De façon périodique, des gens relancent l'idée de privatiser Hydro-Québec. Cette semaine, c'était au tour de deux personnalités invitées par l'Institut économique de Montréal de plaider en faveur de la privatisation totale ou partielle.
D'un côté, l'ancien président de la Standard Life, Claude Garcia, avance que la vente d'Hydro-Québec permettrait d'effacer la dette du Québec en totalité. Évidemment, les nouveaux propriétaires exigeraient des hausses importantes de tarifs destinées à rejoindre le prix du marché nord-américain, mais parce qu'on ne paierait plus d'intérêts sur la dette, on pourrait réduire les impôts de 33 %.
De son côté, l'économiste Marcel Boyer ne souhaite pas la privatisation complète puisque, en contrepartie de l'élimination de la dette, il faudrait se départir de l'actif, ce qui ne créerait aucune valeur nouvelle pour les Québécois.
Comme d'autres avant lui, Marcel Boyer croit qu'une vente partielle des actifs d'Hydro-Québec -- 25 % par exemple -- aurait pour conséquence «de retirer aux gouvernements le droit de puiser dans la caisse commune et patrimoniale des Québécois et de dilapider leurs ressources énergétiques».
Lui aussi défend le principe d'une hausse importante de tarif, et il ajoute que les revenus de la vente d'actions devraient servir à financer les investissements futurs en énergie.
Voilà des points très différents. Il est certain que les Québécois n'accepteront jamais de retourner à l'époque où la production de l'électricité était contrôlée par le privé. Trop d'enjeux sont en cause: développement régional, échéanciers de projets, choix des filières prioritaires... et de toute façon, les Québécois souhaitent conserver le contrôle sur cette ressource fantastique. D'ailleurs, ce n'est pas le comportement de l'industrie pétrolière qui les convaincra du contraire!
En revanche, l'idée de vendre une fraction minoritaire de la valeur d'Hydro à des dizaines de milliers de ménages québécois mérite d'être revue. Revue parce que ce n'est pas la première fois que cette idée est soumise, mais elle n'a jamais été étudiée sérieusement.
Un quart de la valeur, c'est autant qui irait à la réduction de la dette ou à autre chose, sans perte de contrôle étatique. De plus, il est probable que la présence au conseil d'actionnaires privés modifierait la dynamique dans le sens de la transparence et d'une plus grande productivité. Quant aux tarifs, puisqu'il s'agit d'un monopole, il reviendrait à la Régie de les fixer en fonction des coûts et d'un objectif de rendement raisonnable, comme c'était le cas pour Bell Canada du temps du monopole.
En revanche, une société de propriété mixte devrait peut-être payer des impôts à Ottawa et on peut douter du comportement de l'action en Bourse étant donné le contrôle majoritaire de l'État.
Lors de la campagne électorale de 2003, le premier ministre Bernard Landry avait lancé l'idée de céder 10 % de l'actionnariat d'Hydro à ses employés. Pourquoi les employés et non tous les citoyens désireux de s'impliquer? avions-nous demandé. La question est restée sans réponse... comme l'idée de M. Landry.
j-rsansfacon@ledevoir.com
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé