Heurtel : ministre du burlesque

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La tragi-comédie de notre servilité collective





Il fallait voir David Heurtel jouer son rôle de composition en point de presse pour annoncer la requête en injonction à l’égard de TransCanada Corporation Home afin d’exiger que la compagnie se conforme aux lois québécoises. Les gants blancs jusqu’au coude afin de se défendre d’un quelconque affront aux provinces de l’Ouest, le ministre dépose un recours d’apparence pour ne pas être en reste avec le groupe d’environnementalistes qui l’a précédé dans cette voie.


En fait, la requête du gouvernement québécois va moins loin, car elle ne paralysera pas les travaux du BAPE en attendant que l’entreprise dépose tous les documents utiles et ses études d’impact. De son côté, le Centre québécois de l’environnement, qui a déposé la requête au nom d’Équiterre, de la coalition Coule pas chez nous et de Nature Québec, demande plutôt la suspension des travaux tant et aussi longtemps que TransCanada ne se sera pas plié aux exigences des lois québécoises.


Tout en étant convaincu du point de vue de la collègue Josée Legault, quant à l’inclinaison favorable du gouvernement Couillard pour ce projet, le ministre n’avait pas le choix de nous jouer cette loufoque comédie. Il devait redonner la main à son gouvernement et reprendre l’apparence du leadership devant les tribunaux afin de contenir les débordements tous azimuts. Il y a fort à parier que les tribunaux pencheront pour l’approche gouvernementale.


Il s’avère que le chef de la CAQ et quelques premiers ministres de l’Ouest n’ont pas deviné le subterfuge d’apaisement et de reprise de contrôle de la situation. La comédie du ministre était peut-être trop subtile ou la hargne du Québec trop forte à l’Ouest pour que ces protagonistes attendent patiemment la prochaine scène. Il faut tout de même accorder une mention au maire Denis Coderre qui a bien suivi le jeu. Après tout, ne joue-t-il pas dans la même pièce?


L’opposition québécoise était divisée quant à ce recours.


La CAQ déplorant le recours et affichant nettement son ouverture au projet d’oléoduc Énergie Est, elle invite le gouvernement à poursuivre un dialogue constructif avec TransCanada. Monsieur Legault, en bon nationaliste soumis, espère une négociation qui apportera des retombées importantes pour le Québec. Quant à moi, il se berne d’illusions et ne retient rien de la leçon servie dans le dossier Bombardier.


Le PQ appuie la démarche gouvernementale en insistant sur le respect des juridictions québécoises. Le processus lui donne du temps pour ajuster le discours entre le chef et le parti. Comme les carottes seraient cuites et que l’oléoduc passera par le Québec, selon Josée Legault, le parti n’aurait pas à en porter l’odieux s’il maintient sa posture actuelle.


Pour QS, j’anticipe son indignation le jour où le premier ministre se dira d’accord avec le projet Énergie Est et ses amers regrets pour l’accolade  servie dans le dossier Anticosti.


Nous sommes rendus bien loin du « Maître chez nous » de Jean Lesage alors que nous cédons à répétition notre souveraineté sur le territoire contre le plat de lentilles de la péréquation qui n’en finit plus d’empoisonner nos existences.


La péréquation n’est plus un processus de solidarité, elle est devenue un instrument d’asservissement.




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