Cela fait trois siècles que l’Écosse vit en union avec le Royaume-Uni. Et les derniers combats pour l’indépendance furent davantage conduits par les Highlanders que par les bourgeois d’Édimbourg et de Glasgow. Durant ces 300 ans, ce sont les régiments écossais qui ont souvent été au premier rang des guerres de l’Empire britannique. « Rule, Britannia! » fut largement le fait des Écossais.
Alors, comment se fait-il que l’Écosse soit aux portes de l’indépendance ou d’une dévolution de pouvoirs si large qu’elle y ressemblera ?
Ce n’est pas seulement le souvenir de Wallace qui explique cela. Ni sa brillante réincarnation cinématographique (Braveheart) par Sean Connery.
En fait, le libéralisme tchatchérien – libéralisme bien peu national – a tué la communauté d’appartenance du Royaume-Uni. Que reste-t-il à vivre ensemble ? Une politique étrangère alignée sur Washington ? Une politique économique au service de la City de Londres ? Et partout l’omniprésence des petits calculs marchands.
À propos de l’Union européenne, Thatcher disait : « I want my money back. » C’est un peu devenu le discours des Écossais depuis qu’ils exploitent le pétrole de la mer du Nord.
Alors, au sein d’îles britanniques mondialisées les attraits de l’indépendance écossaise se conjuguent :
- Écossais fidèles à la mémoire de leur terre et à leur passé glorieux ;
- froids calculateurs qui ne voient plus d’intérêt économique à être rattachés à Londres ;
- et si l’on en croit certains articles complaisants (et bien-pensants !), « nouveaux Écossais » issus de l’immigration, attachés aux subsides de l’État-providence qu’Alex Salmond s’est engagé à préserver.
Reconnaissons aussi qu’en Europe les pays qui se portent le mieux en termes d’identité, d’éducation, de vitalité économique sont les petits pays : Suisse, Danemark, Norvège, Finlande.
On comprend donc bien que les Écossais puissent avoir envie de rejoindre ces dragons nordiques. Leur exemple vide d’ailleurs de toute crédibilité le discours de peur tenu par les partisans du « no », du non à l’indépendance : prétendre, comme le font banquiers et journalistes, que l’Écosse ne serait pas « viable économiquement » relève de la pure désinformation. Mais il n’est pas surprenant de retrouver à Édimbourg l’éternelle coalition des conformismes idéologiques, politiques, économiques et médiatiques. La superclasse mondiale utilise là-bas les mêmes sales méthodes que les Français ont connues lors des votes sur Maastricht et la Constitution européenne.
Il y aura sûrement à boire et à manger dans une éventuelle indépendance de l’Écosse, mais mieux vaut la mémoire de Braveheart que les calculs de Thatcher et de Cameron.
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