Grèce/Dette: Christine Lagarde prend l'Europe à contre-pied !

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Du côté des «good guys»

Mais quelle mouche a donc piqué la directrice générale du Fonds monétaire international ? Celle qui défend depuis des mois une ligne dure face à Athènes, demande désormais à l'Europe de revoir sa copie et d'alléger la dette hellène «insoutenable».
Interrogée vendredi 17 juillet par Europe1 sur la viabilité du plan d'aide (entre 82 et 86 milliards d'euros) que les Européens ont promis d'accorder à la Grèce, Christine Lagarde lâche sèchement: «La réponse est catégorique : non !». D'ailleurs sans un allègement de la dette hellène, le FMI pourrait tout simplement refuser de participer au sauvetage de l'économie grecque, assène-t-elle encore.
Christine Lagarde, qui décidément ne s'embarrasse guère de rhétorique diplomatique et autres politesses, tord donc le poignet des Européens, et ce après menacé Athènes du bâton pendant des semaines ! Un virage à 180 degrés qui a néanmoins été rapidement perçu et intégré par Bruxelles. Ainsi, alors que l'accord de lundi ne faisait qu'une vague référence à une restructuration du fardeau athénien sous la forme de possibles «mesures additionnelles», Mario Dhragi, le patron de la banque centrale européenne a affirmé jeudi matin qu'il fallait trouver «un moyen d'alléger la dette grecque, une nécessité indiscutable».
L'oncle Sam vole au secours de Tsipras ?
Quant aux locomotives allemande et française, c'est le chef du Trésor américain, Jack Lew, qui s'est chargé de les convaincre. Ce dernier, en tournée dans le vieux continent mercredi 15 et jeudi 16 juillet, a fait un saut à Berlin et à Paris pour s'entretenir avec ses homologues. Evidemment au menu de leurs discussions: la Grèce et son colossal fardeau de 315 milliards d'euros. Des entrevues plutôt fructueuses puisque Michel Sapin et Wolfgang Schäuble semblent avoir infléchi leurs positions, acceptant désormais officiellement l'idée d'une restructuration. Le chef allemand des Finances a ainsi déclaré:«si le FMI nous dit que le rééchelonnement, la restructuration de la dette grecque est un passage obligé, je crains qu'il ait raison».
Là où cela coince, c'est finalement sur la forme que pourrait prendre cet allègement. Alors que le FMI se dit diposé à effacer purement et simplement une partie de l'ardoise hellène, un tel scénario est pour le moment catégoriquement rejeté par Berlin et Paris. «Ce qui était impossible durant les négociations et qui heurtait tout le monde, y compris moi, c'était de supprimer de la dette», a déclaré Michel Sapin vendredi matin. Aussi, les Européens semblent plutôt s'orienter vers un allongement des échéances (plus de temps pour rembourser) et un allongement du délai de grâce (période durant laquelle aucun remboursement n'est demandé) pour permettre à l'économie grecque de reprendre son souffle.
Reste que le retournement de situation, faisant du FMI le meilleur ami d'Athènes après des mois de confrontation, demeure assez mystérieux. Est-ce la mauvaise image collant au FMI -Alexis Tsipras avait évoqué la «responsabilité criminelle» du fonds- ou l'impopularité du plan de sauvetage imaginé par les Européens qui a poussé Christine Lagarde à changer de bord ? Dans tous les cas, la Française, en quête d'une prochaine réélection tente sûrement, par cette manoeuvre, de clôre cette tragédie grecque en se plaçant du bon côté de l'Histoire: «to be with the good guys» comme disent si bien les Américains.


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