Alors qu’il est objectivement coincé dans une situation politique désavantageuse, le PQ vient de rappeler qu’il peut contribuer au débat public, en ramenant sur la place publique la question de l’abolition du cours d’éthique et culture religieuse (ECR).
Pascal Bérubé invite ainsi le gouvernement à être cohérent dans sa quête de laïcité. Il a tout à fait raison alors que le gouvernement caquiste a annoncé en décembre dernier qu’il ne s’aventurerait pas sur ce terrain.
PQ
Encore doit-on avoir une bonne idée de ce que représente ce cours pour savoir pourquoi il est nécessaire de l’abolir.
Officiellement, pour ceux qui suivent les choses de loin sans trop s’intéresser aux détails, l’ECR est un cours censé renseigner les élèves qui y passent sur les grandes religions du monde. Si c’est vrai, pourquoi s’y opposer ?
Sauf que c’est faux. Et en plus d’être mensonger, c’est cynique.
L’ECR, dans les faits, instrumentalise la culture religieuse pour faire la promotion active du multiculturalisme au nom de la « diversité ». Il entend pousser les jeunes Québécois vers une forme de relativisme extrême, où ils devront accepter tous les symboles religieux et identitaires, et au premier rang, le voile islamique, du simple hidjab jusqu’au niqab. En fait, ils doivent embrasser tous les symboles qui contredisent leur culture sans mettre en valeur les leurs.
Si on me permet la formule, on dira même qu’il s’agit d’un relativisme fanatique. Fanatique, car il se montrera impitoyable envers ceux qui ne s’y soumettent pas.
Derrière cela, il y a un programme antidémocratique. Les concepteurs de l’ECR l’ont souvent dit : leur cours vise à modifier la mentalité québécoise. Ils constatent une chose : les Québécois, et plus particulièrement, les Québécois francophones, s’opposent aux accommodements raisonnables et au multiculturalisme. On a beau tout faire pour les amener à s’y rallier, ils résistent. Ils n’acceptent pas de devenir des étrangers chez eux.
Alors les concepteurs du cours, qui sont des idéologues aussi militants que bornés, ont décidé de convertir les enfants à leur doctrine. Un des principaux théoriciens de l’ECR l’avait dit comme tel : après avoir constaté qu’une immense majorité de la population adulte s’opposait au kirpan à l’école, il expliquait qu’une fois passés par l’ECR, les jeunes y seraient favorables.
C’est un détournement de démocratie. L’école, ici, ne sert plus à transmettre un savoir et des connaissances. Elle sert à endoctriner la jeunesse. Elle ne devrait pourtant pas promouvoir une idéologie particulière.
Dans le cadre de l’ECR, d’ailleurs, l’élève est moins évalué à partir de ses connaissances acquises que par sa capacité à se conformer aux attitudes attendues devant le multiculturalisme. On devine que celui qui s’opposera néanmoins aux accommodements raisonnables sera jugé mauvais élève, à la manière d’un cancre idéologique.
Legault
Le gouvernement Legault verse trop souvent dans l’amateurisme, mais globalement, il est sur la bonne voie. Il voit le Québec comme une nation et non comme une province annexée au Canada multiculturaliste. Il devrait aller au bout de son raisonnement et abolir ce cours toxique. Pourquoi les jeunes Québécois apprendraient-ils à l’école à détester leur peuple ?