump veut imposer à ses partenaires sur l'acier et l'aluminium.
En présence de son homologue français, le président américain a ouvertement regretté d'avoir l'Union européenne comme interlocuteur sur les questions économiques.
«La question des échanges avec la France est compliquée parce qu'il y a l'Union européenne. Je préférerais négocier seulement avec la France», a-t-il lancé.
«L'Union est très dure avec nous. Ils ont des barrières douanières qui sont inacceptables», a-t-il ajouté.
Hommage au colonel Beltrame
Le président américain a aussi rendu hommage au colonel Arnaud Beltrame, le gendarme français qui a donné sa vie pour sauver une otage lors d'un attentat djihadiste en France le mois dernier.
«Il y a à peine quelques semaines, nous avons ajouté un nouveau nom à cette liste de nos grands héros, [celui d]'un courageux policier français nommé Arnaud Beltrame. Il a regardé le mal en face et n'a pas cillé. Il a donné sa vie pour ses voisins, pour son pays et pour la civilisation elle-même», a déclaré M. Trump aux côtés de son homologue français à la Maison-Blanche.
M. Macron est en outre venu de France avec une bouture de chêne du nord de la France qui a été plantée lundi à la Maison-Blanche, l'occasion d'une séquence photo montrant les deux présidents chacun une pelle à la main sous l'oeil de leurs épouses Melania Trump et Brigitte Macron.
La journée de mardi sera diplomatiquement chargée: après les entretiens à la Maison-Blanche et une conférence de presse commune, le Français ira déjeuner avec le vice-président Mike Pence et John Sullivan, le patron par intérim de la diplomatie américaine, puis assistera à une cérémonie au cimetière militaire d'Arlington.
Le soir un fastueux dîner d'État en l'honneur des Macron réunira de nombreux invités à la Maison-Blanche, décorée pour l'occasion d'une forêt de branches de cerisier en fleur. Le menu gastronomique, la somptueuse vaisselle, tout a été largement médiatisé.
Cette deuxième journée de la visite présidentielle française a donné lieu à une étrange scène lorsque que Donald Trump a entrepris, face aux journalistes présents dans le Bureau ovale, de... balayer des pellicules du costume de son invité.