La semaine de Philippe Couillard s'est terminée hier, à Marsoui, comme elle avait commencé, lundi à Québec: en constatant les dégâts d'une tempête.
Je gage qu'entre les deux, le premier ministre a trouvé plus facile de parler de l'ouragan Arthur que de la tempête Bolduc. Plus valorisant aussi.
Il faut donner quelque chose à Philippe Couillard: il est capable de reconnaître qu'il s'est trompé et, ainsi, de corriger le tir, choses que son prédécesseur était incapable de faire.
Après avoir maladroitement qualifié l'«affaire Bolduc» de «bien grosse tempête dans un bien petit verre d'eau», il a précisé qu'il ne choisirait pas les mêmes mots, façon de dire qu'il a compris la grogne populaire devant cette situation.
M. Couillard a aussi appelé tout le monde à faire preuve de retenue et de civilité, une remarque qui visait autant ses propres ministres que leurs détracteurs. Si Gaétan Barrette n'a pas compris le message, va falloir lui faire un dessin, lui qui a tiré sur Claude Castonguay, sur les députés de la CAQ, sur les «opportunistes» de médecins qui ont démissionné de leur poste de directeurs généraux de santé publique et même sur les jeunes médecins qui ne travaillent pas assez! Une semaine chargée. Du coup, on a retrouvé le Dr Barrette qu'on connaissait à la Fédération des médecins spécialistes: intimidant, arrogant, intransigeant et grossier. Si sa réaction à l'«affaire Bolduc» est annonciatrice de son mandat à la Santé, un ministère réputé difficile, ça risque d'être mouvementé, au grand plaisir de l'opposition.
Par ailleurs, l'opposition se frotte les mains en pensant aux prochains affrontements à l'Assemblée nationale. Déjà identifié par les partis de l'opposition comme un des maillons faibles du gouvernement à la période des questions, Yves Bolduc est maintenant marqué au fer rouge des primes salariales. Il s'en sauvera peut-être pour le moment, à la faveur de l'été, mais c'est le genre d'histoire qui colle. Bolduc et primes sont dorénavant associés.
Il faudra aussi voir comment le gouvernement libéral essayera de mettre un terme à cette histoire qu'il a alimentée depuis une semaine, à grand coup de déclarations-chocs et d'explications boiteuses. Combien Yves Bolduc remboursera-t-il? Sous quels critères? Gaétan Barrette reverra-t-il vraiment le régime de primes en vigueur? Le gouvernement prendra-t-il des mesures pour s'assurer que ses députés limitent leurs activités professionnelles externes?
Pour faire bonne mesure et démontrer qu'il a compris l'agacement de plus en plus évident de la population envers les privilégiés du système, Philippe Couillard serait bien avisé de réactiver le projet de l'ex-ministre Bernard Drainville, celui de mettre fin à la pratique de l'allocation de transition (indemnité de départ) versée aux députés qui quittent volontairement leur siège avant la fin de leur mandat.
Un tel geste serait perçu comme un geste d'apaisement au moment où le gouvernement s'apprête à demander aux employés des différents secteurs publics de se serrer la ceinture.
Les derniers jours nous en ont appris un peu plus sur le style Couillard. Après une mauvaise lecture de la situation, il a tenté de calmer le jeu et il a rappelé tout le monde au calme et à la retenue. Pour le moment, ses ministres Bolduc et Barrette sortent plus égratignés que lui, ce qui, dans le fond, fait peut-être bien son affaire. Les libéraux savaient qu'ils couraient un risque en nommant Gaétan Barrette; les événements de la semaine dernière leur donnent maintenant raison.
Autre constatation à la lumière de l'«affaire Bolduc», la CAQ a remporté cette manche de l'opposition devant un Parti québécois plutôt discret. Le choc du dernier scrutin n'est pas encore passé, apparemment.
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