Fiers de quoi ?

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La perte du sentiment collectif





En ce jour de fête nationale, permettez-moi de poser cette impertinente question: fiers de quoi au juste?


Individuellement, il y a des tas de Québécois qui peuvent être fiers de ce qu’ils accomplissent.


Ils fondent des entreprises. Ils obtiennent des diplômes. Ils élèvent des familles formidables.


Ils produisent des œuvres qui nous font réfléchir, pleurer, rire.


Bravo.


Mais ce sont des réussites individuelles ou produites par de petites équipes.


À quand remonte la dernière grande victoire collective du peuple québécois?


Moi, moi, moi


Notre système éducatif? Hmm... Notre système de santé? Hmm... Nos routes? Hmm...


La moralité de notre vie publique? Hmm...


L’état de notre langue? Hmm...


Au fait, avez-vous noté que les téléromans québécois diffusés par TV5 dans le reste de la Francophonie sont sous-titrés... en français... pour qu’ils puissent être compris par les Français, les Belges ou les Suisses?


Dans le Québec d’aujourd’hui, pour essayer de démontrer qu’on est bons, le gouvernement évoque que l’économie va bien et que le chômage a baissé, comme s’il y était pour quelque chose.


Pourtant, collectivement, les Québécois n’ont pas perdu leur capacité à se mobiliser et à s’entraider, comme on l’a vu lors des récentes inondations.


Mais ce sont des mobilisations éphémères.


Le problème, c’est que les Québécois ne se représentent plus comme un peuple, mais comme une collection d’individus.


Phénomène planétaire? Oui, mais infiniment plus prononcé ici qu’ailleurs.


On ne se choque même plus que le premier ministre du Québec parle anglais et oublie d’arborer notre drapeau quand il parcourt le monde.


Imaginez le premier ministre du Japon ou de la France parlant en anglais parce que c’est plus pratique.


On ne se scandalise même plus quand un ministre du gouvernement québécois ose dire que le français va bien au Québec et au Canada.


Justin Trudeau traite le premier ministre du Québec comme un domestique. Le Québec devient un gros Nouveau-Brunswick.


Dans l’indifférence générale...


Non, mieux encore, dans une sorte d’atmosphère de jovialisme juvénile, comme si le Québec était un gros «Beach-Club», comme s’il ne fallait ici que rire et s’amuser.


Fuir


Je l’ai souvent écrit: le Québec est sans doute la société au monde qui fait vivre le plus d’humoristes professionnels en proportion de sa taille. Il y a là matière à réflexion.


Derrière cette apparente bonne humeur, il y a aussi la dérobade, le refus de regarder en face ce que nous sommes devenus, de faire un examen de conscience collectif.


Avez-vous remarqué que la question nationale n’a été rangée parmi les affaires «pas importantes» qu’après les deux défaites du oui?


Quand un individu ressent un vide ou un malaise qu’il ne veut ni admettre ni confronter, il se convainc lui-même que cela n’a pas d’importance, ou il peut choisir de se soûler et de s’organiser un gros party pour ne pas y penser.


Cela vaut pour les peuples.




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