Avant toute chose, j’aimerais faire quelques précisions, histoire d’éviter d’être mal compris.
La première : je ne conteste évidemment pas les changements climatiques, non plus que leur gravité. La deuxième : je ne conteste pas non plus qu’ils soient dus pour l’essentiel à l’activité humaine et qu’il sera nécessaire pour nos sociétés de faire de grands changements pour lutter contre eux et limiter les dégâts. La troisième : il est évident que notre modèle de développement économique et civilisationnel est intenable et rend la planète inhabitable.
Une fois cela dit, il devrait être possible d’aborder la question environnementale sans basculer dans les hallucinations apocalyptiques à la Greta Thunberg.
Apocalypse
Comme tout le monde, j’ai regardé son discours à l’ONU, lundi. Je l’ai trouvé effrayant et vengeur. Avec Greta Thunberg, l’écologisme vire au millénarisme. Il se transforme en discours sur la fin des temps, comme il y en a eu tant dans l’histoire humaine. Il en appelle à la croisade des enfants, comme si ces derniers devaient faire table rase d’un monde mauvais.
On nous dira que cela est dû au problème médical de Greta Thunberg, qui la pousse à voir le monde en noir et blanc. C’est juste, et on condamnera toute attaque personnelle contre elle. Mais il devrait y avoir des limites à applaudir une adolescente militante qui accuse le monde entier de l’avoir privée de sa jeunesse et de ses rêves.
Il ne s’agit pas de critiquer le messager pour discréditer le message. Il s’agit de rappeler qu’on ne saurait jamais diviser le monde entre gentils enfants et méchants adultes. Critiquer sévèrement ce discours, ce n’est pas diaboliser Greta Thunberg ou manquer de respect à son endroit. Au contraire, cela consiste à la prendre au sérieux, sans la transformer en porteuse d’une parole quasi divine, censée réveiller nos consciences endormies.
Cela consiste simplement à rappeler que le monde que nous voulons sauver est un monde de libertés, où nul n’est obligé de se prosterner devant une prophétesse de 16 ans, non plus que devant une icône médiatique mondialisée. Critiquer ce discours, c’est rappeler que la démocratie est indissociable d’une forme de respect minimal de l’autre et que même devant la crise la plus angoissante qui soit, il est possible de discuter intelligemment des meilleurs moyens d’en sortir.
Fanatisme
C’est une chose de souhaiter une jeunesse éclairée, engagée, et à sa manière politisée. Appelons ça l’éducation civique qui prépare à la vie démocratique. Mais l’embrigadement totalitaire de la jeunesse en est une autre. Comment ne pas voir qu’elle est aussi victime d’une forme de conditionnement idéologique au nom d’une cause, je le redis, dont je ne conteste pas le caractère vital ?
Critiquer Greta Thunberg et sa manière de défendre sa cause, ce n’est pas faire preuve de gretaphobie. Il faudrait apprendre à se méfier des cultes qui poussent à l’admiration obligatoire. Quoi qu’on en dise, la jeunesse n’est pas celle qui sait, mais celle qui apprend. Et l’histoire nous apprend qu’elle bascule plus facilement qu’elle ne le croit dans le fanatisme.