Vraisemblablement peu de résidents de la Capitale nationale vont se taper la lecture des 441 pages du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) intitulé «Projet de construction d’un tramway à Québec», publié en novembre 2020. C’est dommage, parce que de tels documents sont une mine d’information utile à toute réflexion sur un sujet particulièrement complexe et chaud politiquement.
Voici in extenso la position finale des commissaires du BAPE.
«En conclusion, la commission considère que l’initiateur devrait procéder à une nouvelle analyse des options au projet permettant, le cas échéant, de développer un projet qui réponde davantage aux défis de mobilité sur le territoire, dans une perspective régionale. Elle recommande donc que le projet ne soit pas autorisé en l’état. La commission est toutefois convaincue que la Communauté métropolitaine de Québec doit se doter d’un réseau performant de transport collectif qui soit structurant à l’échelle du territoire et, en ce sens, elle convie le gouvernement du Québec à confirmer son soutien à un tel réseau et à maintenir son engagement financier tout en précisant ses intentions quant au projet du 3è lien.»
Les raisons qui mènent les commissaires à cette conclusion sont nombreuses et très bien explicitées dans le document. En voici quelques-unes.
«Néanmoins, la commission conclut de ses analyses que le projet de tramway en tant que tel n’améliorerait pas significativement la mobilité des personnes dans les banlieues, qui connaissent la plus forte croissance…»
«Il reste que le transfert modal de l’automobile vers le transport collectif espéré à la suite de l’implantation du tramway apparait modeste en regard des investissements prévus de 3,3 G$. Plus de la moitié de ce budget est affecté à la réfection de la voirie, nécessaire à l’installation du tramway le long du tracé, et à la construction d’un tunnel dans le secteur de la colline parlementaire.»
Au final, en un mot comme en cent, le projet n’est pas mûr. Que dire de plus ? Au lieu de tout mêler, congestion, pollution, environnement et urbanisme, il serait utile de revenir à la problématique de base qui est principalement l’interconnexion rive nord et rive sud, ainsi que l’établissement d’une liaison fiable, rapide et confortable de l’aéroport Jean Lesage au centre-ville. La desserte des banlieues éloignées trouvera éventuellement son chemin dans une phase ultérieure.
Pour l’heure, pendant que les bus, métrobus compris, se promènent dans la ville de Québec, vides ou presque vides même aux heures de pointe, un effet, durable ou circonstanciel de la pandémie (?), la petite reine des routes, l’automobile, conserve ses droits de cité. Elle protège de la contagion et permet la liaison maison boulot sans rabattement ni correspondance, donc sans se faire geler les pieds dans la gadoue. C’est inestimable. D’ailleurs, on ne se paie pas un véhicule pour le laisser rouiller dans sa cour arrière.
La ville de Québec est tributaire des décisions autoroutières prises au cours des décennies précédentes. Cependant, avec 3,3 milliards $ disponibles, elle pourrait électrifier totalement ses bus, les faire rouler sur des voies dédiées et améliorer son parc avec des véhicules plus attrayants et confortables.
Les oppositions ont beau jeu de s’indigner les yeux exorbités, la bave aux lèvres en faisant le procès du gouvernement. C’est leur rôle de s’indigner, ou de grimper dans les rideaux en postillonnant à qui mieux mieux. Mais calmez-vous nom de dieu! C’est de notre argent dont il s’agit et les sommes colossales en jeu méritent un supplément de réflexion. Non, la réflexion n’est pas terminée; elle peut se poursuivre et sereinement, s’il-vous-plaît.
Yvonnick Roy
Québec
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