Incurie aux libérations conditionnelles?

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« Une sortie de prison qui survient avant même que l’individu ait accès à une libération conditionnelle. »


Le ministre fédéral de la Sécurité publique a demandé une enquête sur le processus qui a mis en semi-liberté Eustachio Gallese. Est-ce suffisant ? Cet homme, dont les antécédents de violence étaient documentés, est maintenant accusé du meurtre de Marylène Lévesque, une jeune femme de 22 ans.


Plus on fouille dans les détails entourant la semi-liberté de Gallese, plus on est appelé à se questionner sur tout le processus des libérations conditionnelles au Canada. Ce système ne semble pas administré à la hauteur des responsabilités qui lui incombent.


La Commission des libérations conditionnelles est un organisme au fonctionnement moyennement transparent et mille fois moins scruté par les médias que les tribunaux. Pourtant, dans les dossiers de meurtres ou d’autres crimes hautement violents, la peine de prison se termine par l’expression : « sans possibilité de libération conditionnelle avant x années ».


Énorme responsabilité


En somme, le juge impose une sentence théorique, mais dans la pratique, c’est le rôle de cette commission d’orchestrer la sortie de prison du détenu. À cette étape, le juge qui avait rendu la sentence initiale n’est plus dans le décor. De mauvaises décisions de la Commission peuvent même dénaturer dans la pratique un jugement qui était initialement valable.


Dans le cas de Gallese, le public découvre une nouvelle notion : la semi-liberté. Une sortie de prison qui survient avant même que l’individu ait accès à une libération conditionnelle. Il est censé à cette étape être hautement supervisé, devoir rapporter ses déplacements et ses fréquentations. Ces suivis doivent être assez laxistes pour que Gallese se retrouve tard en soirée dans un hôtel avec une travailleuse du sexe...


Et puis il y a cette notion de « risque modéré » que l’individu se livre à nouveau à un crime violent. Qu’est-ce que le risque modéré lorsqu’on joue potentiellement avec la vie des autres ? Il me semble que lorsqu’on choisit d’inscrire « risque modéré » sur le rapport, plutôt que risque faible ou très faible, c’est qu’on se pose des questions sur la dangerosité de l’individu.


Une Commission junior ?


Après s’être étonné de la gestion du dossier, on en arrive à se questionner sur le fonctionnement même de la Commission. Au moment où le dossier Gallese passe à l’analyse en mars 2019, les membres de la Commission canadienne des libérations conditionnelles, dans leur quasi-totalité, sont des nouveaux.


Le gouvernement Trudeau a mis fin au processus de renouvellement des mandats des gens expérimentés. À l’exception de deux personnes, tous les officiers québécois de l’organisme étaient de nouveaux visages à compter du printemps 2018. Exit les gens d’expérience, tout le mandat confié à des recrues !


Selon des témoignages, un groupe de commissaires avait averti la direction des dangers de vider la Commission de son expertise. Cela paraît logique dans le cas d’un organisme qui joue directement avec la sécurité du public.


Il ne faut pas seulement une enquête sur le cas Gallese. Il en faut une sur tout le fonctionnement des libérations conditionnelles.





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