Sur son compte Facebook, le général Didier Tauzin déclare faire partie d’un groupe d’officiers prêts à remplacer Emmanuel Macron. Cité par un représentant des Gilets jaunes pour remplacer Edouard Philippe, le général Pierre de Villiers se défend de vouloir faire de la politique. Mais chante les louanges de l’institution militaire "appréciée, dit-il, par 85 % des Français". C’était le 3 décembre dernier, cinq jours avant le violent acte IV des Gilets jaunes à Paris et en province. Sur l’antenne d’Europe 1, Christophe Chalençon, porte-parole du mouvement, explique qu’il verrait bien le général de Villiers pour remplacer Edouard Philippe. Aujourd’hui, c’est un homme de poigne qu’il faut à la tête du gouvernement », affirme le Gilet jaune. Ce qu’il propose à un nom. Un putsch, idée dont le mouvement semble s’accommoder puisque depuis, Christophe Chalençon continue de le représenter. Frère cadet de Philippe de Villiers, Pierre de Villiers était le chef d’état-major des armées, jusqu’à sa démission le 19 juillet 2017 sur fond de désaccord avec Emmanuel Macron sur le budget de la Défense. Depuis, le haut gradé avait disparu des radars, jusqu’à la sortie de son livre titré « Qu’est ce qu’un chef ? », sa tournée de dédicaces souvent à guichets fermés, et donc, la déclaration inattendue de Christophe Chalençon. L’ex-patron des armées a-t-il vu dans le mouvement des Gilets jaunes une occasion de prendre sa revanche non seulement sur Emmanuel Macron, mais plus globalement sur les responsables politiques qui, depuis le général de Gaulle, n’ont plus jamais trouvé grâce aux yeux de la hiérarchie militaire ? Dans un entretien publié par Le Point ce jeudi, Pierre de Villiers repousse cette hypothèse : « Je suis un soldat et le resterai. Je ne suis pas un homme politique. J’ai du respect pour eux, mais ce n’est pas mon métier. J’ai passé beaucoup de temps avec eux au cours des dix dernières années à leurs côtés, au sommet de l’État. Ce n’est pas ma volonté de les rejoindre », affirme-t-il. À l’en croire, Pierre de Villiers n’est donc pas du quarteron de militaires prêts à tout moment à renverser le pouvoir. Cette information passée globalement inaperçue, c’est le général Didier Tauzin qui la révèle. Sur son compte Facebook personnel, l’officier à la retraite a publié une vidéo le 6 décembre dans laquelle il s’adresse notamment au président de la République : "Faire de la politique, c’est d’abord aimer la France et les Français. […] Nous sommes quelques officiers généraux tout à fait disposés à venir vous apprendre à faire de la politique, ou à vous remplacer si vous voulez partir, ce que vous ferez bientôt". Mais revenons à Pierre de Villiers. Invité le 6 décembre dernier sur le plateau de « C à vous », il évoque son ouvrage dont le titre, « Qu’est ce qu’un chef ? », résonne d’un écho particulier dans le contexte de trouble actuel. Et raconte l’une de ses dernières séances de dédicaces, au Mans. « 1 300 personnes, sont venues, il a fallu ouvrir des salles supplémentaires, c’est donc qu’il y a une attente. Ceux qui viennent me voir sont des gens désespérés qui cherchent à se raccrocher à quelque chose de stable. Et je me retrouve dans cette posture que je n’ai pas cherchée », déclare le général, en chantant les louanges de l’institution qu’il a servie et que, rappelle-t-il, 85 % des Français apprécient… De là à penser qu’ils se satisferaient d’un Premier ministre, voire d’un Président en uniforme, il n’y a qu’un pas qu’a franchi pour sa part son collègue Didier Tauzin. Ce dernier compte au nombre des treize officiers à l’origine d’une pétition contre la signature de la France en faveur du « Pacte de Marrakech ». Une autre preuve de la défiance manifestée par la haute hiérarchie militaire en Charentaises, à l’égard du pouvoir politique… LIONEL LAPARADE "Nous sommes quelques généraux disposés à remplacer Macron"
13 officiers à l’origine d’une pétition contre le pacte de Marrakech