Ici et là, nous entendons parler de ces vieilles bâtisses françaises que les mairies ont « sur les bras » et dont elles souhaitent, plus que tout, se débarrasser. L’argument principal invoqué est, bien évidemment, les coûts d’entretien élevés. Il s’agit de ces demeures qui, pourtant, font l’objet d’une fiscalité scandaleuse par les mairies qui profitent bien des impôts locaux quand ces bâtisses appartiennent à des particuliers…
Le dernier exemple en date, c’est le château de Lagny-le-Sec dans l’Oise, datant du XIXe siècle, menacé de destruction car sa « réhabilitation s’élève à un million d’euros », selon le maire Didier Doucet. En somme, c’est trop cher pour la commune ! À la place, il veut réhabiliter le parc en détruisant le château (en partie, il n’est pas un sauvage !) afin d’y installer… un parcours de santé !
Je ne suis ni architecte, ni jardinier pour deux sous, mais il me semble que l’intérêt d’un parc se trouve largement amoindri à partir du moment où l’on enlève le château qui va avec. Et vice versa, l’un et l’autre se bonifiant mutuellement et donnant tout son caractère à ce genre d’anciennes demeures. « Ça va faire un vide… » commente le maire. Comme l’absence du diamant qui sertit une bague qui, d’un coup, devient beaucoup moins jolie et beaucoup plus quelconque.
La commune a racheté le château en 1995 avec 9 hectares de terrain sur lesquels les bâtiments présents, en plus du château, sont utilisés pour de l’accueil périscolaire et des cantines, des locaux pour des associations et une grande salle des fêtes de 200 m2. Sexy !
Avec le parcours de santé, il ne manque plus que la maison de retraite ou le complexe sportif. Pourquoi pas un terrain de football ? « Notre objectif est de redonner de l’éclat au parc du château », reprend le maire. Comment ne pas s’indigner face à la destruction de ce qui constitue un patrimoine culturel, architectural et majestueux de l’histoire française ?
Cette affaire est révélatrice de l’esprit consumériste de notre temps : les « vieilleries » doivent disparaître pour laisser place aux bâtiments modernes et optimisés. Fidèles à l’idéologie de l’optimisation, on prend plus en compte les économies que l’on peut faire que l’attachement sentimental au bâtiment que l’on achète (ou que l’on restaure, en l’espèce). Le parcours de santé vient remplacer le château comme le jogging a remplacé la messe ! La modernité vient au chevet de la tradition et lui vole sa place !
Une manière simple de conserver le château serait de réduire les taxes monstrueuses qui touchent les grands hôtels particuliers, châteaux et autres manoirs à la campagne pour encourager les particuliers à l’achat. Mais, au nom d’une vieille idéologie révolutionnaire, avec un soupçon de modernisme ultralibéral, on préfère détruire le passé pour construire l’avenir : ainsi passe la gloire de la France !
Pétition pour éviter la destruction du Château de Lagny-le-Sec : ici.
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