Le ministre socialiste français Jack Lang en rêvait, le président Macron l’a fait. C’est officiel, le gouvernement autorise l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles primaires françaises dès le CE1.
Cette matière était déjà accessible au sein des enseignements de langue et de culture d’origine (Elco) effectués en marge des classes habituelles. L’arabe est également enseigné dans les centres culturels islamiques, où il est plébiscité par les familles musulmanes que leur langue maternelle soit l’arabe, le berbère, le peul ou le soninké. C’est une matière identitaire et religieuse.
L’enseignement de l’arabe au primaire, cette « grande avancée » résulte d’un discret décret publié au Journal officiel le 2 mai. Signé par Emmanuel Macron, sous la recommandation du Premier ministre, Édouard Philippe, et du ministre des Affaires étrangères, l’ancien socialiste Jean-Yves Le Drian. Ce texte entérine l’accord passé en mars 2017 entre le gouvernement de la Tunisie et l’ancienne ministre socialiste de la France, Najat Belkacem.
Il vient réinstaurer, mais cette fois dans le cadre des classes habituelles, le programme d’enseignement de langue et de culture d’origine (Elco) qui avait été supprimé en février dernier à Mulhouse. Dans son discours, Emmanuel Macron promettait alors de placer ce programme sous l’égide de l’Éducation nationale. Il semble qu’il s’agissait là d’une promesse de gascon car, en vertu de ce décret, les futurs enseignements seront assurés par des professeurs tunisiens détachés et rémunérés par leur gouvernement d’origine.
Il semble donc qu’on assiste à une resucée du dispositif dont le chef de l’État annonçait la suppression. Ce qui, il y a trois mois encore, constituait un risque d’« ingérences extérieures » est désormais une chance pour la France.
Extraits de l’accord
Article 2
Cet enseignement facultatif est accessible à tous les élèves volontaires, en accord avec leur famille et dans la limite des places disponibles, de la classe de cours élémentaire première année à la classe de cours moyen deuxième année.
Article 3
Cet enseignement est organisé pendant le temps scolaire en complément des enseignements obligatoires prévus pour tous les élèves par les programmes en vigueur, à raison d’une heure et demie (1,5) par semaine.
Article 5
Les résultats obtenus par les élèves dans le cadre de cet enseignement sont pris en compte dans l’appréciation générale de leur travail scolaire et portés à la connaissance des familles.
Article 7
En fonction des besoins, le Gouvernement de la République tunisienne sélectionne et rémunère les enseignants tunisiens titulaires des cadres du ministère tunisien de l’Éducation. Ces enseignants disposent des compétences pédagogiques et linguistiques nécessaires à l’enseignement de l’arabe en France.