Il faudra plus

Le Pacte pour l'emploi

D'ici trois ans, Québec et les entreprises consacreront chacun un demi-milliard au perfectionnement de la main-d'oeuvre, à l'intégration au travail des assistés sociaux, des nouveaux arrivants et des personnes handicapées. Mais s'y prend-on de la bonne façon?

Grâce à la conjoncture économique favorable, le Québec frôle le plein emploi. Malgré cela, le nombre d'assistés sociaux augmente: il était de 470 000 en 1999 et il est aujourd'hui de 488 000.
Au moment où le pays s'apprête à vivre un ralentissement économique qui pourrait faire grimper le nombre de chômeurs et d'assistés sociaux, il n'est pas superflu de s'intéresser à la question, comme le propose le Pacte pour l'emploi du ministre Sam Hamad.
Parmi les mesures annoncées, la plus spectaculaire est précisément celle qui fait écho à la promesse électorale de l'ADQ de remettre les assistés sociaux au travail. Le hic, c'est que la façon libérale de s'y prendre est empruntée à des rapports et des expériences bien intentionnés, mais qui n'ont jamais prouvé leur efficacité.
Ainsi, le Pacte pour l'emploi veut offrir un accompagnement personnalisé aux nouveaux prestataires et à ceux qui font de fréquents allers-retours à l'aide sociale, pour les inciter à accepter un emploi stable en échange d'une prime ajoutée à leur salaire pendant une année. Cela ferait passer le revenu d'un célibataire qui accepterait un emploi au salaire minimum de 7317 $ (sa prestation sociale de base actuelle) à 17 263 $ (son nouveau salaire et sa prime).
La mesure est intéressante, certes, mais la question revient, lancinante: pourquoi le nombre global d'assistés sociaux ne diminue-t-il jamais là où de tels programmes sont mis en place, dont ici même, au Québec?
Pourquoi, sinon parce que, pour qui n'a aucune formation, les avantages en terme de temps et d'argent sont plus élevés à l'aide sociale (et au noir) que dans un travail rémunéré au bas de l'échelle. Même à 10 $ de l'heure, cela ne suffirait pas. De le dire n'est pas correct politiquement, mais les faits le prouvent obstinément. D'ailleurs, si le Pacte pour l'emploi a obtenu l'aval des centrales syndicales (un rêve pour M. Charest!), c'est précisément parce qu'il s'agit d'un programme volontaire.
Tant qu'un élément de contrainte ne sera pas greffé aux programmes d'aide sociale, ne serait-ce que l'obligation pour les moins de 25 ans d'apprendre un métier ou de chercher très activement du travail, le nombre d'assistés sociaux ne diminuera jamais. Et au moindre signe de ralentissement économique, il se remettra à grimper pour ne plus redescendre.
Cela dit, il en va différemment des volets du Pacte pour l'emploi qui se proposent de soutenir la clientèle immigrante et les personnes handicapées à la recherche d'un emploi. En général, ces gens veulent travailler: ce sont les entreprises qui ne veulent pas d'eux, et à qui il faut tordre un peu le bras en plus de leur offrir des crédits d'impôt.
Mais le volet le plus intéressant du Pacte est celui qui porte sur la formation de la main-d'oeuvre. D'ailleurs, la majeure partie du milliard qui sera dépensé d'ici trois ans sera consacrée à cette tâche, et la moitié proviendra des entreprises concernées.
D'ici quelques années, le Québec aura besoin de 700 000 nouveaux employés formés pour pourvoir aux postes libérés par les départs à la retraite des baby-boomers. Le Pacte pour l'emploi est un début, et il mérite d'être souligné. Mais ce n'est qu'un début.
j-rsansfacon@ledevoir.com


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