Explications entre amis

Québec 2007 - Parti libéral du Québec


Qui aime bien châtie bien, dit-on, mais le ministre des Finances, Michel Audet, ne se doutait peut-être pas à quel point l'Institut économique de Montréal (IEDM) était épris de son gouvernement.

[Il a vraiment été piqué au vif par le bilan lapidaire de ses réalisations que l'IEDM vient de publier, particulièrement en ce qui concerne l'allégement du fardeau fiscal et le rôle de l'État. Il s'agirait au mieux de résultats «modestes et ambigus».->1870]
«Je me serais attendu à une étude sérieuse et chiffrée. On nous présente un papier d'opinion dogmatique dont le manque de sérieux choque», a lancé M. Audet. D'habitude, c'est le PQ qui réserve ce genre de commentaire aux analyses de ce think tank de droite. Cette fois-ci, François Legault a pourtant semblé lui accorder une grande crédibilité.
Il est vrai que la vice-présidente exécutive de l'IEDM qui a signé cette analyse, Tasha Kheiriddin, n'y est pas allée de main morte. Elle qualifie même de «trompeur» le stratagème utilisé dans les documents officiels du gouvernement pour gonfler artificiellement les réductions d'impôt sur le revenu des particuliers. Si M. Legault avait utilisé ce qualificatif à l'Assemblée nationale, le président l'aurait immédiatement sommé de le retirer.
Contrairement à ce que M. Audet prétend, l'IEDM chiffre bel et bien ses affirmations. Au total, il estime que les quatre budgets présentés par le gouvernement Charest depuis le début de son mandat auront cumulativement réduit le fardeau fiscal de 626 millions à la fin de l'année fiscale 2006-07. À cette date, il aurait dû être réduit de trois milliards pour respecter le plan d'action présenté par M. Charest en septembre 2002. Conclusion : le gouvernement a livré seulement le cinquième des baisses d'impôt promises.
Le verdict est presque aussi sévère en ce qui concerne la réduction des dépenses : aux yeux de l'IEDM, le gouvernement Charest a simplement agi un peu moins mal que le PQ. L'IEDM n'a noté aucun ralentissement de la réglementation, comme le plan d'action le promettait également. Elle se serait plutôt alourdie. Visiblement, la «réingénierie» de l'État ne l'a pas davantage impressionné. La présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, semblait aussi irritée que son collègue des Finances. Pourtant, entre amis, on peut se dire les «vraies affaires», non ?

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Certains amis ont vraiment le don de toujours se pointer au plus mauvais moment. De toute évidence, l'IEDM n'a pas compris que le gouvernement qui reniait systématiquement ses engagements appartient désormais au passé. On ne doit plus parler de cette triste époque.
Celui qui l'a remplacé est à l'écoute de la population. Prenons par exemple le dossier de la vente du mont Orford. Pendant des semaines, Claude Béchard est demeuré inébranlable dans sa détermination à vendre une partie du parc malgré une opposition quasi unanime. Avez-vous vu avec quel empressement démocratique il s'est rallié au «consensus» qui s'est dégagé autour de la proposition de la MRC de Memphrémagog ?
En avril dernier, M. Béchard avait attribué à des extraterrestres les coupes de bois sur les terres de la compagnie Greif Containers, qui avaient été mises en réserve pour l'agrandissement du parc. Cette semaine, le ministre de l'Environnement s'est rallié à l'avis général selon lequel les extraterrestres ne s'intéressent pas aux arbres et il a annoncé l'expropriation des terres de Greif.
Devant tant de bonne foi, comment douter encore de sa sincère détermination à protéger ce joyau de notre patrimoine naturel, n'est-ce pas ? Pourtant, la coalition SOS Orford n'y croit toujours pas. Hier, elle a signifié son opposition à la proposition de la MRC de Memphrémagog, qu'elle juge tout aussi inacceptable que celle du promoteur André L'Espérance. Et pour cause. Qu'on vende une partie du parc pour construire 750 unités de logement au lieu de 1000 ne change pas grand-chose.
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Pendant des mois, le PQ a présenté ce saccage comme l'illustration de l'insensibilité du gouvernement Charest à la notion même de bien public. «Le PQ se bat avec vous et posera les gestes qui devront être posés si vous nous faites confiance», avait assuré André Boisclair aux 12 000 personnes descendues dans les rues de Montréal le 22 avril dernier.
Le chef péquiste se voulait menaçant : «Si j'avais un conseil à donner à M. L'Espérance, c'est qu'avant qu'il mette une piastre dans le mont Orford pour construire ses condos, il devrait attendre la date de l'élection.»
En entrevue à La Tribune la semaine dernière, le député péquiste de Johnson, Claude Boucher, était encore plus explicite : «Je prends l'engagement formel, comme organisateur en chef de l'Estrie, à l'effet que la loi 23 va sauter. La vente de terres publiques à l'entreprise privée, c'est non, non et non.»
Le ton a changé radicalement après la publication du rapport Nicolet. Le porte-parole officiel du PQ dans ce dossier, Stéphane Bergeron, ne demande plus que la réalisation d'études de marché avant de lancer un appel d'offres. Autrement dit, pour peu que l'affaire soit rentable, elle deviendrait acceptable aux yeux du PQ.
Le revirement est de taille. Jusqu'à présent, aucune considération économique ne pouvait justifier à ses yeux la vente de la moindre parcelle d'un parc national. «Nous nous opposons à un projet de développement résidentiel dans un parc, c'est contre l'esprit de la loi, c'est contre le principe du développement durable», soutenait M. Boisclair le 26 mars.
Qu'est-ce qui a changé ? Le PQ a-t-il décidé de larguer la coalition SOS Orford parce que le dossier risque de devenir moins rentable d'un point de vue politique ? Une nouvelle explication entre amis s'impose.
mdavid@ledevoir.com


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