par Bellavance, Joël-Denis
Ottawa - La ministre fédérale du Patrimoine, Bev Oda, demande au président du conseil d'administration de Radio-Canada, Guy Fournier, de présenter des excuses en bonne et due forme à la communauté libanaise, à la suite des propos controversés qu'il a tenus à son endroit dans la livraison du populaire magazine 7 jours de la semaine dernière.
De retour au pays hier soir après avoir séjourné en Europe, la ministre cachait mal sa colère après avoir pris connaissance des "commentaires faux" de M. Fournier au sujet de la sexualité au Liban. Mme Oda a toutefois refusé de dire si elle compte mettre M. Fournier à la porte s'il n'obtempère pas à sa requête.
Dans le magazine en question, M. Fournier a écrit ceci: "Au Liban, la loi permet aux hommes d'avoir des relations sexuelles avec des animaux à condition qu'il s'agisse de femelles! Faire la même chose avec des bêtes mâles peut entraîner la peine de mort."
Ces propos ont évidemment soulevé l'ire des membres de la communauté libanaise, qui réclament une rétractation. Certains membres comptent même envoyer une mise en demeure à TVA publications, le propriétaire de 7 jours, le magazine le plus lu au Québec. Les fonctionnaires du gouvernement canadien ont vérifié les propos de M. Fournier et ont rapidement constaté qu'une telle loi n'existait pas au Liban.
"Il n'y a pas de telle loi. Cela veut dire que M. Fournier a écrit des faussetés dans le magazine en question. Évidemment, de telles faussetés ne servent pas l'intérêt de la population. Ceux qui oeuvrent dans les médias ont la responsabilité de faire preuve de rigueur. Cela est d'autant plus vrai dans le cas de M. Fournier compte tenu de ses responsabilités et de son rôle dans le monde des communications", a déclaré Mme Oda à La Presse hier soir.
"Ces propos ont un impact important sur la communauté libanaise. M. Fournier doit reconnaître qu'on s'attend à plus de lui. Et il doit s'excuser pour avoir écrit des propos qui sont faux", a ajouté la ministre.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est allé plus loin que Mme Oda en demandant à Guy Fournier de remettre sa démission. M. Duceppe a fait valoir que l'auteur et chroniqueur n'en n'était pas à ses premiers écarts.
"M. Fournier a dépassé les bornes. Cela fait quelques commentaires peu judicieux qu'il fait. Je pense que dans l'intérêt de la Société Radio-Canada et dans le sien propre, il devrait quitter son poste", a affirmé M. Duceppe, à l'issue d'une réunion de son caucus visant à préparer la rentrée parlementaire de la semaine prochaine.
Dans une entrevue accordée à La Presse, mardi, M. Fournier a dit qu'il ne comprenait pas que sa chronique ait pu insulter des gens. Il avait toutefois ajouté qu'il n'avait pas vérifié l'information qu'un ami lui avait transmise.
Ce n'est pas la première fois que les propos de Guy Fournier provoquent la controverse. Le 9 mai dernier, il avait déclaré à la chaîne anglaise de la radio de Radio-Canada que la SRC avait nui à la cause de l'unité nationale en manquant parfois d'objectivité dans l'information diffusée. Quelque temps plus tard, il accordait une entrevue à une radio communautaire de Toronto sur le plaisir de déféquer. M. Fournier est président du conseil d'administration de Radio-Canada depuis l'automne dernier. Il a été nommé par l'ancien gouvernement libéral de Paul Martin.
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