La crise qui frappe l'organisme Droits et Démocratie est bien peu de choses à côté du drame qui se vit en Haïti. Néanmoins, il faut en parler car des principes importants sont en cause, d'autant plus que le caractère essentiel de cet organisme est mis en lumière par la tragédie haïtienne. Droits et Démocratie est présent dans ce pays depuis le mois de juin pour oeuvrer au renforcement de la gouvernance démocratique et à la promotion des droits de la personne. Deux de ses sept employés manquaient à l'appel hier.
Créé par le gouvernement Mulroney en 1988, Droits et Démocratie est un organisme indépendant qui détermine lui-même ses priorités d'action. C'est un des beaux legs de Brian Mulroney qui, en matière de droits, était plus libéral que conservateur, ce que n'est pas l'actuel premier ministre Stephen Harper qui, en ces matières, est tout simplement ultraconservateur.
Le gouvernement Harper, qui n'aime pas la façon dont cet organisme intervient dans certains pays quant au soutien des droits de la personne, a entrepris d'en prendre le contrôle. Ce qu'il ne peut faire directement, il l'a fait indirectement en nommant au conseil d'administration des membres qui lui sont idéologiquement acquis. Devenus majoritaires, ceux-ci ont voulu forcer une remise en cause de certaines orientations et certains programmes de Droits et Démocratie, notamment au Moyen-Orient et plus particulièrement en Palestine. Le président, Rémy Beauregard, a résisté à toutes les pressions. Une rencontre du conseil la semaine dernière a été particulièrement difficile.
M. Beauregard est décédé d'une crise cardiaque peu après.
Les quatre anciens présidents de Droits et Démocratie et l'opposition libérale aux Communes demandent une enquête approfondie sur les circonstances ayant entouré sa mort. Ils ont raison. De trop nombreuses questions sont sans réponse, notamment au sujet des allégations de harcèlement psychologique de la part de membres du conseil soulevées par les employés. Si tel est le cas, cela serait tout à fait condamnable. Il faut à ce moment-ci suspendre l'autorité du conseil pour éviter que la majorité conservatrice au conseil ne profite des circonstances présentes pour réaliser une prise de contrôle de l'organisme.
Droits et Démocratie est respecté internationalement pour son action qui a toujours été dans le droit fil de la tradition canadienne de défense des droits de la personne. La qualité de son travail a été confirmée dans le cadre d'une évaluation effectuée en 2008 par le ministère des Affaires étrangères. Son tort est d'avoir exercé des choix en toute indépendance, comme l'autorise la loi qui l'a créé, et d'avoir par là heurté certaines sensibilités politiques du gouvernement. Mais on sait que les organismes paragouvernementaux fédéraux qui manifestent trop d'indépendance ne sont pas appréciés par le gouvernement Harper, pour employer un euphémisme. Droits et Démocratie n'est pas le premier à subir un tel traitement.
Droits et Démocratie
Ingérence conservatrice
Les quatre anciens présidents de Droits et Démocratie et l’opposition libérale aux Communes demandent une enquête approfondie sur les circonstances ayant entouré sa mort.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé