Pour Asselineau, président de l'Union populaire républicaine, nous sommes visiblement en présence d'un mouvement d'indépendance qui est invalidé par au moins deux autres mouvements qui se profilent derrière.
1- La volonté d'indépendance face à l'Espagne, un pays dont la souveraineté est en déclin, se double d'un mouvement pour subordonner directement la Catalogne à l'Union européenne, un fédéralisme qui monte. Pour Asselineau, tout cela est désormais évident. Pour l'illustrer, il revient sur la fuite peu glorieuse de Carles Puigdemont à Bruxelles, pour marquer son allégeance à ce pouvoir plus opaque que celui de Madrid et y quémander quelques soutiens. L'auto détermination ne peut se poser avec honnêteté, soutient Asselineau, que si l'on vide la question de savoir si la Catalogne aura plus de pouvoir à transiger seule face à l'Union européenne ou si elle en aura moins ? Plus à la merci d'un pouvoir devant lequel elle comptera comme entité négligeable ?
2- Une deuxième question serait de savoir, et là Asselineau ajoute au cas catalan les consultations récentes sur l'autonomie de la Lombardie et de la Vénétie (Italie), toutes des régions riches. Il se demande si ces régions ne pas sont pas en train de préparer leur séparation des régions pauvres ? Asselineau condamne cette forme de sécession comme un égoïsme inadmissible et un bris de la solidarité.
En regard des considérations d'Asselineau, force est de se demander si, dans le cas du Québec, l'indépendance à la catalane ne serait pas Montréal se séparant du reste du Québec, plutôt que le Québec se séparant du Canada ? Un Montréal cosmopolite et tourné sur le monde, selon la formule mondialiste en usage, se «libérerait» d'un pouvoir provincial en déclin pour transiger directement avec Ottawa ? On sait que Denis Coderre n'était pas indifférent à l'idée d'une plus grande autonomie de Montréal par rapport au Québec... Il n'est plus maire, mais ce courant pour donner des statuts particuliers quasi étatiques aux grandes villes-régions à des appuis en haut lieu. Pour ce cas, Asselineau ne va pas aussi loin que Jacques Attali, qui promeut l'idée que les nations seront remplacées par les métropoles, mais évoque néanmoins cette question qui est généralement passée sous silence dans ce dossier.
3- Asselineau se demande où s'arrêtera la volonté de démembrement des pays. Il semble relier les hésitations et une relative passivité de Madrid en regard de la Catalogne à l'influence de Bruxelles, qui n'a jamais fait mystère de ses plans en faveur d'une Europe des régions.
En terminant, les Québécois doivent considérer qu'ils ont une base beaucoup plus solide que la Catalogne pour réclamer un changement de statut constitutionnel. Les Canadiens francophones sont les fondateurs du Canada, et toutes les traces restent du fait qu'ils ont été longtemps la majorité au Canada. Les délibérations constitutionnelles qui ont conduit à la Confédération reconnaissaient explicitement l'existence de deux peuples. On ne peut en dire autant de la Catalogne, qui, pour une chose, n'a pas fondé l'Espagne ! Je juge important de rajouter ce dernier paragraphe car les différences entre les deux cas sont de taille. Ce qui n'implique pas que les mêmes embuches s'appliquent au Québec.